Édition du 16 avril 2024

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Europe

Pandémie : Urgences et jours d’après

Nous publions ici un texte de la Gauche démocratique et sociale (GDS) que nous adressons à toute les forces progressistes (associations à l’initiative de la pétition « Plus jamais ça », syndicats et partis de gauche). C’est une contribution au débat sur les mesures d’urgence indispensables pendant la pandémie, mais aussi sur les mesures pour les « jours d’après » si l’on veut que tout ne recommence pas comme avant : un monde dominé par la finance, une économie profondément insoutenable socialement et écologiquement. Vous pouvez feuilleter ce texte de GDS en cliquant ICI .

contribution GDS
http://www.gds-ds.org/pandemie-urgences-et-jours-dapres-contribution-gds/
07/04/2020 | la rédaction

Pandémie : Urgences et jours d’après

Répondre à la crise sanitaire et préparer les jours d’après contre Macron et son monde

Préambule

La tragédie de la pandémie du coronavirus frappe toute la planète.

Elle ignore toutes les frontières.

Elle ne laisse aucune chance à des issues individualistes ou nationalistes.

Elle met cruellement au jour les inégalités sociales dans tous les pays.

Des chercheurs, des médecins, avaient alerté, mais la volonté de « rassurer les marchés financiers » et les politiques budgétaires d’austérité pour répondre aux exigences des actionnaires n’ont pas permis de les entendre.

Le fléau de la pandémie est en train de se combiner au plan mondial et européen avec une triple crise financière, économique et climatique. Chacune se nourrissant des autres.


En France, la crise sanitaire agit comme un puissant révélateur.

Notre système de santé victime de l’austérité budgétaire depuis des décennies, se trouve démuni face à la pandémie. La responsabilité en revient principalement au gouvernement Macron-Philippe ignorant délibérément depuis un an les cris d’alarme et la grande mobilisation du personnel hospitalier, des EHPAD et des experts. Ils ont refusé de négocier, ils ont matraqué et gazé. Avec Macron, il y a eu davantage de répression policière que de prévention sanitaire, davantage de stocks de lacrymos que de stocks de masques.

On le voit pendant le confinement : qui fait tourner le pays ? C’est la France du SMIC ! Celle qui était hier invisible est revenue sur le devant. C’est avec elle que doit se construire la nouvelle société d’après confinement.

L’impréparation de notre pays n’est pas une défaillance par maladresse mais le résultat des politiques néo- libérales détruisant méthodiquement nos services publics.

Lorsqu’il s’agit d’agir face aux crises climatique, sanitaire, financière et économique, se révèle la faillite des sociétés capitalistes, dominées par le court terme et la recherche du profit maximum, dictées par l’égoïsme de la classe dominante et par la finance spéculatrice.

Dans le récit de la classe dominante, chacun était responsable de sa santé, de sa vie, de sa réussite scolaire, l’État ne pouvait pas tout, la « main invisible du marché » organisait au mieux le monde, il fallait constamment rassurer les marchés financiers, la dette publique pèserait sur les générations futures, l’argent magique n’existait pas, il y avait ceux qui avaient réussi et ceux qui n’étaient rien.

Ce récit, la mobilisation des Gilets jaunes, celle pour la défense de la SNCF, celle contre la réforme des retraites l’avait déjà largement fissuré.

La crise actuelle le met en lambeaux. L’absence de masques, de tests, de lits, de respirateurs, de médicaments ne dépendait pas de la responsabilité de chacun mais des politiques qui ont, avec constance, affaibli l’hôpital public. Le marché est incapable de faire face à la crise, c’est l’État qui le fait. Des centaines de milliards « d’argent magique », de dettes publiques sont dépensés pour sauver l’économie capitaliste. Le confinement des élèves met en évidence la fracture numérique. La « mondialisation heureuse » empêche notre pays de disposer de moyens élémentaires pour faire face à la pandémie : ils sont fabriqués ailleurs, là où ils coûtaient tellement moins cher…

En pleine pandémie, le gouvernement en profite pour entreprendre une nouvelle et violente attaque contre le Code du travail, maintient l’activité dans des secteurs non essentiels, provoquant ainsi la mort ou mettant en danger la vie et la santé de nombreux salariés.

