Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

« Comment leur dire qu’il faut qu’ils tiennent ? »

Oui, tenir !
C’est là que tout se joue !

Regardons les Grecs.
Ont-ils tenu ?
Oui, le mieux qu’ils ont pu.

Regardez l’Égypte, ont-ils tenu
Oui, le mieux qu’ils ont pu.

Regardez les indignés, les "occupy" Wall Street et autres.
Ont-ils tenu ?
Oui, le mieux qu’ils ont pu.

Regardez les Honduriens qui refusaient que leur président Zelaya soit ainsi évincé par des militaires.
Ont-ils tenu ?
Oui, le mieux qu’ils ont pu.

Oui, c’est un peu décourageant.
Force est de constater que partout les autorités ne bronchent pas tellement.
Ils réagissent un peu, parfois, et ce, de façon uniquement « cosmétique » (Charest dit : « Nous sommes prêts à augmenter les « prêts » et "bourses" !!! Du COSMÉTIQUE ! ).

C’est malheureux à dire, mais c’est ainsi.
On laisse gueuler.
On réprime sauvagement si les manifestations dérangent l’activité « économique » courante.

Oui, on laisse gueuler et on ne bouge pas.
Coluche disait :
La dictature, c’est "Ferme ta gueule".
La démocratie, c’est "Cause toujours".

C’est exactement cela. Vous pouvez toujours gueuler vous n’avez pratiquement aucun pouvoir.

Observons la levée de boucliers contre le premier budget Bachand !
Des milliers de personnes dans les rues !
Résultat : le budget Bachand rédigé pour les riches nous passe dessus comme un extracteur de jus.
On nous suce à l’os pour éviter d’augmenter les impôts "bien-trop-élevés" (sic) des très bien nantis.

Voyez ce titre révélateur : « Manifestation contre le budget : Charest garde le cap »

L’article attaque ainsi :
« — Malgré — la manifestation monstre d’hier dans les rues de Québec, le premier ministre Charest continue à défendre le budget « difficile » »

Eh ! Oui !
Le budget « difficile » !!!
Le budget « courageux » !!!
C’est un peu comme la guerre « humanitaire » !!!

Les mots sont maintenant utilisés pour décrire leur contraire.
C’est la méthode pour mettre les cerveaux en léthargie.
Et, finalement, ça finit par fonctionner assez bien.

On accepte les guerres « humanitaires » (les bombes sont désormais plus humanitaires que les sacs de riz et la Paix).
On accepte les budgets « courageux », « difficiles » ! Ces budgets « difficiles » que les nantis apprécient !

« Difficiles » pour qui ?
Pour nous tous, les utilisateurs PAYEURS.
Eh oui, il y en a aussi qui profite du fabuleux « courage » de NOTRE (! !!) gouvernement ?

Et ce n’est pas nous, la classe moyenne, de moins en moins moyenne !
Vous avez vu le taux de votre carte de crédit (29.9%) ???!!!???
Vous avez vu le prix à la pompe et surtout les PROFITS qu’il génère !!!

On voit où se situe le « courage » de "nos" gouvernements !

C’est ratisser large, dites-vous ?
Mais non, pas du tout.

Dans ce monde de la globalisation et du "libre-échange", toute cette chaine se tient fermement.

Les politiques du FMI dictent qu’il faut faire payer les étudiants.
Tout comme il faut faire payer pour la santé, pour l’eau et tous ces services essentiels à la vie (peut-être bientôt l’air en bouteille et le soleil filtré pour éviter le cancer de la peau, qui sait ?)

Les étudiants au Québec manifestent et ceux du Chili de Piñera aussi.

« Chili : plus de 800 arrestations au cours de manifestations étudiantes »

L’article dit :

« Plus de 870 personnes ont été interpellées… Des heurts répétés avec les forces de l’ordre ont eu lieu… … la police a empêché jeudi les manifestations qui n’avaient pas reçu le feu vert des autorités. Les étudiants organisaient leur huitième journée de mobilisation, en trois mois de contestation. »

« Étudiants, lycéens et enseignants, qui réclament de l’État des moyens accrus pour l’enseignement public et supérieur. »

Comme ici !

Les étudiants au Québec manifestent contre les politiques de Charest et ceux de Londres contre les mêmes politiques de Cameron :

« Manifestation étudiante à Londres, vingt arrestations »

« Fin 2010, quatre manifestations étudiantes avaient donné lieu à des accrochages avec la police, qui avaient procédé à près de 400 arrestations. »

Exactement comme ici :

« ITINÉRAIRE BALISÉ PAR LA POLICE »

« "L’éducation pour les 99 pour cent", lisait-on sur une des banderoles dénonçant la forte augmentation des frais universitaires. »

On dit :
« Les étudiants s’opposent aux projets de réforme de l’éducation, qui s’apparentent — selon eux — à une privatisation du système, ainsi qu’au relèvement des frais universitaires décidé l’an dernier avec une réduction des allocations destinées aux élèves défavorisés. »

Remarquez bien le « selon eux » !
De la dialectique pour aiguiller subtilement le jugement !
Selon eux !
Avec le « selon eux » on se dit : « —Selon les étudiants—, ils paient trop les pauvres !
Ils voudraient tout avoir et ne pas payer ! »

En réalité il faudrait qu’il soit écrit dans les nouvelles : « selon le gouvernement » !
Oui « selon le gouvernement », la société capitaliste n’a plus "les moyens" !

