Édition du 9 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Economie québécoise

Vente de Rona : Québec solidaire veut faire la lumière - « Est-ce que le gouvernement est complice de la vente de Rona » - Amir Khadir

MONTRÉAL, le 11 avril 2016 - Le député de Mercier, Amir Khadir, urge le gouvernement d’accepter sa demande de mandater une commission parlementaire pour faire la lumière sur le rôle des différentes institutions de l’État dans la vente de l’entreprise québécoise Rona à l’américaine Lowe’s. L’ancien chef de la direction de Rona a fait des allégations préoccupantes la semaine dernière qui ne devraient pas laisser indifférente la ministre de l’Économie Dominique Anglade.

« Les déclarations de Robert Dutton, nous laissent croire que les institutions de l’État auraient pu jouer un rôle crucial pour non seulement permettre, mais pour encourager la vente de Rona à l’entreprise américaine Lowe’s. Si c’est le cas, ça serait plus que troublant ! Il faut faire la lumière sur ces allégations avant que le Bureau de la concurrence et Industrie Canada ne donnent leur autorisation à cette transaction », explique le député de Mercier.

Québec solidaire demande qu’une commission parlementaire se penche sur le rôle de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, d’Investissement Québec, de l’Autorité des marchés financiers et du gouvernement libéral pour faciliter la vente de Rona à Lowe’s. La commission serait également chargée d’évaluer la stratégie du gouvernement pour conserver dans la province les sièges sociaux des entreprises québécoises.

Selon M. Dutton, Investissement Québec a vendu, par une drôle de coïncidence, ses actions de Rona au moment même où les discussions avec Lowe’s reprenaient. Le changement de conseil d’administration sans l’appui des actionnaires soulève également des questions. De plus, selon M. Dutton, il aurait été possible de bloquer la transaction pour conserver le contrôle de Rona au Québec.

« Les Québécois ont le droit de comprendre ce qui s’est passé. Y a-t-il eu de l’ingérence politique ? Est-ce que les dirigeants de la Caisse et d’Investissement Québec ont pris des décisions qui nuisent à notre contrôle collectif sur l’économie québécoise. Est-ce que des emplois ont été consciemment mis en péril en facilitant la vente de Rona ? Est-ce que les fournisseurs québécois ont été sacrifié au nom du soi-disant libre marché ? », se demande M. Khadir.

Les allégations de M. Dutton sont à ce point préoccupantes que la ministre de l’Économie, Dominique Anglade, aurait dû elle même demandée une enquête, ce qu’elle n’a pas fait. Ce sont plus de 31 000 emplois directs et indirects qui dépendent de l’industrie de la quincaillerie au Québec. Rona joue un rôle majeur dans cet écosystème. La perte de contrôle sur les décisions stratégiques de l’entreprise risque de précariser les emplois non seulement chez Rona mais également chez une panoplie de fournisseurs.

Lors d’une entrevue radiophonique la semaine dernière, M. Dutton, qui a dirigé Rona pendant plusieurs années, a fait les affirmations suivantes :

« Pourquoi Investissement Québec a vendu ses actions à l’automne alors qu’on apprend que les négociations ont commencé avec Lowe’s à l’automne ? C’est nébuleux (…) C’est un dossier d’enquête. Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi on change de conseil d’administration concrètement, sans l’appui des actionnaires, que l’Autorité des marchés financiers laisse passer ça (…) Qu’Investissement Québec ait vendu sa participation, je ne comprends pas ! (…) Moi, ça m’inquiète quand M. Couillard dit : ’’c’est les lois du marché ; Bombardier 2400 emplois c’est les lois du marché ; la vente de Rona c’est les lois du marché’’. Les lois du marché ne sont pas en faveur du citoyen du Québec, je suis convaincu de ça (…) Dans cinq ans, qu’est-ce qu’il va rester de l’industrie manufacturière au Québec (…) Qu’est-ce qu’il va rester de ces emplois-là ? Ça, c’est une préoccupation. (…) Il faut comprendre que Rona, la Caisse de dépôt était là à 17%, le Fonds de solidarité était à 5%, Investissement Québec était à 5%, les marchands à 10%. On avait une minorité de blocage. On avait plus de 35% des votes, donc une minorité de blocage. À moins des deux tiers de l’entreprise, Lowe’s n’aurait pas acheté parce qu’il aurait été obligé de garder l’entreprise publique » - Robert Dutton, ex chef de la direction de Rona, lors d’une entrevue à la radio de Radio-Canada.

Sur le même thème : Economie québécoise

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...