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États-Unis

Biden doit abandonner ses accusation contre Julian Assange

La publication n’est pas un crime : le New York Times, The Guardian et d’autres grands journaux exhortent l’administration Biden d’abandonner les accusations contre Assange.

6 décembre 2022 | tiré de Democracy now !

AMY GOODMAN : Enfin, Carrie DeCell, nous n’avons qu’une minute, mais je voulais vous poser une question sur Julian Assange. Le New York Times et quatre grands journaux européens – The Guardian en Grande-Bretagne, Le Monde en France, Der Spiegel en Allemagne, El País en Espagne – ont tous exhorté l’administration Biden à abandonner toutes les charges contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Dans une lettre commune - voir ci-dessous- , ils ont déclaré : « Cet acte d’accusation crée un dangereux précédent et menace de saper le Premier amendement américain et la liberté de la presse. » La lettre se termine par les mots « La publication n’est pas un crime ». Pour ceux qui ne le savent pas, Julian Assange risque 175 ans de prison aux États-Unis pour espionnage et piratage informatique pour avoir révélé les crimes de guerre américains en Afghanistan et en Irak, s’il est extradé de Grande-Bretagne. Les cinq publications se sont associées à WikiLeaks en 2010 pour rendre compte des documents divulgués par Chelsea Manning. Quelle est l’importance de cette démarche pour ces grands journaux, y compris le New York Times, qui demandent à l’administration Biden d’abandonner ces accusations ?

CARRIE DECELL : Oui, je pense que cette lettre reflète une compréhension claire par la presse que les accusations portées contre Julian Assange menacent la liberté de la presse. La poursuite contre Assange pour avoir sollicité, obtenu puis publié des informations classifiées créerait un précédent clair et dévastateur aux États-Unis qui pourrait être appliqué à n’importe lequel des journalistes de ces grands journaux à l’avenir. Il s’agit d’une menace importante pour le travail des journalistes qui s’occupe de sécurité nationale et des journalistes d’investigation qui comptent sur les fuites d’informations gouvernementales pour rendre compte de questions d’intérêt public majeur.


Lettre ouverte des rédacteurs en chef et des éditeurs : L’édition n’est pas un crime. Le gouvernement américain devrait mettre fin à ses poursuites contre Julian Assange pour avoir publié des secrets.

Il y a douze ans, le 28 novembre 2010, nos cinq médias internationaux – The New York Times, The Guardian, Le Monde, El Pais et DER SPIEGEL – publiaient une série de révélations en coopération avec Wikileaks qui faisaient la une des journaux du monde entier.

« Cable gate », un ensemble de 251 000 câbles confidentiels du département d’État américain, a révélé la corruption, les scandales diplomatiques et les affaires d’espionnage à l’échelle internationale.

Selon les mots du New York Times, les documents racontaient « l’histoire sans fard de la façon dont le gouvernement prend ses plus grandes décisions, les décisions qui coûtent le plus cher au pays en vies humaines et en argent ». Même aujourd’hui en 2022, les journalistes et les historiens continuent de publier de nouvelles révélations, en utilisant cette mine unique de documents.

Pour Julian Assange, éditeur de Wikileaks, la publication de « Cable gate » et de plusieurs autres fuites connexes ont eu les conséquences les plus graves. Le 11 avril 2019, Assange a été arrêté à Londres en vertu d’un mandat d’arrêt américain et est maintenant détenu depuis trois ans et demi dans une prison britannique de haute sécurité habituellement utilisée pour les terroristes et les membres de groupes criminels organisés. Il risque l’extradition vers les États-Unis et une peine pouvant aller jusqu’à 175 ans dans une prison américaine de haute sécurité.

Ce groupe de rédacteurs et d’éditeurs, qui avaient tous travaillé avec Assange, a ressenti le besoin de critiquer publiquement sa conduite en 2011 lorsque des copies non expurgées des câbles ont été publiées, et certains d’entre nous sont préoccupés par les allégations contenues dans l’acte d’accusation selon lesquelles il aurait tenté d’aider à l’intrusion informatique dans une base de données classifiée. Mais nous nous réunissons maintenant pour exprimer nos graves préoccupations concernant la poursuite continue contre Julian Assange pour avoir obtenu et publié des documents classifiés.

L’administration Obama-Biden, au pouvoir lors de la publication de Wikileaks en 2010, s’est abstenue d’inculper Assange, expliquant qu’elle aurait également dû inculper des journalistes des principaux organes de presse. Leur position accordait une grande importance à la liberté de la presse, malgré ses conséquences inconfortables. Sous Donald Trump cependant, la position a changé. Le DOJ s’est appuyé sur une vieille loi, l’Espionage Act de 1917 (conçue pour poursuivre les espions potentiels pendant la 1ère Guerre mondiale), qui n’a jamais été utilisée pour poursuivre un éditeur ou un radiodiffuseur.

Cet acte d’accusation crée un dangereux précédent et menace de saper le Premier amendement américain et la liberté de la presse.

Demander des comptes aux gouvernements fait partie de la mission fondamentale d’une presse libre dans une démocratie.

L’obtention et la divulgation d’informations sensibles lorsque cela est nécessaire dans l’intérêt public font partie intégrante du travail quotidien des journalistes. Si ce travail est criminalisé, notre discours public et nos démocraties s’affaiblissent considérablement.

Douze ans après la publication de « Cable gate », il est temps pour le gouvernement américain de mettre fin à ses poursuites contre Julian Assange pour avoir publié des secrets.

La publication n’est pas un crime.

Les rédactions des jouraux suivants :

New York Times
The Guardian
Le Monde
DER SPIEGEL
El Pais

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