Nos gouvernements dirigés par le FMI n’a plus la volonté et le courage d’être au service de ses électeurs.
Nos gouvernements au service de l’oligarchie mondiale et des banquiers n’ont pas le courage d’établir des politiques servant à combler ce fossé entre la richesse et la pauvreté grandissante qui résulte de la disparition des services essentiels offerts à la classe jadis moyenne.

Les étudiants au Québec et ceux d’Espagne manifestent contre exactement les mêmes politiques :

« Grève et manifestations étudiantes massives en Espagne : plus de 100 000 étudiants et lycéens dans les rues de Barcelone et Valence contre les coupes dans l’éducation »

« La colère monte en Espagne, après les deux millions de manifestants travailleurs dans les rues le 19 février, ce sont plus de 100 000 étudiants et lycéens qui sont descendus dans la rue, dans 40 villes du pays, pour protester contre les coupes gouvernementales et régionales dans l’éducation. »

C’est partout les mêmes politiques d’austérité.

Aujourd’hui même (29 mars 2012), la société espagnole manifeste pour sensiblement les mêmes raisons que nos étudiants québécois :

« Journée de grève générale en Espagne sur fond d’austérité »

Même en Afrique les étudiants manifestent pour des raisons semblables à celles de nos étudiants québécois :

« Togo : étudiants en colère »

« Les étudiants de l’Université de Lomé sont entrés en grève le 27 mai à l’appel du syndicat étudiant baptisé Mouvement pour l’épanouissement des étudiants togolais (MEET). Ils réclament, entre autres, la rénovation des salles de classe et la baisse des prix de restauration et de transport. »

Un peu comme ici : « En filmant les manifestations étudiantes, je dérange les policiers qui ont reçu l’ordre de réprimer »

Le 27 juin 2011 : « Au Togo, les manifestations étudiantes se poursuivent »

« Un mois après la manifestation des étudiants de l’Université de Lomé, il n’y a eu qu’une seule réponse concrète du gouvernement : l’exclusion du président du mouvement des étudiants.
Désormais, les étudiants préviennent qu’il n’y aura plus de cours sans qu’on leur donne satisfaction. La tension monte au jour le jour. »

Suite aux manifestations étudiantes, il n’y a eu qu’une seule réponse du gouvernement : NON.

L’austérité !

Aujourd’hui (29 mars 2012), notre brave gouvernement Harper va nous servir un budget de la même sauce, celle de la nécessaire "austérité" !
Mais attention voyons voir le budget militaire !
Nos étudiants, s’ils veulent des études gratuites, devront accepter de servir de chair à canon.

L’austérité qui --- selon les gouvernements au service de l’église capitaliste mondiale --- est "incontournable".
C’est totalement faux.

La richesse existe. Elle est concentrée et ceux qui la possèdent ne veulent pas la partager.
La technologie pour une vie meilleure est disponible, mais cette technologie ne sert pas l’Humanité, elle sert à générer du profit.
Du profit pour ceux qui déjà ont des portefeuilles honteusement obèses.

« Comment leur dire qu’il faut qu’ils tiennent ? »

Ces autorités (!) qui ne souffrent pas trop !
Nul besoin de leur dire de tenir.
Ils peuvent tenir contre des manifestations pendant des mois.
Ils rient même dans leur barbe et dans le confort de leur position qui domine cette plèbe qui rugit dans la rue.
C’est ainsi.

Que faire alors ?
Dire aux étudiants qu’il faut tenir ?
Oui, mais cela ne suffit pas.

Il faut que toute la société, que nous tous, soyons à leur côté dans la rue.
Il faudrait que les transports soient aussi en grève pour les appuyer.
Il faudrait que la grève soit généralisée.

Il faut que la société dans son ensemble manifeste massivement pour exiger des élections ou au moins un référendum contraignant sur la question des frais scolaires.

C’est la population qui doit avoir le courage de demander à ce que l’on fasse contribuer plus généreusement ceux qui peuvent contribuer, c’est-à-dire : Les gros salariés et surtout les portefeuilles honteusement obèses pour qui nos gouvernements sont aux petits soins.

Il est temps que le fossé entre les scandaleusement riches et les honteusement pauvres se réduise.

Il est temps qu’un gouvernement ait le « courage » de faire payer ceux qui ont plus que les moyens de payer et qui refusent de plus en plus de contribuer dans les mêmes proportions que cette classe jadis moyenne.
Cette classe moyenne qui s’appauvrit parce qu’on l’oblige à supporter les frais de toutes sortes afin de satisfaire la désormais légendaire formule de l’utilisateur-payeur.

