« Etablir un agenda commun pour notre région des Amériques afin de surmonter la décadence et le déclin du capitalisme qui s’observent dans de nombreux pays est ce qui va nous occuper lors de ce 4e Forum Social des Amériques ». C’est par ces mots que la prix Nobel de la Paix guatémaltèque (1992) Rigoberta Menchú s’est exprimée ce mercredi 12 août 2010, en conclusion de la marche d’ouverture réunissant 4000 personnes dans les rues d’Asuncion. Une manifestation bariolée et comportant une forte présence de la Marche Mondiale des Femmes.
Plus de 500 activités sont au programme des quatre jours de ce IVe forum social des Amériques [1] et des 600 organisations enregistrées, venant principalement d’Amérique du Sud, mais également d’Amérique du Nord ou d’Europe. Les différents scénarios possibles face à la crise du capitalisme seront mis en avant et largement discutés : post-néolibéralisme, socialisme, « Bien-vivre », transformation civilisationnelle, etc… Un campement important de la Via Campesina est également attendu.
Véritable défi organisationnel dans une des villes les plus inégalitaires d’Amérique du Sud, ce forum a été déclaré d’intérêt national par Fernando Lugo, l’évêque des pauvres devenu président en mettant fin à la dictature, mais aujourd’hui confronté à un Parlement opposé à sa politique. Pour Edgardo Lander, sociologue et intellectuel critique vénézuélien, un des objectifs de ce forum est de « renforcer les organisations et réseaux du peuple paraguayen et de mieux les connecter à ceux du reste du continent ».
La discussion entre les mouvements sociaux et les gouvernements progressistes d’Amérique du Sud sera d’ailleurs présente au sein du Forum puisque Evo Morales et Fernando Lugo, si son état de santé le lui permet), sont attendus ce samedi, lors d’une conférence portant sur le thème « Souverainetés et Intégration : Notre Amérique est en marche ».
Ce dialogue avec des représentants officiels de gouvernements d’Amérique du Sud fut également au cœur de la rencontre des 9 et 10 août, « Un dialogue nécessaire pour démocratiser la communication et stimuler l’intégration » [2] à l’initiative de réseaux et organes de presse communautaires, prônant la démocratie de participation, ainsi que des mouvements sociaux. La déclaration finale [3] exige des gouvernements qu’ils fassent de la question de la communication une priorité face à l’hégémonie des médias de communication privés, dans le respect des médias de communications autonomes, alternatifs et démocratiques existants. Un enjeu de taille en Amérique Latine. Occasion donnée à plus de 50 émissions de radios communautaires, démocratiques et participatives du Paraguay de s’unir autour de l’initiative Marandu afin de réaliser une couverture aussi large que possible du forum social et d’en faire une « communication politique alternative à l’hégémonie médiatique commerciale ». Tout un programme.