Édition du 30 avril 2024

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Charte des valeurs québécoises

Le débat « Québec Laïque ? » ou le manque de respect de BenHabib et ses disciples

Je reviens tout juste d’un débat sur la fameuse charte… Enfin, une tentative de débat. Je dois admettre avoir été franchement déçue de l’attitude de la salle. Par contre, de la part de la Benhabib, je n’en attendais pas plus, alors, déception n’est pas le terme. En fait, ce qui me déçoit le plus, c’est la manière dont le débat était géré… j’aurais aimé prendre la parole, mais comme bon nombre de patriarches âgés s’était précipité devant moi, le temps ne restait plus pour mon intervention.

Tiré du blogue de l’auteure : http://sissidelacote.com/

Apparemment, le débat ce continue sur la toile du Québec (pour faire un jeu de mot horrible avec ce défunt moteur de recherche). Alors, Bianca, pour le bien de Fœtus Gervais, je profiterai de cet espace de visibilité des plus relatives pour partager ce que je n’ai pu partager lors de la « discussion ». Bien sûr, je te donnerai les précisions sur le contexte lorsque nécessaire. 

Mon intervention, mes questions

Amir Khadir l’a souligné ; dans la peur se cache une grande faiblesse. J’ajouterais même que cette peur est l’outil de manipulation par excellence d’un peuple ignorant, surtout lorsqu’on la relie avec les sentiments (identitaires, entre autres). C’est une chose qu’on a pu constater durant le débat, lorsque BenHabib se donnait en spectacle, dans un discours digne d’une évangélisation de masse, alors qu’elle appelait la salle à répondre à l’unisson à des propos biaisés par les sentiments et la déformation d’histoires et répliques d’autrui à son avantage. C’est bien connu, de toute manière, que le Q.I. des personnes agissant en groupe descend drastiquement, ce qui diminue les capacités individuelles de penser rationnellement et objectivement… 


Monsieur Khadir a d’ailleurs fait mention de ce manque de respect de la part de l’ex-candidate du PQ, sans qu’elle n’ajuste jamais sa manière très immature de débattre. Déjà qu’elle ne se présente seulement à des endroits où elle sait les spectateurs majoritairement pro-charte, avait-elle vraiment besoin de descendre encore plus bas dans ses inaptitudes à mener un débat dans les règles ? Ses disciples, qui d’ailleurs n’ont pas eu plus de classe qu’elle en huant Madame Alexa Conradi, de la Fédération des Femmes du Québec, alors qu’elle essayait de répondre à une question qu’on lui avait lancée, n’ont pas eu la décence d’écouter un seul des propos qui n’allait pas avec leur opinion personnelle et ce, tout au long des 5 heures Ce qui a, au final, causé le départ prématuré de Madame Conradi, incapable de placer un seul mot sous le bruit et les répliques insolentes de la salle.

D’ailleurs, j’ai un grand respect pour Madame Conradi et Monsieur Khadir, qui a aussi quitté par la suite, par solidarité, pour leur patience à débattre dans des conditions aussi grossières et impertinentes. Lorsque BenHabib ne reprenait pas des mots des autres panélistes pour déformer leurs propos à son avantage, manipulant les informations de tout le monde pour essayer de les discréditer, alors que c’est elle même qu’elle discréditait, c’était la salle qui se mettait à rouspéter à chaque mot qu’elle entendait, sans même attendre la fin de l’idée en cours. Les disciples de BenHabib, lobotomisés par la peur, ne semblent pas avoir la conscience nécessaire pour être capable de juger des tactiques de bas niveau qui ont été utilisées par celle-ci. Il leur manque grandement des notions indispensables lors d’un débat : l’écoute et le respect.

Ben Habib a mentionné, dans ses argumentations, qu’il s’agissait d’un privilège que de pouvoir représenter l’État et d’y travailler. S’agit-il d’un privilège ou d’une position réservée à des personnes déjà privilégiées ? Privilège que de représenter un État oppresseur qui, aujourd’hui encore, ignore activement les droits des peuples à qui il a arraché ses terres. Privilège que de représenter un État qui discrimine tant de femmes de par ses politiques de reproduction tout en nous poussant hypocritement à croire à une réelle possibilité de « pro-choix ». Un privilège que de représenter un État qui se donne le droit de décider qui est digne d’être humain ou non. 

On se décrit comme accueillant. « Faites comme chez vous », qu’on dit, mais ne nous prenez pas à la lettre. En fait, c’est plutôt un « bienvenue chez NOUS, fondez-vous dans la masse blanche francophone pis on va être bin smat. »

Il existe là un problème majeur, se situant spécifiquement dans deux simples mots, un en particulier : « chez nous ».

C’est qui ce « nous » ? Dans « les Québécois de souche » on sous-entend trop souvent, trop majoritairement : les descendants de colons Français, aux ancêtres catholiques ou chrétiens, s’étant, pauvre d’eux, faits coloniser par les Anglais MAIS qui oublient continuellement qu’ils ont, eux aussi, colonisés, en utilisant des tactiques complètement sauvages, ceux qu’ils qualifiaient de la sorte. 

Il est effectivement vrai qu’il s’agit d’un privilège que de participer à l’ethnocide silencieux et hypocrite des peuples des Première Nations, que d’endosser les inégalités des droits des individus n’entrant pas dans les cadres discriminatoires de la normalité, du fondement même de qui a le droit au qualificatif d’humain ou pas. 

Une chose qui est délaissée dans ce débat, c’est la part des blancs dans les systèmes d’oppression. Cessons de jouer à l’autruche et mentionnons les choses comme elles sont.

