Édition du 16 avril 2024

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Syndicalisme

40e Congrès de la CSQ - Réjean Parent appelle les syndicats à transformer la société

QUÉBEC, le 26 juin 2012 - « Les syndicats sont la plus grande force organisée en mesure de contrer l’exploitation débridée et sans aucun frein des travailleurs, de nos ressources naturelles et de nos richesses collectives telles que les services publics. Pendant que la conscience politique s’éveille, il faut profiter de ce moment d’effervescence sociale pour convaincre nos membres de la nécessité de renforcer notre action politique. »

Le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), M. Réjean Parent, a profité de l’ouverture du 40e Congrès de l’organisation pour pourfendre les gouvernements autoritaires, tant à Québec qu’à Ottawa, qu’il accuse d’être à la solde du 1 % des plus riches, et pour inviter les délégués à s’engager sur le plan politique afin de changer les choses dans le sens des intérêts de la population.

Quelques jours avant de quitter officiellement ses fonctions ce vendredi, le président de la CSQ a réitéré sa conviction profonde que les organisations syndicales doivent rétablir leur influence politique et redevenir de puissants mouvements de transformation sociale.

« Les syndicats ne sont pas de simples compagnies d’assurances auxquelles les membres cotisent pour obtenir des services. Ils sont des contre-pouvoirs essentiels dans notre société, des agents de changement social », a rappelé M. Parent.

La révolte de la classe moyenne

Parlant du bouillonnement social qui a secoué le Québec ce printemps, M. Réjean Parent soutient que les causes dépassent largement le conflit étudiant. Il y voit un vaste mécontentement populaire à l’égard des politiques inéquitables du gouvernement Charest.

« Ici comme ailleurs, le 99 % de la population refuse que ses conditions de vie et de travail lui soient dictées par cette élite de 1 % de puissants qui monopolise la plus grande part de la richesse. Nous sommes en train d’assister à la révolte de la classe moyenne qui refuse les nouvelles règles du jeu que tentent de lui imposer les puissants oligopoles financiers et les gouvernements à leur solde », prévoit le président de la CSQ.

Une tempête sociale en vue

M. Parent dit voir s’accumuler au-dessus du Québec et du Canada, comme ailleurs dans le monde, les nuages précurseurs d’une tempête sociale à venir.

« Nos gouvernements ont renié leurs devoirs d’État au profit d’un capitalisme de connivence. Ayant ainsi perdu leur légitimité, ils s’accrochent au pouvoir en succombant à une tentation totalitaire. Les lois-bâillons remplacent les débats démocratiques, les lois spéciales se substituent à la négociation, les menaces d’amendes sévères et la répression policière briment la libre expression du peuple. Ces États copient leurs maîtres capitalistes qui gèrent leurs entreprises en imposant leurs diktats à leurs employés à coup de lock-out et de mises à pied sauvages », analyse M. Réjean Parent.

Le mirage du néolibéralisme

Le président de la CSQ a également tenu à démasquer le mirage du néolibéralisme, où l’on a essayé de nous faire croire que les baisses d’impôt généreuses aux grandes entreprises se traduiraient par une économie plus dynamique et la création d’emplois, ce qui ne s’est pas avéré être le cas.

« Les États, se privant ainsi de revenus, ont été obligés de couper dans les services publics et d’emprunter pour payer l’épicerie. À lui seul, le gouvernement Harper s’est privé de 12 milliards $ de revenus depuis 2006 au profit des grandes entreprises. Et on ose nous dire que nous n’avons plus les moyens de financer nos services publics, pendant que les riches entreprises s’en mettent plein les poches… pendant que la classe moyenne écope des conséquences de leur cupidité en subissant une tarification des services publics qui se généralise », désapprouve le leader syndical.

Des États qui empruntent eux-mêmes le chemin vers la faillite

M. Réjean Parent ajoute que ce refus des États de percevoir une partie des impôts qui leur sont dus est l’une des raisons qui ont accru dangereusement les inégalités dans certains pays jusqu’à les conduire au bord de la faillite.

« Les promesses de baisses d’impôt peuvent paraître alléchantes, mais elles ne sont pas la solution à moyen et long termes. Nous avons besoin d’une fiscalité plus juste où les gens riches et les grandes entreprises recommenceront enfin à payer leur dû. Parce que jusqu’à présent, il n’y a que la classe moyenne qui paie sa juste part », s’insurge M. Parent.

Un dangereux retour en arrière comme changement

Le président de la CSQ appelle les syndicats à prendre la parole pour dénoncer ce système où une minorité d’individus s’enrichissent abusivement en exploitant la grande majorité de la population.

« Une minorité qui réussit même à faire croire à une certaine partie de la population que le maintien et la bonification des privilèges consentis aux riches est dans leur propre intérêt. Ce qui est faux. Et cette minorité de droite accuse les syndicats d’être des défenseurs du statu quo parce qu’ils défendent le maintien de nos programmes sociaux. Mais le changement proposé représente un énorme pas en arrière à une époque où les Québécoises et les Québécois n’avaient pas un accès égal à la santé et à l’éducation. Une époque où l’argent déterminait le traitement des individus dans la société et où nous ne voulons pas retourner », plaide M. Parent.

Les syndicats à la défense du bien commun

M. Réjean Parent renchérit en soutenant que si les choses ont changé, c’est grâce notamment aux syndicats qui ont été des acteurs de changement social et une puissante force de transformation au profit du bien commun.

« Alors que nous rêvons de démocratie et de liberté, on voudrait les restreindre. Il ne faut pas se laisser faire et accepter l’avalanche de lois spéciales qui nous tombent sur la tête. N’attendons pas que le droit de négocier ne veuille plus rien dire. Occupons l’espace public et agissons ! La défense des intérêts de nos membres et de la population l’exige », a conclu le président de la CSQ, M. Réjean Parent.

Vous pouvez consulter le site Web du Congrès, notamment le texte de l’allocution de M. Parent, au : congres2012.csq.qc.net

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