Bonjour Monsieur Tremblay,
Mon nom est Sophie Dumont et je suis étudiante en psychologie et sociologie à L’université de Montréal. Originaire du Saguenay, j’ai due quitter notre belle région pour aller étudier à l’extérieur. Avant d’entamer mon discours, j’aimerais vous communiquer à quel point je suis fière de venir d’un si magnifique coin de pays où la chaleur humaine prédomine.
Il y a quelques heures, j’ai lue dans le journal la Presse les propos que vous avez tenus à l’égard de Mme Djemila Benhabib et, pour la première fois de ma vie, j’ai eu honte de mes origines Saguenéennes. J’ai été outrée de constater qu’en 2012, des gens jouissant d’une certaine visibilité, en l’occurrence vous mon chère Monsieur, se permettent encore d’émettre des opinions aussi lourdes de préjugés et d’incitations à la dévalorisation des cultures étrangères.
La religion est la chose la plus personnelle et intime qui soit. Elle n’a pas à être publique et encore moins à être imposée à tous. Catholique, baptisée (à Jonquière) et très croyante, je fais ma prière à tous les soirs depuis l’âge de trois ans. Je peux affirmer que j’ai une foi inébranlable en Dieu et ce n’ai pas l’ajout ou le retrait d’un quelconque symbole religieux sur la place publique qui pourra ébranler mes croyances. Je fais toutefois partie de la génération arc-en-ciel qui perçoit la diversité culturelle comme une richesse et non comme une menace à ma culture d’origine. Si pour vous, le fait d’enlever ce crucifie à l’assemblé national vous rend si nerveux, vous devriez peut-être remettre en questions la solidité de vos propres croyances.
Il ne s’agit pas là d’une guerre de culture ou de religion ni d’une opposition entre minorité et majorité ethnique. Il s’agit plutôt d’un but commun qui devrait être atteint, soit de vivre en harmonie tous ensemble dans le respect mutuel. Même étant catholique je pense qui est tout à fait inapproprié qu’en 2012, il y ait toujours un crucifie à l’assemblé national et je suis convaincue qu’une bonne majorité de ma génération partage mon avis.
Outre cet aspect sur la laïcité des lieux public, vous devez savoir qu’en tant que maire, vous êtes la voix des Saguenéens à l’échelle provinciale. Dire des choses comme ; « Ce qui me choque, ce matin, c’est de voir que nous, les mous, les Canadiens français, on va se faire dicter comment se comporter, comment respecter notre culture par une personne qui arrive d’Algérie, et on n’est même pas capable de prononcer son nom » est, à mon propre avis, extrêmement grave. De plus, d’ajouter sur les ondes de TVA que ça vous dérange plus que la demande soit faite par une immigrée que par une québécoise de souche est d’autant plus grave.
Ces propos dénote une très grande fermeture d’esprit face à d’autres peuples et incite à la dépréciation de tous ce qui est étranger à nous. Je vous ferai remarquer au passage que le nom Tremblay peut être aussi très difficile à prononcer pour une personne qui le lit pour la première fois ! En plus de donner un mauvais exemple aux citoyens de votre ville en ce qui à trait à l’ouverture au monde, vous projetez au reste du Québec une image arriérée de notre région.
Je comprends toutefois que le manque de culture général, la méconnaissance des autres peuples et qu’une certaine limite intellectuelle puisse pousser certains individus à penser de la sorte mais je ne croyais pas que le maire d’une ville prospère comme Saguenay puisse se permettre une mollesse cérébrale si grande.
Au plaisir de vous rencontrer un jour pour parler de vive voix !
Sophie Dumont, Montréal