Le caractère autoritaire et irresponsable de l’exécutif est d’autant plus odieux qu’une fois de plus les hauts revenus sont épargnés. Le président des riches a décidé de faire payer la facture de la crise à ceux qui doivent travailler, aggravant ainsi les inégalités sociales. Le gouvernement Macron-Philippe et les auteurs des politiques qui nous ont conduits jusque-là devront rendre des comptes - devant la justice, ils devront être poursuivis pour non-assistance à personne en danger - aux travailleurs par la mobilisation sociale – aux citoyens par le suffrage universel.

Cette impréparation et la gestion déplorable de la pandémie signent la fin d’un monde et la nécessité d’en construire un autre.

C’est à la gauche unie et aux écologistes de surmonter une des plus graves crises de notre histoire, dans la justice, la solidarité et le respect de la démocratie. Ils doivent faire front autour d’un plan d’urgence alternatif à celui du gouvernement.

C’est pourquoi nous leur soumettons, ainsi qu’à tous les militants et électeurs de gauche et plus généralement à tous électeurs qui n’acceptent pas la situation actuelle, des mesures d’urgence pour le secours de toute la population, pendant la pandémie, d’autres pour l’après pandémie.


Il faut tirer les leçons de cette pandémie et nous prémunir à l’avenir.

Nous sommes des millions à nous inquiéter à juste titre pour notre santé et notre bonheur futur.

Et puisque nous sommes tous et toutes frappé.es, nous voulons nous en sortir ensemble.

Nous voulons des réponses immédiates pour aujourd’hui, pendant le confinement.

Et des réponses quand nous sortirons du confinement obligatoire.

Nous voulons que, les jours d’après, la politique change et se réoriente du tout au tout car si nous laissons faire Macron, après sera pire qu’avant.


Dans l’immédiat, pour la durée de la pandémie

Nous exigeons de Macron qu’il décide des mesures énergiques suivantes « quoi qu’il en coûte ».

 Un premier collectif budgétaire et d’autres si nécessaire, pour répondre à l’urgence sanitaire en engageant des fonds massifs pour les hôpitaux, les médicaments et la recherche, vers une reconstruction de l’ensemble de ces secteurs.

 5 à 10 milliards immédiatement pour les hôpitaux publics (les 5 milliards demandés avant la crise et le déblocage de tous les fonds nécessaires pour surmonter la crise) ; moratoire sur la dette de l’hôpital anticipant son annulation au sortir de la crise.

 5 milliards immédiats pour la recherche publique demandés par les chercheurs en réorientant tout de suite les ressources fiscales du Crédit d’Impôt Recherche vers la recherche publique.

 4 milliards immédiatement pour les Ehpad, un rapport parlementaire de mars 2018 avait chiffré les besoins à 8 milliards sur 4 ans.


Répondre à l’urgence sanitaire

 Généraliser la distribution de masques à toute la population et procéder à des tests massifs pour assurer la sortie de la pandémie.

 Augmenter les salaires de 300 € par mois pour les personnels soignants et « de première ligne ». Ce sont eux qui font tout et qui sont les plus mal payés. Pas de charité, pas de prime, pas de « don », mais du salaire et maintenant.

 Ne pas exposer les salariés pour éviter la propagation du virus. Dresser tout de suite (enfin et avec les salariés eux mêmes, les organisations syndicales et les CHCST) des listes strictes et les plus complètes possible des « activités essentielles » et « non essentielles ». Distinguer ainsi les entreprises et les secteurs essentiels dans les entreprises. Il faut en finir avec l’injonction incompréhensible du gouvernement : « Confinez-vous mais allez travailler ! ».

 Réquisitionner et reconvertir toutes les entreprises capables d’assurer en France la production immédiate prioritaire et massive pour tout ce qui est médicalement nécessaire pour assurer la fin de la pandémie : par exemple, Luxfer (bouteilles à oxygène), Famar, (chloroquine), Honeywell (masques respiratoires), laboratoires publics et privés (tests de dépistage) ; et celles des grandes entreprises qui ont les moyens et doivent les mettre au service du pays.

