Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Ce qu'on ne veut pas voir

Plutôt que d’accepter une réalité qui leur déplaît, certains feindront de ne pas la voir. Et, si en plus, elle ose se montrer, ils feront tout pour la dissimuler ou la nier, quitte à l’écraser.

Deux cas illustreront mon propos.

1. La violence policière

Depuis l’élection du Parti québécois, j’ai toujours trouvé suspecte l’obsession du ministre Duchesne à répéter sans cesse que « les gens ne sont plus dans la rue, on se parle maintenant ». Comme si l’expression dans la rue était une mauvaise chose, comme si la démocratie ne s’exerçait que dans le bulletin de vote.

Avec l’absence totale de réaction de ce gouvernement à la demande d’une enquête publique et indépendante sur les agissements policiers, avec l’indifférence incroyable dans laquelle il acceuille l’écrasement des moindres manifestations, avec le silence qui accompagne l’application du règlement P-6 de la ville de Montréal, aux conséquences pourtant aussi terribles que celle de l’ignoble Loi 12, avec la superbe nonchalance quant aux propos mensongers et révoltants de la police montréalaise concernant l’inexistence du droit de manifester, on constate que le Parti québécois ne voulait pas voir la démocratie, considérant comme le Parti libéral qu’entre les élections, il n’y a pas de démocratie, seulement de la gouvernance. Cela confirme l’usurpation de la volonté générale et du bien commun au profit de ce que l’on appelait au milieu du siècle dernier les « puissances d’argent ».

Il est grand temps de réhabiliter la rue, mais il ne faut pas compter sur le Parti québécois, parti aussi bourgeois que le Parti libéral ou la CAQ, pour le faire.

2. L’homophobie

Un quidam m’ayant vu avec mon conjoint s’empresse de me demander ce que je pensais des deux messages télévisés utilisés dans la campagne de sensibilisation contre l’homophobie. Je répondis qu’ils sont très gentils et positifs.

« Mais, vous ne trouvez pas ça trop provocateur, m’a-t-on répliqué, ça pourrait faire tourner les homophobes contre le message voulu ? » Je n’en croyais pas mes oreilles. « Vous trouvez ça provocateur », ai-je reparti ?

— Non, pas pour moi, mais pour les homophobes !
— Un geste si simple et si anodin est provocateur ?
— C’est simple et anodin pour vous !
— Non, intellectuellement parlant, Monsieur, deux personnes qui s’embrassent quand elles se retrouvent, n’est-ce pas la chose la plus banale qui soit ?
— Ben, pas pour les homophobes.

J’en suis encore médusé. Cette campagne extraordinairement soft serait provocatrice et il faudrait être davantage discret ? N’est-ce pas à dire qu’il faudrait absolument se cacher ? N’est-ce pas exactement ce que veulent les homophobes, ne pas voir qu’on existe ?

Il est grand temps d’affirmer haut et fort que l’homosexualité est normale et que c’est l’homophobie qui n’est pas acceptable.

LAGACÉ Francis

Francis Lagacé

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