Édition du 23 avril 2024

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Québec

Journée internationale de la démocratie – La pandémie comme miroir grossissant des inégalités

Au Québec comme dans de nombreux pays, la pandémie de COVID-19 s’est attaquée autant à la démocratie qu’aux corps humains. Cette crise sans précédent nous a renvoyé à des responsabilités, à des culpabilités et à des faiblesses qui n’ont pas encore trouvé écho dans le débat public.

Au tout début, nous avons cru, naïvement, que le coronavirus frappait « démocratiquement » en ce sens qu’il semblait toucher toutes et tous, sans distinction de classe, de statut, d’origine, de culture, de genre, etc. C’était bien mal le connaître.

En effet, car le virus s’est révélé un formidable miroir grossissant des défaillances, inégalités et travers de notre société. Entre autres, les mesures de distanciation sociale, les restrictions de déplacements et les fermetures de centres de santé sexuelle ont eu une incidence sur l’accès des femmes aux services d’interruption volontaire de grossesse.

Aussi, des études ont démontré que les Afro-Canadiens sont plus susceptibles de contracter la COVID-19 que les autres Canadiens et de subir des licenciements en raison du virus. Sans parler de la situation catastrophique des soins de longue durée qui a été démultipliée par la pandémie et qui a conduit des milliers d’aînéEs vulnérables à un aller simple vers leur dernier repos.

Récemment, António Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, affirmait : « Alors que le monde est aux prises avec la COVID-19, la démocratie joue un rôle vital en ce qu’elle assure la libre circulation de l’information, la participation à la prise de décisions et l’application du principe de responsabilité dans le cadre de la lutte contre la pandémie. » Cela ne saurait être mieux dit.

Cette épidémie s’avère un moment éminemment propice à poser des questions fondamentales de justice sociale et d’égalité des chances, notamment sous l’angle de l’accès aux soins et aux services, de la représentativité des personnes malades et de l’extrême fragilité du système de soins de longues durées.

À trop prioriser l’équilibre budgétaire et la gestion des risques, les gouvernements semblent devenus aveugles aux graves inégalités qui gangrènent la démocratie. Contrairement à ce que certains chefs d’État en ont dit, l’ennemi n’est pas la COVID-19, pas plus que celle-ci ne s’attaque à notre démocratie. Le véritable danger provient plutôt de la réponse des gouvernements à la pandémie.

La démocratie consiste, notamment, à mettre à l’avant-plan la parole d’experts et d’autorités. Mais pour éviter une communication unidirectionnelle qui pointe vers la dictature, la démocratie doit aussi permettre aux personnes sans-voix et plus vulnérables d’exprimer leurs craintes, leurs souffrances, leurs aspirations. Bref, d’avoir voix au chapitre. Les gouvernements clairvoyants qui se réclament de la démocratie doivent savoir écouter les bruits de la détresse afin d’y remédier, car c’est aussi beaucoup cela la démocratie.

Line Lamarre

Présidente du SPGQ

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