 Réquisitionner et reconvertir les industries nécessaires pour la réorganisation de toute la santé publique pour assurer une protection sanitaire immédiate et systématique pour tous les salariés des activités essentielles, tenues, masques, gants, rétablissement des CHSCT dans les entreprises de plus de 20 salariés et droit de retrait.

 Instaurer la réduction du temps de travail avec maintien du salaire dans toutes les activités essentielles pour concilier vie familiale et vie professionnelle (grande distribution en particulier) et négocier l’organisation du travail.

 Mettre en place le temps de la pandémie des transports gratuits et des logements pour les salariés en « première ligne ».

 Organiser le télétravail partout où c’est possible avec respect des conditions et durées du travail.

 Mettre à l’abri les SDF en réquisitionnant les hôtels et les logements vacants.

 Régulariser les sans-papiers : c’est une mesure de salubrité publique pour qu’ils se protègent et protègent, du même coup, toute la population.

 Rouvrir les marchés alimentaires en priorité pour les producteurs locaux en organisant le respect des règles de distanciation sociale.

Préserver les libertés publiques

Les mesures nécessaires à la lutte contre la pandémie doivent être mises en œuvre de façon proportionnée et la durée des dispositions de la « loi d’urgence sanitaire » ne doit pas être laissée à l’arbitraire du pouvoir exécutif et de sa majorité parlementaire.

 La prévention sanitaire doit l’emporter sur la répression policière.

 Le recours à des ordonnances pour limiter certains droits sociaux n’est pas acceptable.

 L’exécutif, pour justifier ses décisions, ne peut pas se retrancher derrière la création d’un comité scientifique dont la composition reflète, selon la Ligue des droits de l’Homme « le manque d’indépendance ».

 Rétablir la pluralité de l’information et des opinions dans les médias télévisés.

 Donner au Parlement les moyens d’exercer son rôle en matière de contrôle du gouvernement via une commission parlementaire ad hoc comprenant au moins un membre de chacun des groupes de l’assemblée. La commission sera informée quotidiennement par le gouvernement. Chaque groupe de l’assemblée aura droit à un droit de réponse pour chaque allocution publique du gouvernement.

 Demander la sortie de l’état d’urgence sanitaire dès la fin du confinement. Les dispositions sanitaires à prendre après le confinement devront être votées via la procédure législative habituelle.

 Revaloriser les subventions du monde associatif et les aides à la presse écrite pluraliste régionale et nationale.


Sécuriser l’emploi et le droit du travail :

 Abroger immédiatement les ordonnances « coup de force » de l’état d’urgence dit « sanitaire » qui remettent en cause le droit du travail. Non aux 60 heures, oui aux 35 heures légales. Non au repos quotidien de 9 heures, retour au repos obligatoire des 11 heures.

 Prolonger le confinement permis par l’arrêt de toutes les activités non essentielles avec garantie des salaires, chômage technique pris en charge à 100 % par l’État et les employeurs.

 Garantir tous les éléments de salaires pour les salariés, dont les précaires et les intermittents.

 Garantir les revenus professionnels jusqu’à hauteur de 2,5 fois le SMIC (y compris pour les indépendants : petits commerçants, artisans, auto-entrepreneurs, ubérisés...)

 Considérer comme victimes d’accidents du travail avec tous les droits afférents tous ceux qui sont malades du Covid19 suite à leur activité professionnelle.

 Interdire tous les licenciements ainsi que le versement de dividendes. Maintenir des contrats de travail pour les intérimaires, saisonniers, CDD, contractuels de la Fonction publique et former et recruter immédiatement !

Renforcer la protection sociale :

- Contrôler les prix des produits alimentaires et des biens de première consommation. Supprimer la TVA sur les produits de première nécessité.

 Faciliter l’accès au fond de solidarité logement pour la durée de la pandémie. Stopper immédiatement les expulsions de logement, reverser les APL et bloquer les loyers dans le secteur privé.

 Supprimer tous les frais bancaires, agios, intérêts débiteurs par les banques pour la durée de la pandémie. Geler les remboursements des prêts pour les plus précaires.

- Mettre en place des commissions départementales, coordonnées et centralisées, appuyées sur les préfets, l’administration fiscale et les Directions régionales du travail (DIRECCTE), et sur la Banque publique d’investissement, avec des représentants des organisations de salariés, pour contrôler et orienter les choix des banques dans le financement des entreprises en difficulté ou en reconversion (pour les emprunts avec garantie d’État).

