Édition du 7 mai 2024

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Projet de terminal de granules de bois : Mauvais projet au mauvais endroit (Nature Québec et le Conseil régional de l’environnement de la région de la Capitale-Nationale )

Québec, le 6 novembre 2013 — Nature Québec et le Conseil
régional de l’environnement de la région de la
Capitale-Nationale (CRE–Capitale nationale) déplorent le feu vert
accordé par l’Administration portuaire de Québec (APQ) au
projet de terminal de granules de bois dans le secteur de l’Anse-au-Foulon.
Ils invitent Rentech, Arrimage Québec et l’APQ à faire preuve
de responsabilité sociale et à mettre fin immédiatement aux
travaux en cours. Ils interpellent également madame Françoise
Mercure, présidente et directrice générale de la Commission de
la capitale nationale, monsieur Régis Labeaume, maire de la ville de
Québec et madame Agnès Maltais, ministre responsable de la
région de la Capitale-Nationale afin qu’ils interviennent rapidement
pour empêcher l’aménagement de ce terminal maritime pour le
débardage de granules de bois. Selon les deux organismes, il s’agit
d’un mauvais projet, au mauvais endroit.

Mauvais projet

D’un point de vue environnemental, le projet de terminal de granules de bois
accepté par l’APQ est inacceptable. « Les projets gagnants sont
ceux qui visent le remplacement des combustibles fossiles pour le chauffage et dont
l’approvisionnement en biomasse résiduelle repose sur des circuits
courts. Or, dans ce projet, les granules exportés serviront à
d’alimenter des centrales thermiques vouées uniquement à la
production d’électricité. Qui plus est, ces granules sont
produites à partir d’arbres sur pied plutôt que de
résidus de transformation », a expliqué Amélie
St-Laurent Samuel, chargée de projets Forêt/Biomasse chez Nature
Québec.

« On est loin du compte et nous faisons face à un dangereux
prédécent », a affirmé Christian Simard, directeur
général de Nature Québec.

En effet, tant Nature Québec et le CRE–Capitale nationale sont
convaincus que l’implantation d’une telle infrastructure conduira
à des pressions pour l’exportation de granules produites au
Québec. « Il est tout à fait inconcevable qu’un tel
projet voie le jour au moment même où le Québec
réfléchit à son avenir énergétique et se
positionne sur les conditions d’utilisation de la biomasse », a
précisé le directeur général de Nature Québec,
en soulignant que la priorité devrait être accordée à la
consolidation de la demande locale de biomasse forestière pour le chauffage
plutôt qu’à son exportation.

Mauvais endroit

Mauvais projet, mais aussi mauvais endroit. La localisation de deux silos de 48
mètres de diamètre et d’une hauteur de 46 mètres dans le
secteur l’Anse-au-Foulon apparaît tout aussi condamnable aux yeux du
CRE–Capitale nationale et de Nature Québec. « L’apparition
dans le décor de structures plus imposantes que celles existantes ne
constitue certainement pas une intégration harmonieuse des activités
portuaires dans l’environnement urbain », s’est exclamé
Alexandre Turgeon, directeur général du CRE–Capitale nationale.

Certes, la ville de Québec est une ville portuaire, mais l’APQ doit
voir à ce que la localisation de ses activités ne nuise pas à
un aménagement du territoire que l’on souhaite convivial pour la
population. « Est-il normal qu’en 2013 on sacrifie le paysage du
boulevard Champlain afin de permettre à la compagnie américaine
Rentech d’exporter, à partir de l’Ontario, des granules en
Angleterre ? Il est aberrant que l’on songe à ériger deux
immenses silos en bordure du fleuve alors qu’en 1997, on complétait le
démantèlement des réservoirs de pétrole de la compagnie
Irving situés le long du boulevard Champlain », a rappelé
monsieur Turgeon. Ce dernier a par ailleurs critiqué l’étude
des effets environnementaux qu’Arrimage Québec a déposée
auprès de l’Administration du port de Québec et qui induit en
erreur en minimalisant les impacts visuels.

Le CRE–Capitale nationale et Nature Québec tiennent aussi à
souligner que le projet de terminal de granules de bois entre en contradiction avec
les projets d’aménagement de la Commission de la capitale nationale
(CCN). En effet, cette dernière, qui s’est donné pour objectif
de « redonner l’accès au fleuve aux Québécois
 », envisage de prolonger la promenade Samuel-De Champlain vers l’est,
en direction des installations portuaires. « La présence de deux silos
d’un gabarit imposant fera de l’ombre aux investissements de la
Commission de la capitale nationale », a relevé monsieur Simard.

La CCN, la Ville de Québec et le gouvernement du Québec
interpellé

Pour le CRE–Capitale nationale et Nature Québec, l’enjeu est de
taille.

« Il faut mettre fin à cette erreur monumentale qui ne présente
aucun avantage pour la population, qui compromet toute tentative
d’intégration intelligente des activités portuaires à la
vision d’aménagement développé pour ce secteur et qui
entre en contradiction avec une utilisation responsable de la biomasse », ont
affirmé d’une même et unique voix les deux directeurs
généraux.

Ceux-ci espèrent que la CCN, la Ville de Québec et le gouvernement du
Québec sauront faire entendre raison à Rentech, à Arrimage
Québec et l’APQ.

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Nature Québec est un organisme national à but non lucratif (OBNL) qui
regroupe plus de 5000 membres et sympathisants et 130 organismes affiliés
œuvrant à la conservation de la nature, au maintien des
écosystèmes essentiels à la vie et à
l’utilisation durable des ressources. Travaillant depuis 1981 au maintien de
la diversité des espèces et des écosystèmes, Nature
Québec souscrit aux objectifs de la Stratégie mondiale de
conservation de l’Union internationale pour la conservation de la nature
(UICN), dont il est membre. Au fil des années, Nature Québec est
intervenu dans les domaines de l’agriculture, des aires
protégées, de la biodiversité, de l’eau, de
l’énergie et des changements climatiques, et de la forêt.

Le Conseil régional de l’environnement de la région de la
Capitale nationale (CRE–Capitale nationale) est un organisme à but non
lucratif qui œuvre depuis 1989. Il regroupe des associations, des
institutions et des individus ayant à cœur la défense des
droits collectifs pour un environnement de qualité, particulièrement
dans la région de la Capitale nationale. Sa mission première consiste
à promouvoir l’insertion des valeurs environnementales dans le
développement régional en préconisant l’application du
développement durable et la gestion intégrée des ressources.
Sa stratégie privilégie la concertation régionale, les actions
de sensibilisation, les projets concrets avec les intervenants du milieu et la
conception d’instruments de diffusion.

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