Ainsi donc, Gilles Duceppe et son Bloc reprochent aux autres partis de ne pas interdire la vente d’armes à l’Arabie Saoudite et de ne pas en assumer la conséquence, soit de mettre au chômage les quelques milliers d’Ontariens qui les fabriquent. Fort louable comme intention. Le problème, c’est que, fidèle à son habitude, le mouvement souverainiste est très sélectif dans ses cibles de promotion des « droits de la personne » : ces pays ne doivent pas être des alliés privilégiés du Québec lui-même et nos gestes à leur égard ne doivent d’aucune manière provoquer de pertes économiques ici, ni en profits ni en nombre d’emplois ! Le Bloc a t’il déjà par exemple proposé ce genre de choses à l’égard des compagnies qui fabriquent au Canada, depuis des décennies, des armes destinées à Israël, une des plus grandes puissances militaires du monde au prorata de sa population, qui s’en sert non seulement pour imposer des conditions de vie quotidienne abominables à des personnes qui n’ont le malheur que d’être palestiniennes, mais aussi pour jouer au gendarme américain dans toute cette région…y compris auprès de l’Arabie saoudite ! Le Bloc ou le PQ ont-ils déjà demandé, par exemple, que la Caisse de dépôt et de placement retire le 1.3 milliard de nos fonds de pension qu’elle a investi dans ces compagnies, donc dans cette production d’armes destinées à Israël, quitte à ce que cela coupe des emplois au Québec, par exemple à la CAE de Ville St-Laurent ou au Centre d’excellence sur les drones, à Alma ? Le jour où le Bloc fera cela, le jour où il lancera le même appel au boycottage de la militarisation israélienne que celui qu’il lance actuellement à l’égard de celle de l’Arabie saoudite, on le prendra peut-être au sérieux. En attendant, dans les deux cas, il vaudrait mieux chercher des alliés plus sûrs que lui si on veut que ce genre de boycottage s’exerce vraiment un jour.

Yves Rochon, septembre 2015

p.s : pour complément d’information sur les données mentionnées, consulter le document suivant : http://coat.ncf.ca/P4C/67/67.htm