 Soutenir les entreprises en difficulté (entreprises individuelles, artisans, commerces, paysans, TPE de moins de 11 salariés). Faciliter la procédure d’accès à une aide 1 500 €.

 Maintenir intégralement les salaires, les retraites, les aides aux gardes d’enfants, les aides alimentaires, les aides aux handicapés. Permettre un moratoire sur les factures d’eau, de gaz, d’électricité et sur les loyers.

 Déployer massivement des mesures spécifiques pour la prise en charge des personnes isolées, maltraitées, des SDF, des immigrés sans logis et de ceux qui sont récemment sortis de prison.

 Contrôler, verbaliser et poursuivre en référé les employeurs qui mettent en danger leurs salariés, trichent sur les prix et spéculent sur les marchandises vitales.

Les jours d’après

La fin du confinement ne peut déboucher ni sur un statu quo ni sur des politiques de rigueur comme après la crise financière de 2008 qui ont mené à la faillite actuelle.

Répondre à la crise sanitaire demande la mise en œuvre de la transition de notre économie vers un autre modèle de développement social et écologique.

Renforcer d’urgence l’hôpital public et les Ehpad

La pandémie a montré ce que coûtait la gestion de l’hôpital public lorsqu’il devenait une entreprise obligée de travailler en flux tendus parce que les stocks (de masques), les réserves (de lits) seraient trop onéreux. Résultat aberrant : des hélicoptères, des TGV, des avions pour transporter des malades là où il y a encore des lits !

Le système de santé doit être reconstruit autour de l’hôpital public, en première ligne pour lutter contre les maladies et les pandémies et dont l’engagement de son personnel a forcé l’admiration de tous. Applaudir le personnel de santé est beau, lui donner des moyens et des effectifs c’est mieux. Plus personne, le jour d’après la pandémie, ne supportera les services d’urgences submergés, la fermeture continuelle de maternités ou de lits d’hospitalisation, un personnel soignant surchargé de travail et la plupart du temps sous-payé.

Il est inadmissible qu’il existe à côté du secteur public, des hôpitaux et des cliniques privés qui garderaient les seules activités lucratives. Cela signifie :

 Annuler les dettes des hôpitaux accumulés par 10 ans de politiques néolibérales (8 à 10 milliards d’euros).

 Supprimer la tarification à l’activité qui permettait aux Agences régionales de santé de réorganiser le secteur hospitalier au profit du secteur privé.

 Organiser une campagne de recrutement massif et de formation de soignants et de soignantes (infirmier.e.s, aide-soignant.e.s, médecins hospitaliers…) dans les meilleurs délais.

 Reprendre immédiatement les opérations et les soins vitaux essentiels (IVG, affections de longues durées…) et tenter de rattraper le retard pris durant la pandémie.

 Favoriser puissamment la recherche publique fondamentale car c’est la seule qui soit vraiment efficace. La loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR) basée sur le profit privé à court terme doit être abrogée. L’abandon de la recherche sur les Coronavirus au début des années 2000 sous prétexte qu’elle n’était pas rentable à court terme, doit servir de leçon.

 Reconstruire de fond en comble le secteur public des EHPAD pour permettre aux personnes âgées de connaître une fin de vie décente et la plus heureuse possible. La pandémie a révélé le dévouement et le sous-équipement des personnels qui y travaillent courageusement sans les protections nécessaires, sous-payés et bien souvent précaires.

 Mettre en place un grand service public du médicament et de la recherche.

 Relocaliser la production des médicaments des grands groupes pharmaceutiques et contrôler leurs profits gigantesques. Fixer et planifier des missions de service public aux groupes pharmaceutiques, ceux de l’industrie chimique et plus généralement au secteur industriel et financier utile pour ces relocalisations. Il faut enlever la production et la recherche pharmaceutique d’une logique de la concurrence et du de profit.


Aider les salariés pour mener la bataille

La récession économique va entraîner dans les entreprises des batailles autour des salaires, de la durée et du partage du travail, des licenciements.

