Édition du 23 avril 2024

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Europe

Présidentielle en France : à la gauche de la gauche

Au Québec, si l’on en croit ce que les médias québécois nous rapportent de l’ élection présidentielle française, la campagne électorale tourne principalement autour des candidatures de droite, celles de Nicolas Sarkozy de l’ Union pour un Mouvement Populaire (UMP) et de Marine LePen, candidat du parti d’extrême droite, le Front national (FN) d’une part, et celle à gauche de François Hollande du Parti socialiste (PS).

Cette description par les grands médias québécois ne permet pas vraiment d’expliquer les véritables enjeux de la campagne. On présente le candidat Sarkozy de l’UMP qui fait une campagne pour conserver son poste face au candidat de gauche François Hollande qui veut le remplacer un peu comme si c’était un concours de personnalité du type de l’élection présidentielle américaine. C’est peut-être dû en partie au fait que ces deux candidatures ne présentent pas au fond de si profondes différences par rapport aux politiques d’austérité envisagées par chacun. Les grands médias québécois ne nous informent pas sur la signification rétrograde et barbare de la candidature d’extrême droite de Marine Le Pen du (FN) et sur la nature de ses appuis. Ils ne font pas de liens non plus entre la grave crise économique qui sévit en Europe, les mesures d’austérité draconiennes prises par les gouvernements européens, les luttes populaires de résistance des travailleurs et travailleuses face à ces mesures et cette élection présidentielle. Ils ne disent peu de choses sur les plates-formes de ces candidatures. En somme, ils ne font preuve ni de profondeur et ni de rigueur.

En fait, il y a 12 autres candidatures à la présidence française. Bon nombre de ces candidatures sont des candidatures potentielles parce qu’elles doivent réunir 500 parrainages d’élus dans au moins 30 départements français avant le 16 mars pour avoir le droit de figurer sur le bulletin de vote au premier tour de scrutin qui se tiendra le 22 avril. Ces élus locaux sont pour la plupart membres des deux grands partis, l’UMP et le PS, et ces derniers partis ne veulent pas rendre la vie facile à certaines « petites » candidatures.

Dans la présidentielle française de 2012, il y trois candidatures qui se démarquent à la gauche de gauche officielle : celle Jean-Luc Mélenchon du Front de Gauche, celle Nathalie Arthaud de Lutte ouvrière (LO) et celle de Philippe Poutou du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) . Chacune de ces trois candidatures tente, avec de faibles moyens, de se démarquer à leur façon, et de mobiliser avec des succès divers, la population contre les méfaits de crise économique capitaliste et contre les politiques d’un gouvernement de droite.

La candidature de Jean Luc Mélenchon soutenu par le Front de Gauche obtient de 8% à 9% des intentions de vote dans les sondages. Le Front de Gauche est un coalition animée par le Parti de Gauche (issu du PS) et le Parti communiste, la Gauche unitaire, la Fédération pour une alternative sociale et écologique, République et socialisme, Convergence et alternative et le Parti communiste ouvrier de France. Le Front de Gauche présente un programme fait d’une combinaison de mesures antinéolibérales et de certaines mesures anti-capitalistes. La candidature de Mélenchon se veut rassembleuse de la gauche antinéolibérale.

Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, organisation qui se réclame du trotskisme, se présente comme une candidate communiste et poursuit le même type de campagne qu’avait faite Arlette Larguiller pour LO, en faveur du monde du travail. Elle ne cherche pas à faire une alliance avec d’autres forces politiques anticapitalistes. Le NPA a choisi Philippe Poutou ouvrier à l’usine First-Ford de Blanquefort en Gironde. Le NPA est nouveau parti politique créé en 2009 à l’initiative de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Philippe Poutou a été choisi comme candidat du NPA suite au retrait d’Olivier Besancenot. La plate-forme de Philippe Poutou vise la mobilisation unitaire et anticapitaliste de travailleurs et des travailleuses « Au centre de notre politique, il y a le souci d’aider au regroupement de toutes celles et tous ceux qui refusent les politiques d’austérité, de construire l’unité des travailleurs et des travailleuses et de leurs organisations. Mais à travers cette bataille, il est indispensable de tracer une perspective anticapitaliste. Il appartient aux travailleurs eux-mêmes de se protéger contre la crise en imposant leurs exigences dont l’annulation de la dette, une autre politique qui réponde aux besoins de la population en rupture avec la soumission aux classes dominantes, à la finance » ( Hebdomadaire du NPA Tout est a nous !, 138, 1er mars 2012). Les candidatures de LO et du NPA ne font pas plus que 1% dans les sondages pour le moment loin des 10% qu’elles ont déjà fait ensemble.

Le défi de ces trois formations politiques de la gauche de la gauche est de dépasser le 10% qu’elles font ensemble dans les sondages. Mais, c’est aussi de soutenir la résistance et la mobilisation unitaire de travailleurs et travailleuses pour vaincre les mesures d’austérité et les politiques réactionnaire du gouvernement Sarkozy-Fillon et de contrer la trahison certaine d’une éventuelle administration Hollande.

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