Édition du 6 mai 2025

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Une planète trop peupléel Le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique par IAN ANGUS et SIMON BUTLER

Préface de Serge Mongeau

« Les disciples de Malthus font usage de la métaphore du banquet pour défendre leurs idées populationnistes : de leur point de vue, il y a tout simplement trop de convives à la table et si nous voulons qu’il y ait assez de victuailles pour chacun, il convient tout simplement de diminuer le nombre d’« invités ». Pour eux, il est beaucoup plus facile de désigner un bouc-émissaire sur lequel rejeter la responsabilité des problèmes du monde et la surpopulation ne pouvait mieux remplir ce rôle, en cette époque si soumise aux chiffres. Si un individu est responsable de tant de kilos de gaz à effet de serre, dix individus en produiront dix fois plus ; et s’il y a trop de gaz à effet de serre, et bien il n’y a qu’à réduire le nombre d’individus sur Terre et le problème sera réglé ! Comme si tous les individus se comportaient de la même façon...

"Une planète trop peuplée ? est un livre fort bien documenté qui déboulonne de façon remarquable ce mythe de la surpopulation. Il démontre clairement que, même si on cessait dès demain d’avoir des enfants, cela ne diminuerait d’aucune façon le réchauffement climatique. En conséquence, mettre tous nos efforts pour réduire la population n’est qu’un moyen de détourner notre attention des problèmes réels et, surtout, de retarder l’adoption de mesures concrètes pour y remédier. » Serge Mongeau

La population mondiale devrait dépasser les neuf milliards d’individus en 2050, soit trois fois plus qu’en 1950, et certains voient dans cet accroissement démographique l’une des causes principales de la destruction environnementale. Mais y a-t-il véritablement trop de monde sur Terre ? La crise écologique actuelle est-elle effectivement attribuable à une surpopulation ? Que se cache-t-il derrière cette idée malthusienne qui divise le mouvement écologiste depuis le début des années 1960 ?

Dans cet ouvrage extrêmement bien documenté, Ian Angus et Simon Butler déboulonnent de façon magistrale ce mythe populationniste qui a réussi à séduire autant des conservateurs de droite que des écologistes sincères. Chiffres à l’appui, les auteurs renversent cette grave erreur de diagnostic et démontrent avec rigueur et limpidité que les moyens prônés par les populationnistes – à savoir un meilleur contrôle des naissances (principalement dans les pays du Sud) et une réduction substantielle de l’immigration (dans les pays du Nord) – sont de fausses pistes pour protéger l’environnement. Rejeter la responsabilité des changements climatiques et des dégâts environnementaux sur les plus démunis de la planète participe tout simplement d’une écologisation de la haine.

S’inscrivant dans une perspective écosocialiste, Ian Angus et Simon Butler estiment que la cause première des problèmes écologiques actuels n’est donc ni la taille de la population ni l’immigration, mais le système économique et social qui repose sur une croissance perpétuelle et une consommation excessive. En niant cette réalité, les populationnistes masquent les vraies solutions, dédouanent les véritables vandales de l’environnement et font obstacle à la construction de mouvements écologistes forts.

Ian Angus est le rédacteur en chef de Climate and Capitalism, une revue en ligne sur le capitalisme, le changement climatique et l’option écosocialiste. Simon Butler milite pour la juste climatique. Il est codirecteur de rédaction à la revue Green Left Weekly. Il vit à Sydney, en Australie.

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