Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Solidarité Palestine

Marcher pour Gaza

Des extraits de ce texte de Christian Nadeau ont été lus à la manifestation pour Gaza qui s’est tenue à Montréal le 10 août dernier. Vous retrouverez ci-dessous le texte français ainsi que des versions anglaise et arabe de ce dernier. Cette manifestation a regroupé selon Le Devoir près de 10 000 personnes.

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Depuis un mois, le gouvernement d’Israël bombarde la bande de Gaza en invoquant son droit de se défendre.

Israël prétend rétablir la paix et l’ordre. Or, que peut bien valoir cette paix si elle signe l’acte d’une guerre perpétuelle ? Que peut valoir cette paix si elle proclame l’écrasement d’un peuple ? Que peut bien offrir cet ordre, sinon la dépossession, le malheur et la colère ?

Israël prétend être dans son droit. Or, que peut valoir un droit sans justice ? Personne n’est dupe. Il ne s’agit pas de droit. Il s’agit de pure et simple force. Il s’agit de destruction.

Comment fermer les yeux sur les centaines et les centaines de morts, emportés par cette folie meurtrière qui redouble jour après jour ? Comment cautionner un tel aveuglement sans nous conspuer nous-mêmes ? Nous ne connaissons pas la terreur et la furie. Mais nous sommes ce qu’ils sont, nous sommes ce qu’elles sont, des femmes et des hommes avec la volonté de vivre.

La paix, la liberté, la dignité, l’égalité ne sont pas des vains mots. Si nous ne pouvons leur donner toute leur importance maintenant, à l’heure où meurent par centaines les femmes et les hommes de Gaza, ces termes se videront de leur sens et prendront de nouvelles significations. Ils envelopperont de mensonges les injures, les blessures et les meurtres, augmentant ainsi la longue liste des brimades ; ils deviendront les masques sournois et railleurs des plus violentes iniquités. Si les mots de liberté et de justice possèdent encore un sens, nous devons les parler. Ne les laissons pas en pâture aux vautours.

Contre cette démence, contre cette fureur, il faut une longue chaine humaine dont chaque maillon donne à l’autre une force dont il ne se croyait plus capable.

Il faut un pont, capable de traverser les fausses frontières et de surmonter les haines, orchestrées par les intérêts des puissants. Un tel pont, fait du souffle de nos cris et de nos chants, ira jusqu’à Gaza.

Il faut un mur façonné de nos vies, de nos peines et de nos amours, un mur dont chacun, chacune d’entre nous serait tantôt la brique tantôt le ciment, un mur contraire à tous les murs de sévices et d’insultes, à toutes les forteresses de la ségrégation et du racisme. Un mur qui soutiendra notre humanité, et non un mur qui la divise, l’écrase et la brise.

Il faut un toit pour protéger, un toit solide comme l’affection que se portent les vrais amis.

Il faut une grande maison pleine de fenêtres pour expulser l’obscurité de la mort et du bruit, un édifice ouvert à la lumière pour chasser les cauchemars trop réels des bombes et du sang. Il faut une maison, pour reprendre les mots du poète Mahmoud Darwich, belle « comme la rencontre du rêve et de l’éveil, comme le soleil qui, dans les habits de l’orange s’en va à la mer ».

Contre ce délire de fer et de feu, il faut une immense clameur, capable de parler plus fort que les armes et d’enrayer la guerre, ne fut-ce que pour dire à Gaza que nous ne l’abandonnons pas. Cette clameur, ce sera notre marche pour la justice, notre marche pour la paix, notre marche pour Gaza.

Offrons à Gaza ce qui nous appartient en propre, ce que nul ne peut nous nier, fut-il accoutré des artifices de nos gouvernements. Donnons au peuple de Gaza notre solidarité. Offrons-lui notre amitié. Marchons pour Gaza comme si nous pouvions serrer ses enfants dans nos bras. Marchons pour Gaza comme si nous pouvions ouvrir ses portes, comme si nous pouvions éteindre tous les brasiers.

Le 10 août, rassemblons-nous. Le 10 août, répondons toutes et tous à l’appel pour la paix et la justice.

Ni trop peu, ni trop tard. Ce sont les boniments de nos fausses excuses.

Refusons de baisser les bras car Gaza n’a pas besoin de notre lassitude. Refusons de désespérer car Gaza n’a que faire de notre accablement.

Les gens de Gaza ne veulent pas de nos éclipses ; ils veulent eux aussi le soleil.

