Édition du 30 avril 2024

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Le blogue de la présidente de la CSQ

40 ans de congés de maternité

Vous avez sans aucun doute dans votre entourage une fille, une sœur, une cousine, une amie ou une collègue qui vient de partir en congé de maternité pour prendre soin d’un petit être tout neuf qui vient d’entrer dans sa vie (et peut-être la vôtre aussi). Au bureau, vous lui avez peut-être organisé une petite fête avant son départ, vous avez accueilli sa remplaçante ou son remplaçant et lui avez envoyé une petite carte pour la féliciter de la naissance de son bébé en lui souhaitant le meilleur jusqu’à son retour au bureau, dans un an.

Ça n’a pas toujours été le cas

Ces belles histoires sont monnaie courante au Québec depuis le 1er janvier 1979, date d’entrée en vigueur de la politique familiale qui a consacré le congé de maternité payé (de 18 semaines) pour les Québécoises.

Repensez à votre collègue qui vient de mettre au monde un joli poupon qui ne fait probablement pas encore ses nuits. En 1967, si elle avait été institutrice, elle aurait été mise à la porte. En 1968, elle a gagné le fabuleux droit de démissionner sans crainte de pénalités pour rupture de contrat. Toute une victoire n’est-ce pas ?

En 1973, le gouvernement fédéral a permis aux nouvelles mères de réclamer 15 semaines d’assurance-emploi. Sauf que le retour à l’emploi n’était pas garanti !

En 1975, l’entente collective des institutrices leur donnera le droit à un congé sans solde de 17 semaines… sur acceptation de la commission scolaire !

Une victoire syndicale

Le congé de maternité n’est pas tombé du ciel. Le gouvernement ne l’a pas instauré automatiquement par pure générosité. Comme énormément de protections sociales que l’on tient aujourd’hui pour acquises, c’est le résultat de longues batailles syndicales !

Il aura fallu l’insistance de la Centrale de l’enseignement du Québec (CEQ) (aujourd’hui la CSQ), seule centrale syndicale majoritairement composée de femmes, pour que le congé de maternité payé devienne une priorité de la négociation du Front commun auprès du gouvernement en 1979. Bien que le gouvernement Lévesque ait décrété une loi spéciale, les membres de la CEQ se sont dotés d’un mandat de grève illégale de 11 jours.

Au terme de cette négociation historique, les travailleuses et travailleurs du secteur public québécois ont pu compter sur :

 Un congé de maternité payé de 20 semaines ;

 Un congé de paternité payé de 5 jours ;

 Un congé d’adoption payé de 10 semaines ;

 Un congé sans traitement de 2 ans après l’accouchement.

Un modèle à parfaire

Il faudra attendre à 2006 pour voir apparaître le Régime québécois d’assurance parentale (RQAP) tel qu’on le connaît. Aujourd’hui, la politique de congé parental au Québec est citée en exemple sur la scène internationale avec ses 50 semaines en tout, dont 18 au moins en congé de maternité à 70 % du revenu hebdomadaire moyen et 32 semaines de congé parental.

Par contre, il reste encore du chemin à faire pour permettre à toutes les femmes de bénéficier de ce temps privilégié avec leur enfant sans perte de revenu. Pensons aux étudiantes qui sont trop souvent précarisées lors de grossesse ou, encore, aux travailleuses autonomes et aux agricultrices pour qui s’absenter un an de leur entreprise est impensable puisque le RQAP ne couvre pas les coûts de leur remplacement.

Pensons aussi au modèle suédois qui prévoit plus de temps et, surtout, un congé de paternité exclusif qui, preuves à l’appui, conduit à une meilleure répartition des tâches ménagères au sein des ménages suédois après le congé parental.

Lutter pour la conciliation famille-travail-vie personnelle

Contrer la surcharge de travail, réclamer une meilleure organisation du travail et une réduction du temps de travail : ces enjeux ont toujours été au cœur des batailles syndicales depuis les débuts du mouvement ouvrier. Nous continuerons de lutter pour une meilleure conciliation famille-travail-vie personnelle et des mesures comme le congé de maternité.

N’oublions jamais cette mise en garde de Simone de Beauvoir : « rien n’est jamais définitivement acquis. Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que nos droits soient remis en question ». Comme société, nous devons rester vigilants !

Sonia Éthier

Présidente de la CSQ (2018-...)

Elle siégeait sur l’exécutif de la CSQ depuis 2015 à titre de première vice-présidente. Enseignante en adaptation scolaire auprès d’élèves en difficulté d’apprentissage, elle a été présidente du Syndicat de l’enseignement du Bas-Richelieu durant neuf ans. Elle milite au sein du mouvement syndical depuis plus de 30 ans.

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