Des mesures doivent être prises pour permettre aux salariés d’être les acteurs des choix stratégiques qui seront faits.

 Respecter fermement la durée légale de 35 h hebdomadaires, du repos quotidien de 11 h, du repos du dimanche sauf dérogations pour force majeure, des jours fériés et des cinq semaines de congés payés garanties à des dates négociées à l’avance.

 Rétablir les CHSCT indépendants et à partir de vingt salariés. Rétablir des postes de médecins du travail en nombre suffisant. Renforcer les instances représentatives du personnel. Réactiver les prud’hommes.

 Redonner les moyens aux inspecteurs du travail d’arrêter tout lieu de travail où les règles de confinement ne sont pas respectées et aux forces de l’ordre de faire payer des amendes aux entreprises pour toute infraction (autant qu’il y a de personnes concernées)

 Généraliser le contrôle des licenciements par l’inspection du travail afin d’interdire toute « vague » de licenciements abusifs, et permettre aux salariés et à leurs syndicats d’offrir chaque fois des alternatives, cessions, fusions, reprises, coopératives…

 Abroger les possibilités de rupture conventionnelle : pas de rupture non motivée des contrats de travail en cours.

 Établir l’égalité salariale entre les femmes et les hommes : dans la pandémie, les femmes ont été en première ligne, soignantes, enseignantes ou caissières, comment tolérer encore que leurs salaires soient plus bas ?

 Rendre responsables juridiquement, financièrement, économiquement les grandes entreprises donneuses d’ordre pour toutes les entreprises sous-traitantes auxquelles elles font appel. Aligner ces dernières, le temps de leur mission, sur la convention collective principale des entreprises utilisatrices. Faciliter et généraliser la reconnaissance des unités économiques. Ne tolérer qu’un seul niveau de sous-traitance.

Mesures sociales et écologiques

 Renforcer les services publics qui ont été affaiblis par la crise en veillant tout particulièrement à leur renforcement et leur retour dans les quartiers populaires, les zones rurales et périurbaines.

 Établir des minima sociaux qui ne doivent pas être inférieurs au seuil de pauvreté 2019 (1 026 € mensuels en 2019) pour une personne seule.

 Ne pas diminuer le montant des APL et ne pas supprimer les tarifs réglementés du prix du gaz comme le veut la loi du 8 novembre 2019. Plafonner les prix des loyers.

 Annuler le gel de la valeur du point dans la Fonction publique. Augmenter substantiellement le SMIC. Indexer le montant des retraites sur l’inflation comme le prévoit la loi du 22 juillet 1993.

 Abroger la réforme de l’assurance chômage décidée par la loi du 5 septembre 2018 qui diminuait les droits des allocataires, les personnes les plus fragiles étant les plus impactées. Muriel Pénicaud justifiait cette réforme en prétextant une diminution du nombre de chômeurs. Avec la récession et la montée du chômage de masse qu’elle provoquera, ce prétexte apparaîtra vite pour ce qu’il est : une mascarade.

 Abroger la réforme des retraites. La pandémie a mis en évidence l’utilité sociale de ceux et celles qui en pâtiraient le plus. Les enseignants perdraient jusqu’à 30 % de leur retraite. Les salariés à temps partiel comme les caissières seraient lourdement pénalisés. Les salariés de la RATP, de la SNCF, les aides aux soins, à l’entretien, à la sécurité, à la propreté comme les égoutiers, et éboueurs perdraient leur droit à partir plus tôt en retraite alors qu’ils sont aussi « utiles à la nation » que les militaires et les policiers qui conserveraient ce droit.

 Limiter à 5 % les précaires dans les entreprises et titulariser les contractuels de la Fonction publique. Les précaires lourdement ont été impactés par la pandémie et, de peur de perdre leur gagne-pain, sont bien souvent restés au travail, la boule au ventre.

 Mettre hors-la-loi toute forme de contrat commercial visant à remplacer des contrats de travail, ce qui signifie la fin de l’ « ubérisation ». Tous les contrats en cours seront requalifiés en contrats de travail.

 Déployer un plan massif de rénovation énergétique des logements ainsi qu’un plan tout aussi massif de logements sociaux d’urgence pour les démunis. Les logements vides seront réquisitionnés pour loger les SDF.