Christian Nadeau

Gaza-Québec solidarité : Grande manifestation de la société civile québécoise
dimanche le 10 août 2014, à midi
Départ de la Place Émilie-Gamelin, 
Montréal (métro Berri-UQAM)

Marching for Gaza

Since a month now, the government of Israel has bombarded the Gaza Strip, citing as justification, its right to defend itself.

Israel says it is working to restore peace and order. Yet what value is a peace that consecrates perpetual war ? What value, a peace that proclaims the crushing, the suppression, of a people ? What can such an order offer, other than dispossession, suffering, and rage ?

Isarel claims to be within its rights. But what can such “rights” mean without justice ? No one is fooled ; it is a question of force, pure and simple. And it is a matter of sheer destruction.

How can we close our eyes on the hundreds and hundreds of dead, carried off by this murderous madness which increases day after day ? How to ratify such blindness without making a mockery of ourselves ? We do not know terror and fury. But we are what they are—women and men with the will to live.

Peace, freedom, dignity, and equality are not empty words. If we cannot give them their full import now, at the moment when hundreds of the women and men of Gaza are dying, then these terms will be drained of all their meaning and will surely take on new, unforeseen significations. They will come to envelop—in lies—insults, wounds, and murders, thereby expanding the already long list of bullying and intimidation. They will become deceitful words, derisive masks for the most violent iniquities. If the words “freedom” and “justice” still have meaning, then we must speak them. Let us not leave such terms open to vulture-like predations.

Against this madness, against this fury, we must forge a long, human chain in which each link gives to the next one a strength which he/she no longer felt she/he was capable of having.

A bridge is necessary, liable to cross the false borders and overcome hatreds orchestrated by the interests of the powerful. Such a bridge, built out of the breath of our cries and our songs, must be heard in Gaza.

We must have a wall—made up of our lives, our pain, and our loves ; a wall in which each one of us can be bricks and mortar ; a wall against all the walls of toil and insults, against the fortresses of segregation and racism. We need a wall that will support our humanity and not a wall that divides, crushes, and breaks it down.

And a roof shall be necessary for protection ; a roof as solid as the affection that true friends bear each other.

We need a great house filled with windows to cast out the obscurity of death and clamour ; an edifice open to light to flush out the too real nightmares of bombs and blood. We need a house—as the poet Mahmoud Darwich once said—as beautiful “as the meeting of dreams and awakening, as beautiful as the sun that, garbed in orange raiments, goes forth to meet the sea.”

Against this madness of steel and fire, a great outcry is necessary ; one capable of speaking louder than the arms and of halting the war, if only to say to Gaza that we will not abandon her. This clamour shall be our march for justice, our march for peace, our march for Gaza.

Let us offer to Gaza what is truly ours, what no one can deny us, though he come tricked out in the artifices of our own governments. Let us give to the people of Gaza our solidarity.

Let us offer them our friendship. Let’s march for Gaza as though we could hold their children tightly in our arms. Let us march for Gaza as though we could open its gates, as though we could put out the fires.

On August 10th, let us assemble. Let us respond, together, to the call for peace and justice.

Neither too little, nor too late ; such expressions are the claptrap of our false excuses.

We must refuse to lower our arms, for Gaza does not need our lassitude. Let us refuse to despair, for what use is our depression to Gaza ?

The people of Gaza do not need our ‘eclipses’ and darkness ; they too want the sunlight.

Christian Nadeau
(traduction par Bettina Bergo)

Solidarity Gaza-Québec : A Vast Demonstration of Québécois Civil Society
Sunday, 10 August 2014, at noon.
Starting from the Place Émilie-Gamelin
Montréal (métro Berri-UQAM)

مسيرة من أجل غزة

تقوم حكومة اسرائيل بقصف عنيف لقطاع غزة منذ شهر متذرعة بحق الدفاع عن النفس.

اسرائيل تدعي اعادة بناء السلام والامن. ولكن ما معنى هذا السلام الممهور بحرب دون هوادة؟ ما قيمة هذا السلام الذي يعمل على افناء شعب بأكمله؟ ماذا يمكن ان يقدمه هذا الأمن غير سلب الحقوق والبؤس والحنق؟

تدعي اسرائيل ان هذا من حقها. ولكن ما معنى هذا الحق اذا لم يكن هناك من عدالة؟ لسنا أغبياء. المقصود ليس الحق. المقصود هو فرض القوة لا أكثر ولا أقل. المقصود هو الابادة.

