Édition du 3 décembre 2024

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Luttes sociales

Une manifestation contre Berlusconi dégénère à Rome

Lancers de pétards et de pavés, charges de la police et grenades lacrymogènes : de violents heurts ont opposé mardi à Rome des étudiants et des manifestants dénonçant la politique de Silvio Berlusconi aux forces de l’ordre qui avaient quadrillé le centre-ville pendant un vote décisif au parlement.

Au cours de ces scènes de violence, inédites dans le centre historique de la capitale, une dizaine de jeunes ont été interpellés, selon les journalistes.
Une quarantaine de manifestants ont été blessés et 22 d’entre eux ont dû être hospitalisés pour des blessures superficielles et des contusions, selon des sources médicales. Des journalistes de l’AFP en ont vu plusieurs le crâne en sang.

De son côté, le ministre de la Défense Ignazio La Russa a fait état de 50 blessés parmi les membres des forces de l’ordre. Le secrétaire du syndicat de policiers Siulp, Felice Romano, a dénoncé « une violence intolérable mise en scène par des professionnels du désordre et des assassins de la démocratie ».
Pier Luigi Bersani, secrétaire du Parti démocrate, principal parti d’opposition, a lui aussi exprimé sa « solidarité aux agents de sécurité agressés et blessés », tout en se disant « proche de tous ceux qui ont manifesté pacifiquement ».

Des dizaines de milliers de jeunes - 100 000 selon les organisateurs - avaient commencé à défiler le matin dans le calme contre la politique gouvernementale en matière d’éducation, scandant « non à la confiance ! ».
« Je suis ici pour mes petits-enfants, pour créer de bonnes bases pour l’avenir », a confié à l’AFP Luciano Castellano, 69 ans.

A leurs côtés défilaient aussi des chômeurs et habitants de L’Aquila, ville des Abruzzes ravagée par un séisme en avril 2009 (308 morts).

Pendant que les députés discutaient d’une motion de censure contre le chef du gouvernement, des manifestants, casqués, ont tenté de s’approcher du Sénat et de la Chambre, mais ont été refoulés. Ils ont lancé des oeufs, des pétards, des fumigènes et de la peinture.

Après le vote remporté au parlement par Silvio Berlusconi, des manifestants se sont déversés dans la via del Corso, artère centrale où les boutiques avaient abaissé leurs rideaux de fer. Plusieurs ont tenté de briser des vitres blindées de locaux abritant des distributeurs de billets, sans y parvenir.
De petits groupes se sont affrontés à la police, incendiant des voitures le long du Tibre et à proximité de la place du Peuple, ainsi que plusieurs fourgons de police. Ils s’en sont pris aussi à des autobus et la circulation a été complètement bloquée dans l’après-midi.

Le Corso était jonché de bancs publics arrachés et de pavés utilisés comme armes par les manifestants, ainsi que de poubelles en feu.
Certains manifestants, appartenant au mouvement Black Block, étaient reconnaissables à leurs vêtements noirs, passe-montagnes et casques.
Policiers et carabiniers, parfois en civil mais casqués, ont pourchassé des groupes dans les rues adjacentes.

Un photographe de l’AFP a vu un membre des forces de l’ordre frappé à terre par des manifestants et sortir un pistolet. Mais il n’a pas fait usage de son arme et a été secouru par ses collègues.

Des rassemblements ont également eu lieu à Milan, où des manifestants sont entrés dans le bâtiment de la Bourse aux cris de « profiteurs ! », à Palerme, où des étudiants ont occupé le tarmac de l’aéroport, à Catane où 3000 ont défilé dans le centre, mais aussi à Bari, Cagliari, Gênes, Naples et Turin.
A la tombée de la nuit, le calme est peu à peu revenu dans les rues de la capitale.

Mots-clés : Italie Luttes sociales

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