Édition du 16 avril 2024

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Mouvement des femmes

8 mars 2008

Sortir de la p♀vreté : un choix de société !

Campagne pour l’autonomie économique des femmes de la Coordination du Québec de la marche mondiale des femmes (CQMMF)

Le 8 mars prochain, c’est sous le thème de « L’autonomie économique des femmes : une force collective » que des milliers de femmes au Québec descendront dans les rues pour faire avancer différentes revendications féministes. Mais le thème de cette année est beaucoup plus qu’un simple sujet à traiter lors d’une seule journée. En effet, ce thème s’inscrit dans une campagne nationale du CQMMF lancée le 17 octobre 2007 : Sortir de la p♀vreté : un choix de société !

Qu’est-ce que l’autonomie économique des femmes ? Pour la Fédération des femmes du Québec (FFQ), ce concept se veut beaucoup plus large qu’une simple question d’argent, mais englobe toutes les notions de droits à la santé, à l’éducation, aux politiques sociales, etc. Dans sa plate-forme politique, la FFQ la définit comme suit : « La possibilité pour les femmes d’avoir accès, au cours de l’ensemble des cycles de leur vie, aux moyens et ressources économiques (emploi, services et revenu suffisant) pour répondre à leurs besoins, ainsi qu’à ceux des personnes dont elles ont la charge, et la possibilité de faire des choix économiques et d’influencer les structures économiques de nos sociétés. » [1]

Mais pourquoi revendiquer une autonomie économique des femmes en 2008 ? Parce que l’égalité est encore loind d’être atteinte. La notion de travail fait encore référence dans notre société au travail rémunéré, ce qui continue d’exclure tout le travail invisible fait par les femmes (tâches domestiques, soins aux enfants et/ou à des proches dépendants, bénévolat et service à la communauté, etc.) Et s’il n’y a pas de reconnaissance, il n’y a pas de salaire non plus. Ces femmes risquent donc de se retrouver dépendantes de l’aide sociale ou d’un conjoint, ce qui empêche leur pleine autonomie.

De plus, toujours en lien avec le travail, les femmes sont plus pauvres que les hommes de par les secteurs et les types d’emplois qu’elles occupent. Socialisées pour « rendre service », c’est sous ce secteur que l’on retrouve une grande majorité de femmes. Ainsi dans les 10 emplois présentant le plus grand nombre de femmes en 2001 on retrouve en première place les secrétaires, suivies des emplois de vendeuses dans la vente au détail et de caissières. Sachant que ces emplois sont majoritairement payés au salaire minimum, le lien avec la pauvreté des femmes est, une fois de plus, évident. D’ailleurs, les femmes occupent entre 60 et 70% des emplois au salaire minimum au Québec et 70% des emplois à temps partiel. Même pour des emplois équivalents et à temps plein, à compétence égale, les femmes touchent 70% du salaire des hommes.

Malgré un rétrécissement important des écarts entre les femmes et les hommes au niveau de la participation au marché du travail et des revenus, et parce qu’elles assument encore la plus grande part du travail ménager et des soins aux personnes, les femmes continuent :
1) « d’afficher des taux de pauvreté plus élevés pendant la vie active et à la retraite ;
2) d’avoir davantage besoin de transferts gouvernementaux, notamment l’aide sociale, les prestations pour enfants, les prestations de maternité et parentales, la Pension de la sécurité de la vieillesse et le Supplément au revenu garanti.
3) de recevoir moins que les hommes des programmes d’assurance sociale qui visent à remplacer le revenu de travail, notamment l’assurance-emploi, le Régime de pension du Canada ou le Régime des rentes du Québec (RPC/RRQ) et les régimes d’assurance des accidents et maladies du travail ;
4) d’avoir davantage besoin des programmes publics pour elles-mêmes et pour leurs enfants (ex : pensions, services de santé, etc.) puisqu’elles peuvent rarement compter sur les programmes et régimes privés. » [2]

C’est donc suite à toutes ces constatations que la CQMMF a lancé sa campagne et que le 8 mars prochain le thème sera l’autonomie économique des femmes. 3 revendications prioritaires sont ainsi exigées au gouvernement actuel, soit :

1) l’augmentation du salaire minimum à 10,16$/h afin qu’en 2007, il permette à une personne qui travaille 40 heures par semaine d’avoir un revenu annuel équivalent au seuil de faible revenu, avant impôt, établi par Statistique Canada pour une personne seule
2) la pleine indexation des prestations d’aide sociale et la gratuité des médicaments pour toutes les personnes dont les revenus sont inférieurs à 12 000$ par année ;
3) que la totalité des pensions alimentaires versées aux enfants ne soit plus soustraite des prestations d’aide sociale et des prêts et bourses.

C’est donc un rendez-vous le 8 mars prochain à manifester avec toute votre ardeur féministe pour contrer les effets encore trop présents du patriarcat. Informez-vous dans les groupes de femmes de votre région pour connaître les activités qui s’y préparent.


[2Ruth Rose, Sortir les aînées de la pauvreté, de la violence et de la discrimination : un choix de société,
Mémoire présenté dans le cadre de la « consultation publique sur les conditions de vie des aînés », FFQ, 2007.

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