 Déployer un plan national d’accueil des immigrés sur notre sol afin de les recevoir dans des conditions décentes de logement, d’éducation, de soins.

 Dénoncer unilatéralement la directive « travailleurs détachés ».

Engager une véritable transition écologique

Le coronavirus a, selon tout vraisemblance, été transmis par un animal sauvage à un animal domestique qui, à son tour, l’a transmis à l’homme ou plus directement d’un animal sauvage (chauve-souris, pangolin…) à l’homme. Ce n’est pas le premier virus qui a été ainsi transmis à l’homme et ce ne sera certainement pas le dernier si la même politique de déforestation, de destruction des habitats des animaux sauvages, continue à précipiter l’effondrement de nos écosystèmes, dans le seul but de générer des profits. La transmission du virus a été accélérée par l’intensité des échanges conséquence de la mondialisation de la production.

Nous sommes talonnés par le temps pour empêcher un basculement climatique dont tous les effets ne se feraient sentir qu’à la fin du siècle mais qui serait irréversible. Pour l’éviter à tout prix, nous devons engager une véritable politique de planification et d’investissements en direction de la transition écologique.

 Organiser un débat national – notamment sur la politique d’aménagement du territoire et les projets immobiliers et commerciaux du projet "Grand Paris" - pour arrêter les modalités de la mise en œuvre d’un plan de transition écologique, de sécurité alimentaire, énergétique, de fin de « l’obsolescence programmée » avec des mesures immédiates. Ce plan devra principalement comporter des investissements publics substantiels dans l’efficience énergétique des bâtiments, le développement de la gratuité des transports publics urbains et le développement des énergies renouvelables.

 Planifier permettrait de créer des emplois dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’agro-écologie et de certains transports collectifs (le train plutôt que l’avion).

 Remettre en cause le modèle agricole dominant. La crise montre l’importance des circuits courts. Il s’agit de privilégier des formes d’agriculture paysanne, durable, biologique dans le but de respecter l’environnement naturel et de la biodiversité.

 Soutenir les filières industrielles qui nécessitent une relocalisation au plus près des territoires, tout en refusant que cette relocalisation se fasse en abaissant les salaires et la protection sociale pour rendre la France « attractive » et attirer les capitaux, comme le prévoit Macron.

 En finir avec les traités de libre-échange qui, tel le CETA (accord entre l’UE et le Canada), nivellent vers le bas nos normes sociales, sanitaires et écologiques.

 Rationaliser les transports. Tout comme la santé, l’école, et d’autres services publics, le transport ferroviaire fait partie "des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché" (dixit Macron). La SNCF doit redevenir un service public efficace pour le maillage des territoires et comme alternative au tout-automobile. Revenir sur son ouverture à la concurrence. Revenir à un statut unique des cheminots. Supprimer les cars "Macron". Développer le ferroutage comme alternative aux transports routiers. Développer une politique de gratuité pour les transports en commun dans les villes où c’est possible.


Se doter des moyens d’action financiers

Là où il n’y avait pas « d’argent magique », le gouvernement a bien fini par trouver des dizaines de milliards nécessaires pour éviter la catastrophe.

La Commission européenne a suspendu l’application du pacte de stabilité : ce n’est pas suffisant, ce pacte doit être abrogé.

Nous n’avons pas la mémoire courte. Nous n’accepterons pas que, comme après la crise de 2008, l’UE suspende les limites imposées aux dettes et aux déficits publics le temps de sauver les banques et le système capitaliste, mais ferme aussitôt la parenthèse pour faire payer l’addition de la crise aux salariats européens avec l’appui enthousiaste de tous les gouvernements néolibéraux.

Nous attendons de l’UE trois autres mesures, immédiatement nécessaires pour lutter contre la pandémie et ses suites :

 Une augmentation du budget européen de 1 % à 5 % du PIB de l’UE, avec la création de nouvelles ressources propres, notamment par des impôts sur les sociétés et sur les grosses fortunes.

 L’émission de « coronabonds » à hauteur de 1000 milliards d’euros par l’UE pour financer trois types de dépenses : les dépenses liées à la lutte contre la pandémie, la transition énergétique et de décarbonisation et les investissements en infrastructures numériques.