Certaines choses dans une société moderne doivent être assurées, pour tous peu importe les revenus.
L’eau,
La santé,
Le logement décent,
L’éducation,
Le revenu minimum garanti pour vivre convenablement et non survivre péniblement.

Créer ou plutôt « répartir » la richesse ?

Il faut se donner un gouvernement qui ne nous endort pas avec la fameuse formule parlant de « la création de la richesse ».
Nul besoin de créer la richesse, elle existe outrageusement.

« Écart entre riches et pauvres : le fossé se creuse »

« D’ici 2020, les millionnaires devraient réussir à doubler la valeur de leur patrimoine. À travers le monde, leurs actifs vont bondir de 92 000 milliards $US cette année, à 202 000 milliards $US en 2020. »

« …seules les familles les plus riches - les 10% les mieux nantis - sont réellement gagnantes. Elles gagnent 24% de plus, tout en travaillant 5,7% moins d’heures. »

On ne veut plus d’un gouvernement qui crée de la richesse pour les riches, on veut un gouvernement qui a le courage de répartir la richesse.

« L’écart entre riches et pauvres croît plus vite au Canada qu’aux É.-U. »

On dit :

« Au deuxième trimestre, l’endettement des ménages canadiens est passé de 147% de leurs revenus à 149%. »

Et Charest dit aux étudiants : On va augmenter les « PRÊTS » et bourses !
Bourses pour qui ?
Prêts pour tous !

Ce qu’il nous faut c’est un gouvernement qui a le courage de répartir la richesse.
Voilà à quoi ressemblerait un gouvernement « courageux » !

Le courage ce n’est pas d’être aux services des nantis et des banquiers scélérats.
Le courage c’est d’être au service des plus démunis.

Le courage ce n’est pas d’offrir aux prédateurs économiques mondiaux nos richesses naturelles sur un plateau d’argent (plan Nord).
Le courage ce serait de nationaliser toutes nos richesses pour que toute notre société en bénéficie et non les Rio Tinto, White Birch, Électrolux, AbitibiBowater et même les Exxon, Monsanto, Cargill et tous ces grands exploiteurs mondiaux.

Le courage pour un gouvernement ce serait de réduire ce terrible fossé qui se creuse de façon de plus en plus fulgurante entre les extrêmement riches et les terriblement pauvres de la société.

Lorsqu’on voit les subventions importantes et les vacances d’impôts, ajoutés aux prêts « sans intérêts » et aux comptes réduits d’électricité que nos courageux (sic) gouvernements accordent à ces grandes compagnies qui possèdent et contrôlent le monde du travail, il est clair que le gouvernement qui normalement dans un monde démocratique devrait être au service des gens qui le nomment (l’élisent) n’est pas du tout au service de ses citoyens, mais est au service de ceux qui exploitent sans vergogne les travailleurs et toute la société.

Il est clair que notre gouvernement n’agit plus selon nos intérêts, mais agit en fonction des intérêts des prédateurs économiques mondiaux.

Partout on dépossède les citoyens de leur bien et de leurs services essentiels (santé, éducation, eau, semence, transport en commun, etc. pour les offrir au privé.
Ces "missionnaires" (sic) qui ont pour objectif de faire le plus de profit possible.
La privatisation, c.-à-d. faramineux profits au privé et énormes frais aux usagers (utilisateur PAYEUR).

L’éducation est un besoin « essentiel » qui doit être offert « gratuitement » à tous.

Notre (sic) gouvernement trouve facilement les moyens d’aider les entreprises qui nous exploitent. Avec une meilleure volonté, il pourrait facilement trouver les moyens d’aider le Pays tout entier.

Nous devons mettre en place un gouvernement qui sert nos intérêts et non celui des prédateurs économiques locaux et mondiaux (ce sont les mêmes, ils sont une grande famille).

« Comment leur dire qu’il faut qu’ils tiennent ? »
En nous tenant de toutes nos forces à leur côté !

Serge Charbonneau
Québec

P.S. : Ah oui !
Devrait-on privatiser Hydro-Québec ? « Les profits d’Hydro-Québec augmentent à 2,6G$ »

On va bientôt nous dire qu’il faut "ajuster" le prix de notre électricité à la moyenne du monde entier !
On ne paie vraiment pas assez cher notre Hydro électricité, dira-t-on !

Eh oui ! Il ne faudrait pas prendre les mauvais plis de la dictature (sic) vénézuélienne qui fait payer à ses citoyens l’essence à 4 sous le litre !
Eux ils ont du pétrole et nous de l’électricité, mais nous, nous sommes en démocratie, nous !

Les profits de l’électricité (ou des mines nationalisées, ou des forêts nationalisées, ou des futurs pharma-Québec) pourraient-ils subventionner nos universités afin d’offrir l’éducation gratuite pour tous ?
Un peu comme le pétrole au Venezuela ?
Ou comme c’était avant dans la Libye de Kadhafi ?

Si les minières, les forestières et les pharmacies font des profits, pourquoi ne serions-nous pas capables d’en faire autant en nationalisant nos entreprises et nos ressources ?

Serge Charbonneau

De Québec

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