كيف يمكن تجاهل المئات والمئات من ضحايا هذا القتل المجنون والذي يتضاعف يوما يعد يوم؟ كيف يمكن التغاضي عن مثل هذا التضليل والسخرية دون أن نحتقر أنفسنا؟ نحن لم نعرف الخوف والهلع والغضب المجنون. ولكننا مثلهم ومثلهن، رجال ونساء نطمح الى تحقيق مفهوم ارادة الحياة.

ليست كلمات السلام والحرية والكرامة والمساواة فارغة من معانيها. فاذا لم نتمكن من منحها أهميتها الان، في الوقت الذي يموت فيه النساء والرجال في غزة بالمئات، فسوف يتم تفريغ هذه المصطلحات من معانيها ويتم اعطائها معان جديدة حيث تتحول الى أقنعة ماكرة ومتهكمة تغلَف الشتائم والجراح والقتل بالاكاذيب وتخفي وراءها الظلم الأكثر عنفا مما يزيد من قائمة البلطجة الطويلة. اذا كان هناك ما يزال من معنى لكلمات الحرية والعدالة فيجب علينا ان نقولها الآن بدل ان نتركها لقمة سائغة تلتهمها الكواسر.

في مواجهة هذا الجنون، في مواجهة هذا العنف علينا ان نتحد معا لنشكل سلسلة بشرية طويلة تعطي كل حلقة منها من القوة للحلقة الاخرى بما لا يمكن الحصول عليه كل بمفرده.

يجب بناء جسر يستطيع تجاوز الحدود المصطنعة والتغلب على الاحقاد التي تديرها مصالح الدول الكبرى. هذا الجسر المبني من انفاس صراخنا وأغانينا سيمتد الى غزة.

يجب بناء جدار يعكس نمط حياتنا، ويعبر عن آلامنا وأفراحنا، جدار مدعَم بسلسلة بشرية حيث كل واحد وكل واحدة منا سيكون وستكون الحجر احيانا والاسمنت احيانا اخرى، جدار في مواجهة جدران معاقل التفرقة والتمييز العنصري. جدار من شأنه ان يحمي ويدافع عن انسانيتنا بدل أن يعمل على التفرقة والاذلال والتدمير.

يجب بناء سقفا للحماية، سقفا صلبا كصلابة المودة والاخلاص لدى الاصدقاء الحقيقيين.

يجب بناء منزلا رحبا مليئا بالنوافذ لطرد جحيم الموت والدويَ، منزلا مشرعا للضوء لمطاردة كوابيس القذائف والدماء الفعلية. يجب بناء منزلا جميلا وكما يقول الشاعر محمود درويش جميلة "كالتقاء الحلم باليقظة، كالشمس التي تمضي الى البحر بزي البرتقالة".

في مواجهة هذا الجنون من الحديد والنار، يجب رفع الصوت عاليا، صوت اقوى من السلاح وأكثر قدرة على صد الحرب، فقط لنقول لغزة لن نتركك وحدك. هذا الصوت الهادر سيكون مسيرتنا من أجل السلام، مسيرتنا من اجل العدالة، مسيرتنا من اجل غزة.

سنقدم الى غزة ما لدينا بشكل خاص وحيث لا أحد يمكنه نكرانه علينا، حتى ولو تم تغليفه بحيل وخداع حكوماتنا المضحكة. سنعبَر لأهل غزة عن تضامننا. وسنقدم لهم صداقتنا. سنمشي من أجل غزة كما لو أننا نحتضن أطفالها. سنسير من أجل غزة كما لو أننا نفتح أبوابها، سنتظاهر من أجل غزة كما لو أننا نستطيع اطفاء كل حرائقها.

فلنكن على موعد في العاشر من أب\اغسطس. ولنستجيب في العاشر من آب\اغسطس للدعوة الى السلام والعدالة.

فلنكن على الموعد و بأعداد كبيرة. لا للأعذار والكلام المعسول.

لا للاعتراف بالفشل لان غزة لا تحتاج لأناس محبطين. لا لليأس لأن غزة لا تستطيع لكآبتنا شيئا.

لا يريد أهالي غزة أن نخيَب آمالهم، انهم بحاجة الينا. يرغب أهالي غزة، مثلنا، بنور الشمس.

تضامن غزة – كيبك : مسيرة المجتمع المدني الكيبيكي من اجل التضامن مع غزة
الاحد في العاشر من آب\اغسطس 2014 الساعة 12 ظهرا
الانطلاق من ساحة اميلي – غاملان
مونتريال (مترو بيري اوكام)

Christian Nadeau
Traduction : Faten Faour

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