- La Banque centrale européenne qui a annoncé un plan de monétisation des dépenses publiques doit prêter directement aux États sans passer par les banques. La BCE a également suspendu les limites qu’elle s’imposait pour l’achat de dettes publiques. Cette suspension et ce plan de monétisation doivent être pérennisés au-delà de l’urgence sanitaire.

La crise était inimaginable, elle a rendu un autre monde imaginable

Il faudra alors aller chercher l’argent où il est :

 en accroissant le nombre de tranches de l’impôt sur le revenu,

 en augmentant la contribution des tranches les plus élevées,

 en augmentant les droits des grosses successions,

 en abrogeant les exonérations de cotisations qui minent les caisses de la Sécurité sociale,

 en rétablissant l’ISF et en le complétant par un impôt exceptionnel « 2020 pandémie »,

 en interdisant de verser des dividendes aux actionnaires pour les entreprises recevant une aide publique.

 en taxant tous les profits non réinvestis,

 en taxant à 90 % tout salaire ou revenu supérieur à vingt SMIC,

 en mettant en place un vaste plan de lutte contre la fraude et l’optimisation fiscale…

Si cela ne suffit pas, il faudra aller plus loin en n’hésitant pas à :

 faire des incursions dans la propriété privée des moyens de production et des banques,

 imposer une planification écologique impérative pour les entreprises concernées,

 imposer un moratoire de notre dette publique et un audit de cette dette.

 organiser un processus constituant pour refonder le pacte constitutionnel européen.


Débattre à gauche

La présentation en commun de propositions pour l’immédiat donnerait de la force à celles-ci. Nous les mettons en débat pour nourrir un plan commun de mesures immédiates. Dans le même temps, la discussion sur les jours d’après a déjà commencé. Elle doit se développer maintenant.

Nous proposons de :

 Mettre en place un comité de liaison de toutes les organisations de gauche et des écologistes, ouvert à tous, sans exclusive et sans hégémonie.

 Organiser des échanges de vues, des auditions, prendre en compte les propositions des organisations syndicales, des associations citoyennes, des collectifs et mouvements citoyens pour nourrir la réflexion collective.

 Rechercher un accord efficace et dynamique où chacun a sa place, où chacun se respecte.

 Se doter ensemble d’une plateforme d’action commune, de transition sociale et écologique, pour une VI° République sociale, démocratique parlementaire, proportionnelle, laïque, féministe, écologique et pacifique.

 Mettre au centre de cette plateforme d’action et de transition écologique et sociale, les mesures (cf. ci-dessus) pour répondre à la crise sanitaire, économique et financière et écologique à venir.

 Doter d’un sigle commun cette plateforme ou « comité de liaison ».

 Engager les débats dans les semaines suivantes, avec le peuple de gauche, le salariat tout entier, pour enrichir la démarche (assemblées, comités, collectifs locaux, réseaux de solidarité…).

 Construire avec cette démarche les coalitions électorales et les listes unitaires nécessaires pour vaincre, aux échéances qui surviendront, la néfaste politique de Macron qui a conduit le pays au désastre social et écologique.


Conclusion

Rien ne sera plus comme avant, mais c’est pour le meilleur ou pour le pire.

Le monde doit changer de base mais cela ne se fera pas spontanément.

Deux issues sont, en réalité, possibles :

La première serait un changement en profondeur qui verrait la société et l’économie rompre avec le désordre néolibéral et se fixer pour objectif de satisfaire les besoins sociaux (santé, logement, éducation) tout en engageant résolument la transition écologique.

La seconde verrait le capitalisme nous faire payer, comme après la crise de 2008, l’addition de ce que lui auront coûté la pandémie, la crise économique et la crise financière et laisser aux actionnaires le soin de lutter contre le réchauffement climatique et l’extinction des espèces.

En France, il est tout à fait possible que Macron perde la présidentielle de 2022. Mais, là encore, ce sera pour le meilleur ou pour le pire. Le pire serait le Rassemblement national au pouvoir.

Battons-nous pour le meilleur, un front uni de toute la gauche républicaine, socialiste, communiste, écologiste, insoumise… dès le premier tour, remportant l’élection présidentielle puis les législatives qui suivront.

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