Tandis que la crise forestière a fait perdre 40 000 emplois directs ou indirects, dont 20 000 l’an dernier seulement, que la plus importante société du secteur au Canada, AbitibiBowater, a dû se placer sous la protection des tribunaux, que ses usines ferment temporairement ou définitivement, laissant dans la dèche ses travailleurs et leur famille, le gouvernement Harper semble plus ou moins s’en laver les mains, selon le président du Conseil central du Cœur-du-Québec, Michel Angers, le président du Syndicat des travailleurs du papier de la Mauricie, Guy Lafrenière et le président du Syndicat des travailleuses et travailleurs de la scierie Abitibi Consolidated, division La Tuque, Herman Martel.
Ainsi, selon les chiffres provenant du budget fédéral déposé le 27 janvier dernier, pendant que le gouvernement fédéral volait au secours du secteur automobile en y injectant 2,7 milliards de dollars, il consacrait timidement 170 millions de dollars dans le secteur forestier. Peut-être honteux de cette flagrante disparité, il avançait 100 millions de dollars supplémentaires pour la forêt, le 15 mai dernier. Grand total : 2,7 milliards de dollars pour l’industrie automobile comparé à 270 millions de dollars pour l’industrie de la forêt, soit exactement 10 fois moins.
Des revendications réalistes
Au cours d’une conférence de presse tenue cet avant-midi à Trois-Rivières, le président du conseil central et les deux représentants syndicaux ont vertement dénoncé ces faits. Déterminée à ne pas laisser tomber la forêt et à soutenir ses travailleurs, la CSN, par la voix du président du conseil central, a de nouveau revendiqué du gouvernement fédéral :
1- Un programme de soutien du revenu pour les travailleuses et les travailleurs âgés (PSRPTA). Ce programme s’adresse aux travailleuses et travailleurs de 55 ans et plus qui sont victimes de licenciement collectif ou d’une fermeture d’entreprise ;
2- L’amélioration du régime d’assurance emploi afin de permettre à plusieurs d’entre eux de sortir de la misère ;
3- L’instauration d’un programme de prêts et de garantie de prêts avantageux qui permettrait aux entreprises en manque de liquidité de se moderniser, puis de renouveler l’équipement et la machinerie ;
4- La remise sur pied du fonds de diversification des économies forestières, que le gouvernement a aboli. Cette mesure permettrait de redonner 50 M$, sur quatre ans, à des communautés durement touchées par la crise forestière.
5- D’offrir un crédit d’impôt remboursable aux entreprises pour favoriser leurs activités de rechercher et de développement ;
6- D’augmenter les budgets du Programme d’aide à la recherche industrielle.
Depuis plus d’un an la CSN, la FTPF–CSN et les conseils centraux ont remué ciel et terre afin de faire sortir le gouvernement fédéral de sa torpeur. Lors de ses multiples rencontres avec des représentants des divers niveaux de gouvernements, d’entreprises et au cours de multiples assemblées publiques, ils ont recueilli d’innombrables appuis dans leurs démarches. En outre, plusieurs dizaines de municipalités de toutes les régions du Québec leur ont formellement signifié leur appui dans ses revendications.
Dans sa quête de justice pour les travailleurs lésés et délaissés par le gouvernement Harper et pour amoindrir les effets de la crise forestière, la CSN est fermement déterminée à continuer sa lutte tant et aussi longtemps qu’il le faudra.