Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Féminisme

Nous voulons un gouvernement féministe. Maintenant.

Quelques jours après l’élection d’un gouvernement majoritaire de la Coalition Avenir Québec (CAQ), la Fédération des femmes du Québec invite ses membres et la population à garder un regard critique face à la promesse de changement faite par le nouveau Premier ministre M. François Legault. La Fédération presse la population à résister aux discours simplistes sur les enjeux de société importants et complexes comme ceux présentés lors de la campagne électorale.

La FFQ a comme slogan « Égalité pour toutes, égalité entre toutes ». Nous espérons voir chaque parti mettre en œuvre ces valeurs. Bien qu’un grand nombre de femmes aient été élues, nous rapprochant d’une certaine parité, la Fédération est loin d’être rassurée quant aux politiques et aux propositions mises de l’avant par le parti au pouvoir. Les silences sur des sujets féministes tels le droit au logement et l’environnement sont tout aussi inquiétants. En effet, nous voyons mal comment les promesses de test des valeurs, d’expulsion de personnes migrantes, de non-respect des droits et libertés par l’utilisation de la clause nonobstant et d’exploration pétrolière à Anticosti sont des signes d’un changement pour une plus grande justice et inclusion sociale.

Les réponses maladroites et inexactes à propos des ententes avec les peuples autochtones n’inspirent pas confiance. Nous doutons que les appels à l’inclusion du parti au pouvoir se traduisent en un Québec plus juste pour toutes et tous. C’est pourquoi nous invitons les groupes féministes et les autres acteurs et actrices de la société civile à garder le cap et continuer le travail d’éducation, de partage d’information, de militance et surtout de résistance. Nos efforts communs sont plus que jamais nécessaires, surtout que pour plusieurs les résultats des élections sont inquiétants et ceux-ci pourraient avoir un impact direct sur les vies des femmes de nos communautés qui sont marginalisées, migrantes, racisées ou vivant en situation de pauvreté.

La parité a-t-elle été atteinte ?

Quant à l’approche d’une certaine parité, 41.6% des élu-e-s sont des femmes, bien qu’elles formaient 47.4% des candidatures des quatre principaux partis. Nous invitons les partis politiques à reconnaître le manque de diversité dans le nombre de candidates élues. De l’ensemble des femmes élues hier, seulement quatre femmes sont racisées. Cet état de fait doit être un incitatif pour les partis de faire mieux et de donner aux femmes de la diversité, plus de place dans les circonscriptions où elles ont de réelles chances de gagner.

Mode de scrutin
Nous demandons aussi au gouvernement Legault de respecter son engagement envers un changement du mode de scrutin et d’en faire une priorité pour les prochaines élections.
 
Du féminisme de façade ?

N’oublions pas qu’en 2012, M. Legault a déclaré que « [l]es filles attachent moins d’importance au salaire que les garçons ».

M. Legault n’a pas vu le problème avec cette déclaration. Il s’est plutôt justifié en disant : « J’ai vu nombreuses études [à ce sujet] quand j’étais ministre de l’Éducation. J’ai même été étonné que les gens soient surpris par cette affirmation. [...] Ce n’est pas sexiste, à la limite, c’est flatteur. Les garçons, plutôt que de considérer à 100% leurs intérêts, attachent plus d’importance au salaire que les filles. » Que va donc faire un gouvernement caquiste pour adresser l’inégalité salariale ?

En 2016, M. Legault s’est aussi senti à l’aise de commenter et vouloir contrôler l’habillement des femmes dans les médias, lorsqu’il a exprimé qu’il avait « un problème avec le burkini ». Du même souffle, il a insisté que son « test de valeurs » servirait à protéger l’égalité des sexes, pour interdire certains nouveaux arrivants d’obtenir la citoyenneté. Il est inacceptable qu’encore une fois, les corps des femmes soient instrumentalisés pour des fins racistes.

L’égalité des sexes mérite d’être discutée par elle-même et non comme excuse pour mettre en place des structures qui vont servir à discriminer contre les immigrants. Rappelons que durant la campagne préélectorale, la CAQ n’a même pas cru bon d’adresser la violence sexuelle mise à la lumière par le #MoiAussi. Le projet de loi-cadre pour la conciliation famille-travail-étude n’a pas non plus été adressé, malgré l’effort de plusieurs groupes communautaires d’ouvrir la discussion sur cet enjeu de société majeur. Les femmes autochtones disparues et assassinées, la violence envers les femmes, la discrimination dans les milieux de travail et pour l’accès au logement n’ont pas été adressées. M. Legault a dit vouloir se pencher sur le problème d’épuisement des infirmières, ce que nous saluons, mais lorsque cela vient au prix d’effriter les services publics et d’avoir recours au secteur privé comme l’a proposé M. Legault, nous sonnons l’alarme.

Durant la campagne électorale, la CAQ a été accusée de faire preuve d’un « féminisme de façade ». Est-ce que l’accusation est juste ? Nous espérons voir la preuve du contraire dans les prochains mois.

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