Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Des Guatémaltèques vivant à Montréal exigent la justice pour les victimes des crimes du passé

Montréal, le 9 septembre 2015. Dimanche, le 6 septembre 2015, les élections nationales du Guatemala ont eu lieu, et ce, dans un contexte de vive contestation sociale actif depuis avril et ayant mené à la démission de hauts fonctionnaires, dont le président et la vice-présidente.

Nous, Guatémaltèques vivant à Montréal, félicitons le peuple guatémaltèque pour son importante et nécessaire mobilisation politique, qui a conduit au retrait de l’immunité juridique de l’ex-président Otto Pérez Molina et à l’ouverture de son procès pour implication dans une structure illicite de corruption liée à la diversion d’impôts douaniers.

Aussi connu sous le nom de « Major Tito Arias » à l’époque la plus violente, Molina commandait un bataillon de l’armée au Quiché, une province pauvre et marginalisée, où des massacres ont étés exécutés contre des communautés paysannes mayas à l’époque du conflit interne armé. En avril 2013, un témoin ayant comparu à l’interminable procès contre l’ex-dictateur Rios Montt avait identifié Pérez Molina pour avoir donné l’ordre d’assassiner la population civile et de brûler leurs récoltes.

La famille de Mateo Pablo, survivant guatémaltèque et aujourd’hui réfugié à Montréal, a été exterminée en 1982 lors du massacre de son village natal de Pet’an’ak au HueHuetenango. Mateo souhaite que l’ex-président soit jugé pour ce crime contre l’humanité et que les victimes comme lui puissent avoir accès à la justice.

« J’espère que Pérez Molina ne continuera pas à bénéficier des privilèges donnés aux membres des forces armées », poursuit Pablo. « Être dans une prison militaire n’est pas une punition. Le confinement dans les prisons adaptées est très courant, comme on l’a vu dans le cas de l’ex vice-présidente Roxana Baldetti. S’il est vrai que le Guatemala se soulève pour devenir une vraie démocratie, Roxana Baldetti devrait recevoir le même traitement que n’importe quel autre citoyen guatémaltèque, et non pas le genre de traitement dont nous sommes témoins actuellement, avec ces deux anciens fonctionnaires détenus en prison présente dans de luxueuses forteresses militaires ».

La présence d’ex-militaires dans l’équipe de Jimmy Morales, candidat vainqueur du premier tour des élections du 6 septembre, laisse planer de nombreux doutes quant à une véritable justice et réparation au Guatemala pour les crimes du passé. Alors que le procès contre Rios Montt stagne toujours depuis plus de 2 ans et que les accusations pour corruption contre Pérez Molina font ombrage à son implication directe dans des massacres ciblant spécifiquement des groupes ethniques précis, nous craignons d’assister non pas à une rupture avec l’ancien pacte d’impunité qui paralyse le système judiciaire mais plutôt à sa continuité et à sa reproduction.

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...