« On parle de buttes de neige, pas de chantiers de construction. Transformer un jeu d’hiver simple et apprécié des enfants en exercice bureaucratique est absurde : ruban à mesurer, registres, plans, surveillance accrue… tout cela retombe encore une fois sur le personnel de soutien scolaire », dénonce M. Pronovost. « La récréation doit rester un moment de plaisir et de liberté ». Il rappelle que l’ancien ministre de l’Éducation demandait de ramener le « jeu du roi de la montagne » à l’école.
Selon les recommandations relayées par certains centres de services scolaires, les buttes de neige devraient respecter des normes très précises de hauteur et de pente, faire l’objet d’inspections quotidiennes, être associées à un registre de vérification, à un plan de surveillance, à un calendrier d’utilisation par âge, sans compter l’obligation du port du casque si les critères ne sont pas respectés.
« Dans les faits, la surveillance de tout ça va incomber aux éducatrices et éducateurs en milieu scolaire, aux surveillantes et surveillants d’élèves, à du personnel déjà à bout de souffle et en pénurie. On ajoute des responsabilités, des risques et de la pression, sans ressources supplémentaires, pour gérer… une butte de neige », déplore le président de la FPSS-CSQ.
La Fédération s’inquiète également de l’impact direct sur les services de garde scolaires, où la gestion du port du casque, la rotation des groupes et la surveillance accrue risquent de gruger une part importante du temps de jeu et de compliquer inutilement l’organisation quotidienne.
« Faire porter un casque à des dizaines d’enfants pendant une récréation ou au service de garde, c’est irréaliste. On va passer plus de temps à gérer de l’équipement qu’à permettre aux enfants de jouer. À ce rythme-là, certaines écoles vont simplement renoncer aux buttes de neige et ce sont les enfants qui vont en payer le prix », ajoute M. Pronovost.
La FPSS-CSQ rappelle que le jeu libre est reconnu pour ses bienfaits sur la santé physique et psychologique des enfants. « Les enfants ont le droit de s’amuser sur la butte de neige, de bouger, de tomber parfois et d’apprendre leurs limites. La sécurité est très importante pour nous et nous sommes capables de juger ce qui est dangereux ou non. Elle ne doit toutefois pas servir de prétexte pour judiciariser et aseptiser complètement la vie scolaire », affirme-t-il.
La Fédération demande donc aux centres de services scolaires, aux commissions scolaires et aux instances concernées de faire preuve de jugement, de proportionnalité et de confiance envers le personnel sur le terrain. « Le personnel de soutien scolaire n’est pas là pour remplir des formulaires et mesurer des pentes de neige. Il est là pour accompagner les élèves. Laissons les enfants jouer et cessons de leur enlever, pelletée par pelletée, le plaisir de l’hiver », conclut Éric Pronovost.


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