Édition du 16 avril 2024

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Politique canadienne

Criminaliser l'avortement augmentera la mortalité maternelle

MONTRÉAL, le 24 mai 2012 - L’Association des obstétriciens et gynécologues du Québec (AOGQ) dénonce toutes tentatives de députés de déposer des projets de loi ou des motions, comme M-312 qui, si adoptés, augmenteraient la mortalité maternelle au Québec. Il est clairement établi dans la littérature que, dans tous les pays où l’avortement constitue un acte criminel ou demande un encadrement légal, on observe directement une augmentation des décès à la suite des complications entourant ces procédures secrètes et illicites souvent effectuées dans l’ignorance et le déni. Les femmes concernées sont prêtes à prendre des risques injustifiés dictés par leur désespoir.

« Nous ne pouvons permettre de descendre aussi bas dans un pays comme le Canada. Les femmes visées par de telles initiatives parlementaires, ce sont nos sœurs, nos filles, nos amies, et nous devons tout faire pour éviter de les maltraiter pour satisfaire des visées purement politiques ou religieuses, de dire Dre Diane Francoeur, au nom de l’AOGQ. Ces motions qui arrivent toujours par la porte de derrière doivent cesser maintenant. »

Soulignons que les registres de mortalité maternelle canadienne n’étant pas accessibles, il est difficile d’évaluer les problématiques d’accès de certaines provinces comme l’Atlantique où l’avortement n’est ni accessible ni disponible.

Le Québec, de par sa détermination, a toujours figuré en tête de peloton dans l’établissement de pratiques innovantes pour améliorer la santé des femmes. Les chiffres traduisent les efforts consentis puisqu’on observe une diminution significative du nombre d’interruptions volontaires de grossesses (IVG) déclarées sans crainte de représailles et effectuées dans la sécurité et le respect. En effet, on note une diminution de 20 % dans le groupe des 15-19 ans, soit de 22,3 à 17,7/1000, et de 13 % chez les 20-24 ans, soit de 35,2 à 30,6/1000, et finalement de 25,7 à 22,4/1000 chez les 25 à 29 ans. Les seuls groupes où l’on observe une augmentation sont les 35-39 ans de 9,6 à 11,7/1000, et les 40-44 ans, de 2,9 à 4,0/1000 principalement liées aux IVG de fœtus anormaux.

Cette diminution est le résultat des mesures comme l’accès à la contraception d’urgence dans les écoles et les pharmacies, le paiement par la RAMQ de méthodes contraceptives à longue durée et l’établissement d’ordonnances collectives permettant la prescription de contraceptifs de façon facile et sécuritaire dans les écoles. « Ces mesures sont le fruit de l’implication des obstétriciens-gynécologues et de nos collègues de santé publique. Respectueuses des besoins des femmes, elles sont acquises au Québec et font l’envie des autres provinces », d’ajouter Dre Francoeur.

« Toutefois, nous sommes encore et toujours en attente de l’approbation par Santé Canada de la mifépristone (RU 486) alors que nos voisins du Sud ont le privilège d’offrir aux femmes américaines l’accès à des avortements non instrumentés » de conclure Dre Francoeur.

L’AOGQ, comme toujours, s’assurera que la santé et les droits des femmes du Québec seront de tous les débats !

L’AOGQ est une organisation syndicale qui regroupe plus de 400 médecins spécialistes en obstétrique et en gynécologie. Elle vise l’amélioration constante de la qualité des soins préventifs et curatifs destinés aux femmes du Québec en favorisant le développement professionnel continu de ses membres et celui des différents professionnels de la santé qui partagent cette mission.

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