Édition du 10 décembre 2024

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Le gouvernement du Québec pris la main dans le sac d'Anticosti !

Québec, le 28 mars 2015

Le 5 mars dernier, le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles lançait un appel d’offres de 125 000 dollars [1] afin de produire une évaluation économique pour la construction à Anticosti d’infrastructures de stockage et de transport de pétrole et de gaz destinées à l’exportation d’hydrocarbures.

Or, les travaux de cet appel d’offres sont réalisés dans le cadre de deux évaluations environnementales stratégiques (ÉES) en cours concernant les hydrocarbures ! En conséquence, aucun projet d’infrastructure, même une simple évaluation économique, ne peut être réalisée tant que les ÉES ne sont pas déposées et analysées. Une ÉES vise à acquérir les données scientifiques requises pour orienter les décisions gouvernementales liées aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques pour le développement sécuritaire des ressources naturelles [2].

Cet appel d’offres ne relève pas des enjeux, mais de la réalisation ! Il ne devrait pas être effectué à cette étape-ci, il est beaucoup trop tôt dans le processus. Il pourrait être inutile si les ÉES dévoilent des risques environnementaux ou sociaux-économiques majeurs, ce qui sera inévitable car le Québec sera responsable des changements climatiques auxquels ces hydrocarbures vont contribuer par l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre.

Il est clair que le gouvernement ne procède pas à des évaluations environnementales, mais bel et bien à une évaluation économique dont l’objectif n’est pas de protéger l’environnement ni les citoyens, mais de préparer l’exportation des hydrocarbures. Et ce n’est pas du tout son rôle ! Le rôle du gouvernement est d’établir des normes qui garantissent le développement durable afin de protéger l’environnement, le climat, les citoyens et la ressource, tout en s’assurant de faire respecter ces normes par l’industrie.

Selon Marc Durand, ingénieur en géologie appliquée et professeur retraité du département des sciences de la Terre et de l’atmosphère de l’UQAM, cette situation est extrêmement inquiétante : « C’est la seule étude que commande l’ÉES. Rien sur les nombreux aspects environnementaux, géotechniques, etc. d’Anticosti. Et ça, ce n’est pas normal. [3] »

À Anticosti, la structure rocheuse est parcourue d’innombrables failles et cavités naturelles [4]. Y réaliser de la fracturation hydraulique comporterait des risques majeurs de contamination de la nappe phréatique et de ruissellement dans le fleuve. Une véritable ÉES sert à identifier et à mesurer ces risques afin de déterminer s’ils sont acceptables pour l’exploitation. Aucune étude n’a encore été réalisée en ce sens pour l’ÉES propre à Anticosti.

Pire, le nouveau Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, en vigueur depuis 2014 [5], stipule qu’une « opération de fracturation dans un puits destiné à l’exploration ou à l’exploitation du pétrole ou du gaz naturel est interdite à moins de 400 m sous la base d’un aquifère. [6] » Dans l’industrie, il a été observé que l’extension de la fracturation peut atteindre jusqu’à 1500 m, parfois plus ! Si le règlement devait respecter ce risque, Anticosti serait inexploitable de façon rentable. Ce règlement a été conçu spécialement pour favoriser l’industrie pétrolière en ignorant les faits !

La manière dont le gouvernement gère les affaires publiques est extrêmement inquiétante et camoufle à peine ses stratégies qui relèvent de la collusion avec l’industrie pétrolière. L’intégrité de l’appareil politique et gouvernemental au complet doit être remise en question. Ces irrégularités justifient une enquête publique !

Le gouvernement ne gouverne plus rien... Il gère l’économie !
Nous n’avons donc plus personne à la tête de nos provinces ni du pays...
Aux prochaines élections, pour des raisons d’éthique et d’intégrité, ne votons pas pour un politicien...

Stéphane Brousseau – Directeur de recherche
B.Sc. Géologie
Analyste et architecte en technologies de l’information et des communications
Chercheur en architecture sociale durable

IRASD – Institut de recherche en architecture sociale durable
https://irasd.wordpress.com/
IRASD.SSARI@gmail.com

http://enjeuxenergies.wordpress.com/
Enjeux.Energies@gmail.com

Notes

[1] http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/435206/un-reseau-de-pipelines-pour-anticosti
[2] http://hydrocarbures.gouv.qc.ca/evaluations-environnementales-strategiques.asp
[3] Marc DURAND, extrait d’un courriel personnel, 25 mars 2015
[4] http://espace.inrs.ca/1402/1/T000441.pdf et http://www.collectionscanada.gc.ca/obj/s4/f2/dsk2/ftp03/MQ61822.pdf
[5] http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/prelevements/reglement-prelevement-protection/index.htm
[6] http://www2.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/dynamicSearch/telecharge.php?type=3&file=/Q_2/Q2R35_2.HTM

Stéphane Brousseau

Directeur de recherche, B.Sc. Géologie, analyste et architecte en technologies de l’information et des communications, chercheur en architecture sociale durable

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