« Tandis que 90 % de nos quelque 30 000 membres sont en télétravail depuis bientôt un an, le SPGQ est ébahi par l’absence de législation particulière sur le télétravail comme l’ont fait d’autres juridictions provinciales canadiennes et d’autres pays. À ce stade, le projet de loi ne comporte aucune mesure pour protéger la santé et la sécurité physique et psychologique des télétravailleurs. Le ministre ne peut pas plaider l’ignorance, d’autant qu’il a déposé son projet de loi en octobre, soit plus de 7 mois après le début de la pandémie. C’est déplorable et même honteux de ne pas avoir tenu compte de cet aspect pourtant majeur » juge Line Lamarre, présidente du SPGQ.
Dans un contexte de télétravail forcé pour la toute grande majorité de ses membres, le plus grand syndicat de personnel professionnel du Québec s’offusque aussi de l’absence totale de programmes de prévention des risques psychosociaux et musculo-squelettiques. Il dénonce aussi le vide abyssal pour les indemnités de réparation des lésions psychologiques et physiques comme la dépression, l’anxiété, l’épuisement professionnel, les coronaropathies et les douleurs musculo-squelettiques.
« Il est vrai que les risques psychosociaux liés au travail sont moins visibles que les risques physiques, ils sont donc plus difficiles à diagnostiquer. Mais, selon l’Institut national de santé publique du Québec, les travailleuses et travailleurs exposés à des risques psychosociaux ont de 1,4 à 4 fois plus de risque d’accidents du travail et 2 fois plus de risque de détresse psychologique. Avec cette lumière on ne peut plus claire, pourquoi la refonte du régime de santé et de sécurité du travail n’adopte-t-elle pas d’exigence particulière pour la prise en charge des risques psychosociaux liés au travail par les employeurs dans les milieux de travail ? Le SPGQ ne peut certainement pas cautionner un projet de loi qui n’est pas explicite sur le fait que les risques psychosociaux liés au travail constituent des risques à la santé et à la sécurité du travail » ajoute Mme Lamarre.
En outre, le SPGQ s’étonne que le ministre n’ait pas tenu compte dans son projet de loi les études qui révèlent que les télétravailleurs ont tendance à travailler plus de temps que prévu, notamment parce qu’ils auraient plus de facilité à se concentrer en raison de la diminution du nombre d’interruptions au travail. Cette situation, s’inquiète le SPGQ, peut conduire au travail excessif et à l’épuisement professionnel, sans parler du sentiment de solitude qui habite de plus en plus ses membres confinés en télétravail.
« Nous sommes farouchement perplexes envers les innombrables zones grises de ce projet de loi concernant le télétravail. Nos membres, de même que toutes les personnes effectuant du télétravail au Québec, devraient bénéficier d’un droit à la déconnexion. La réalité des téléphones cellulaires, des messages textes et de la synchronisation des courriels aux appareils personnels fait en sorte que la personne n’a plus aucune frontière entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle. Sans l’ombre d’un doute, le cycle du travail et celui du repos sont de moins en moins clairs, mais le ministre a choisi d’ignorer cette réalité. C’est inacceptable, car cela démontre la parfaite déconnexion du ministre avec la réalité du travail d’aujourd’hui » conclut la présidente du SPGQ.
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