Édition du 23 septembre 2025

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Syndicalisme

Moins de services directs aux élèves dans les écoles de la région

SAGUENAY, QC, le 25 sept. 2025 - Les compressions budgétaires, les conditions liées aux sommes additionnelles et les cibles d’équivalents à temps complet (ETC) imposées par le gouvernement affectent les services directs aux élèves dans nos écoles.

La Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ), le Syndicat régional des employé(e)s de soutien (SRES-CSQ), le Syndicat du personnel de soutien scolaire de Jonquière (SPSSJ-CSQ) et le Syndicat du personnel de soutien scolaire du Pays-des-Bleuets (SPSSPB-CSQ) dénoncent la situation.

Moins de postes de TES

D’après le Tableau de bord de l’éducation, le nombre de postes de technicienne et de technicien en éducation spécialisée (TES) a diminué entre mai et septembre 2025. En raison des nouvelles cibles d’équivalences à temps complet (ETC), les centres de services scolaires (CSS) doivent réduire le nombre de postes offerts.

Nombre de postes de TES au 14 mai comparativement au 15 septembre 2025 selon les données du Tableau de bord de l’éducation

« Au CSS des Rives-du-Saguenay, nous avons connu une hausse de 8,3 % du nombre d’élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA), ce qui nécessite plus de services pour les accompagner. Il faudrait augmenter le nombre de ressources, mais les nouvelles cibles d’ETC limitent nos moyens d’action. D’autres membres du personnel essaient de compenser, mais il y a une limite à ce qu’on peut faire et à ce qu’on peut accepter, il en va de la qualité des services offerts », déplore la présidente du SRES-CSQ, Sandrine Hovington.

La FPSS-CSQ appelle la nouvelle ministre de l’Éducation à agir rapidement pour remédier à la situation. « Le personnel de soutien scolaire reste profondément préoccupé par le manque de services aux élèves au quotidien », insiste Éric Pronovost, président de la FPSS-CSQ. « Cela passe par une reconnaissance adéquate de leur contribution essentielle, notre rôle est déterminant en éducation ».

Le gel d’embauche paralyse un réseau déjà fragilisé

« Le gel d’embauche vient paralyser un réseau déjà fragilisé. Dans un contexte criant de pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement choisit d’aggraver la situation plutôt que d’y remédier », précise M. Éric Pronovost.

La présidente du SPSSPB-CSQ, Jessica Bouchard, constate que toutes les demandes de ressources supplémentaires en administration et dans les services directs aux élèves sont refusées « c’est incroyable le nombre de refus que les gens du milieu essuient, on a des besoins urgents, mais le gel d’embauche et la cible d’ETC vient tout bloquer. En conséquence, le personnel s’épuise et se sent abandonné. Qu’est-ce que ça va prendre pour que le gouvernement enlève ces conditions ? ».

La présidente du SRES-CSQ ajoute « le gel d’embauche touche également les ouvrières et les ouvriers et les techniciennes et les techniciens en informatique, qui doivent réduire le nombre de réparations qu’ils peuvent effectuer en raison de la diminution des heures allouées à ces tâches. On craint le recours au privé par le CSS, alors qu’il dispose du personnel expérimenté, mais il est contraint par la cible d’ETC ».

Violence à l’école

Les élèves constituent la principale source de ces incidents. Les agressions physiques les plus fréquentes sont les coups reçus et les objets lancés. Pour les agressions non physiques, il s’agit de cris, de blasphèmes, de sacres et de propos injurieux. Il arrive même que des menaces de mort soient proférées.

« La violence envers le personnel de soutien scolaire est inacceptable. Il doit être considéré et traité à sa juste valeur, cela affecte durement. Il faut que cela cesse, il faut protéger le personnel de l’éducation », précise Sarah Allard, vice-présidente du SPSSJ-CSQ.

« Pourtant, le gouvernement promet des mesures fortes contre la violence : prévention, formation, soutien juridique et psychologique, et politiques claires applicables dans tous les CSS. Mais on tarde à en voir les résultats, car on ne donne pas les moyens au personnel en place », ironise Éric Pronovost.

Le portrait des démissions s’améliore, mais demeure préoccupant

Le nombre de démissions a atteint un sommet en 2022-2023. Il revient à des niveaux normaux, mais cela demeure préoccupant. « Chaque démission en est une de trop, cela fragilise le réseau, car il est difficile de trouver des personnes pour les remplacer », souligne Mme Allard.

Nombre de démissions par centre de services scolaire de la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean de 2018-2019 à 2023-2024

Les raisons derrière ces départs sont variées, souligne-t-elle. « Le manque de reconnaissance, les conditions de travail précaires, le manque de ressources et la surcharge de travail sont autant de facteurs qui poussent le personnel de soutien scolaire à prendre la décision difficile de quitter leur emploi dans le domaine de l’éducation ».

Elle ajoute « La perte de personnes expérimentées qui détiennent l’expertise est considérable. Lorsqu’il y a des démissions, il faut remplacer et former du nouveau personnel, ce qui engendre un coût important que le gouvernement devrait prendre en compte ».

Des emplois plus attrayants ailleurs

La présidente du SRES-CSQ précise que des emplois plus attrayants sont offerts dans des entreprises de la région. Plusieurs membres, que ce soient des secrétaires, des ouvrières et ouvriers ou des TES ont démissionné de leur poste pour occuper un autre emploi où ils sont assurés d’obtenir plus d’heures de travail, une charge parfois moins lourde pour un salaire souvent plus avantageux.

« Les postes de concierge ne sont plus attractifs : rien qu’au CSS des Rives-du-Saguenay, il y a des personnes en absences, ce qui a eu pour impact qu’il y a sept (7) besoins non comblés, faute de candidatures. Ce manque criant de personnel signifie que plusieurs tâches essentielles de nettoyage ne peuvent tout simplement pas être réalisées, par manque de temps et de ressources. C’est une situation inacceptable, car une école n’est pas seulement un lieu d’apprentissage, c’est un véritable milieu de vie. Or, pour protéger la santé, la sécurité et le bien-être de toute la communauté scolaire, il est impératif de garantir une salubrité irréprochable dans chacun de nos établissements », déplore Mme Hovington.

Valoriser le personnel de soutien scolaire

« Nous célébrons la Semaine nationale du personnel de soutien scolaire, de ces personnes qui font la différence en éducation, il aurait été plus judicieux que le gouvernement le reconnaisse et ne coupe pas dans les mesures visant à les valoriser » regrette M. Pronovost.

Il conclut « Le personnel de soutien scolaire mérite une reconnaissance pleine et entière, nous espérons que la nouvelle ministre de l’Éducation saura le reconnaitre ».

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