Ben Habib, encore, a manipulé les informations jusqu’à essayer de nous faire croire que les femmes voilées sont du côté de l’oppresseur. Vraiment ? Ne sont-elles pas la principale cible dans les débats entourant la laïcité ? Ne serait-on pas encore en train d’assister à la distanciation d’une culture occidentale à tous les problèmes que peuvent contenir une société ? Ne tombons pas dans les préjugés. Ne restons pas avec l’idée faussée que Parizeau a lancé lors du référendum de 1995. Ce n’est pas le vote ethnique qui a causé les problèmes des Québécois blancs et francophones, au même titre que ce ne sont pas les immigrants qui crées les problèmes d’inégalités entre les hommes et les femmes. On est encore en train d’utiliser le féminisme à tort pour manipuler le peuple et le faire passer pour héro alors qu’il se met en position d’oppression. On est encore entre de créer un Autre à blâmer plutôt que d’assumer et de prendre notre part de responsabilité dans la situation sociale de notre pays.

La charte, en sa forme présente, ne distancie-t-elle pas uniquement les blancs occidentaux de leurs responsabilités quant aux problématiques dont ils sont eux-mêmes à la source ? 

On met l’accent sur les fondamentalismes religieux, on pointe du doigt l’Islam et les dirigeant hauts placés, ces riches qui s’enrichissent avec les pétrolières au dépend du peuple qui meurt de faim. 

Pourquoi ne parle-t-on pas, alors, des autres types de fondamentalisme et d’extrémisme, comme le capitalisme, par exemple ? La famille Desmarais détient, elle aussi, des parts dans les mines de diamants d’Afrique. Une famille blanche, québécoise, dite « de souche », aillant une aussi grande influence sur les médias, avec les Péladeau comme seul rivale au niveau de la taille, n’est-elle pas encore plus dangereuse et menaçante qu’une femme voilée qui, par exemple, essaie simplement de fuir un pays oppresseur pour, finalement, qu’on l’accueil en étant, nous aussi, oppresseurs. Obliger une femme à porter le voile ou l’obliger à ne pas le porter, on oblige une personne à faire un « choix » qui ne lui appartient pas, qui ne vient pas d’elle, là d’où découle toute la problématique. Pourquoi garder le focus sur les personnes qui essaient simplement de vivre leur vie, en les traitant comme des ennemies, alors que les réels ennemies font parties de ce « nous » exclusif et qu’on ne leur accorde aucune importance ?

Des participants ne semblaient pas comprendre, ou vouloir écouter les raisons, simplement, pourquoi Madame Conradi faisait le parallèle entre le port du voile et la lesbophobie, l’attaque de samedi passé, entre autres. Faisant partie de ces femmes qui se sont faites insulter et attaquer, je peux affirmer que plus l’expression du genre de chacune divergeait des normes, plus elle se faisait insulter, voire frapper. Ici on parle de notre manière d’exprimer notre identité. Que ce soit l’identité de genre ou l’identité religieuse, qu’un soit un choix ou pas, ça n’excuse en rien la haine qui est véhiculée ni à leur égard ni à la nôtre. On valide, par ce débat qui s’étend vers des prairies lointaines, les jugements que l’on peut porter sur autrui. On valide qu’une personne de culture occidentale, majoritairement blanche, majoritairement athée, ait plus de droits et de pouvoir sur la signification d’un élément découlant de l’expression identitaire propre à chacun, que la personne portant elle-même ce symbole. 

Je tiens aussi à préciser, encore, que les personnes qui nous ont attaquées, samedi dernier, n’étaient ni des musulmans, ni des juifs, mais des blancs, dit « de souche » venant de l’extérieur de Montréal. Je tiens aussi à préciser que j’ai eu beaucoup de soutien et d’appuie des femmes de mon entourage (et même de l’entourage de mon entourage) qui portent le voile ou issues de diverses communautés qu’on essait de peindre à tort comme homophobes en faisant des généralisations. Les commentaires lesbophobes et transphobes que j’ai reçus me venaient, en majorité, d’homme blancs (suivit par des femmes blanches, aucune religion d’impliquée dans les propos haineux que j’ai reçus.) 



Alors pourquoi s’acharner à stigmatiser les non-blancs comme étant les causes ? Pourquoi jeter le blâme toujours sur les mêmes et continuer de jouer autant à l’autruche ? Pourquoi ne pas faire une coupure émotive et essayer d’analyser objectivement le discours biaisé et manipulateur de BenHabib ? Pourquoi perdre autant de temps à s’éloigner du débat pendant que nos ressources naturelles se font violer à grand coup de capitalisme, tout ça pour s’enivrer encore plus dans un gouffre sans fin ? 


POURQUOI on n’est pas capable, Québécois, d’être informés et de passer par dessus nos peurs, d’apprendre de l’autre, d’arrêter de pointer un Autre du doigt, de se regarder le nombril et de travailler ensemble, en toute diversité, pour créer un espace commun où la haine et la xénophobie ne sont pas communes à la sphère publique, où l’acceptation, l’inclusion et la compréhension de l’autre sont nos vraies valeurs et deviennent nos forces ?

C’est en apprenant à connaître les autres individus que nous réussissons à mieux nous connaître et à cohabiter dans l’harmonie.

Je suis peut-être défaitiste, mais je doute que je recevrai des réponses pertinentes à mes questionnements, surtout de la part de BenHabib ou des Péquistes. J’aimerais sincèrement qu’on cesse de nous prendre pour des idiots et que. si on veut réellement avoir cette conversation sur la laïcité, on arrête de jouer à des jeux de propagande politique et qu’on s’occupe, pour vrai, du bien-être du peuple. 

Par contre, pour ce faire, il faudrait d’abord que le PQ prenne ses distances du fondamentalisme capitaliste… je dis ça comme ça.. 

Sissi de la Côte

Blogueuse québécoise : http://sissidelacote.com/

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