Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Point de mire du 10 mars 2020

Le temps des tempêtes et de la résistance !

Dans ces points de mire, Presse-toi à gauche présente synthétiquement des éléments d’analyses d’articles publiés dans l’édition de la semaine et explicite ses partis-pris sur les points d’actualité et les débats en cours. Points de mire, pour bien marquer où nous voulons en venir !

 Dans cette édition de Presse-toi à gauche, André Frappier et Bernard Rioux reviennent sur la première rencontre de révision du Plan de transition de Québec solidaire alors qu’Alexandra L. nous offre son point de vue de la politique caquiste vis-à-vis les commissions scolaires.

André Frappier indique que les énergies déployées pour réviser le Plan de transition du parti de gauche aurait intérêt à être mieux investies puisque ce qui était en discussion récemment ressemble étrangement à ce qui avait été adopté en mai 2018, en moins complet. Après avoir comparé les deux positions, il suggère plutôt de vérifier ce qui a été fait depuis ce temps, en faire le bilan et de poser les questions stratégiques qui feront en sorte que QS pourra présenter un plan qui tient la route et qu’il sera à la hauteur des défis que la crise climatique nous impose.

Bernard Rioux souhaite un débat large à propos du Plan de transition de QS, « élément central du programme du parti ». Ce n’est qu’à ce prix que « l’analyse des fondements de la crise climatique et les stratégies qui seront essentielles à mettre de l’avant pour permettre sa réalisation » que par les membres du parti pourront se l’approprier. L’auteur reprend plusieurs points du Plan pour en préciser la teneur et proposer des interprétations que le parti devrait faire siennes.

Alexandra L. voit dans la loi 40 non seulement une volonté d’abolir une structure démocratique, les commissions scolaires, mais surtout favoriser l’introduction du privé dans le milieu de l’éducation et précariser les conditions de travail. C’est notamment par le biais de la sous-traitance et des PPP que l’auteure craint que le privé vient sévir. L’auteure propose au contraire que « le système d’éducation doit voir aux besoins des élèves, pas à l’arbitraire d’un gouvernement de patrons et de banquiers. »

De plus, nous vous offrons une revue de presse suite au dépôt du budget Girard mardi le 10 mars, Romain Chesneaux démontre l’incapacité de l’industrie des énergies fossiles de la Colombie-Britannique à prévenir les « accidents »alors que 10% des puits fuitent, le Comité des femmes de QS relate la soirée tenue lors des activités du 8 mars alors qu’Yvan Perrier poursuit sa série de textes sur l’histoire du syndicalisme.

Sur la scène internationale

Notre objectif pour rendre compte de la situation internationale est de chercher les points chauds et les sujets d’actualité mis en évidence pour leur donner une couleur progressiste et une analyse plus complète que ne le font les médias.

Évidemment, nous ne pouvions passer outre le développement de l’épidémie de coronavirus. La situation des personnes migrantes est revenue aussi à l’avant scène.

Ensuite, nous avons abordé l’Algérie dans sa 55 ième semaine de mobilisation, le Brésil dans l’ampleur de sa corruption et l’Inde dans ces mobilisations de masse en soutien aux Musulmans et Musulmanes.

Concernant le coronavirus

Le coronavirus déclenche une tempête financière, prélude à une nouvelle récession mondiale

Les économistes parlent ouvertement de crise économique et les indices boursiers jouent au yoyo. Mais cette crise était prévisible si on se fie aux indices suivants :

« Stagnation des profits aux USA, qui avaient été dopés artificiellement par des baisses d’impôts qui ont leurs limites ;Déconnexion des profits dans l’économie réelle par rapport aux cours boursiers ; Montée de l’endettement, en particulier en Chine »

L’auteur refuse donc de mettre le coronavirus comme seul responsable de la nouvelle crise économique. Il base son analyse sur la situation des principaux pays industrialisés au monde pour montrer leur stagnation économique.« Aux USA, les profits ont baissé au 4è trimestre 2019. L’investissement des entreprises chute depuis mars 2019 : -1,1% au 2ème trimestre 2019, -2,3% aux 3ème et 4ème trimestre. » Il insiste pour montrer que comparativement à 2003 avec le SRAS, l’économie chinoise s’est beaucoup transformée. « D’une part, le PIB chinois pesait, en 2003, 4% du PIB mondial, contre 17% aujourd’hui. D’autre part, les « chaînes de valeur » (l’interdépendance des économies) ont pris de l’ampleur, et l’économie mondiale est bien plus dépendante de la Chine qu’il y a 17 ans. »

L’épidémie du virus n’est donc qu’un prétexte pour couvrir les conséquences des politiques néolibérales « L’accentuation du néolibéralisme autoritaire est donc à l’ordre du jour, la lutte contre l’épidémie se prêtant d’ailleurs aux justifications du renforcement de « l’État d’exception » et de la remise en cause de nos libertés fondamentales. L’alternative entre socialisme et barbarie est plus que jamais d’actualité. »

Au sujet de l’immigration

Crise à la frontière greco-turque : Des humains monnaie d’échange

Les dernières décisions du gouvernement turque ont remis sur le devant de la scène l’immigration. Le premier ministre turc avait passé un ‘deal’ avec l’Union Européenne : je garde les personnes réfugiées syriennes mais vous payer. Or « Pour amener les autres membres de l’OTAN à soutenir son offensive en Syrie, le président turc Erdogan a annoncé qu’il n’arrêterait plus les les réfugiés voulant passer de Turquie en Europe. »

Résultat de ce chantage : des milliers de personnes tentent de rejoindre la Grèce et affrontent la police et la colère des habitants des îles. Ainsi cela « crée une situation difficile à gérer si une véritable politique d’accueil n’est pas mise en œuvre. L’inverse de ce que fait le gouvernement actuel de la Grèce, de droite avec des éléments d’extrême droite, qui distille un discours xénophobe qui gangrène les mentalités »

Avec l’auteur, il nous faut constater que : « Les réfugiéEs, les êtres humains, devient effectivement une monnaie d’échange dans ce capitalisme pourrissant où chacune des puissances veille au grain de ses intérêts fluctuants, sans se préoccuper des conséquences sur les peuples »

Concernant l’Algérie

La voix des femmes révoltées enflamme Alger : « Il n’y a pas de festivités, il y a des manifs ! »

55 semaines à se mobiliser pour changer le gouvernement et la société algérienne. Et c’est au coeur de ce mouvement que nous amène l’auteur ;

Son article décrit l’itinéraire d’une manifestation tenue dimanche le 8 mars. À travers tout le parcours, il montre la place des femmes. « Des bannières sont hissées avec ces messages : « Nous sommes fortes, nous sommes fières, nous sommes les grandes gagnantes », « Les Algériennes ont porté toutes les guerres, tous les mouvements. Aujourd’hui, elles portent le hirak »

Et en concordance avec les revendications pour les droits des femmes se posent la démocratie de toute une société «  « Bien sûr que c’est une question légitime que de parler des droits des femmes ! Parce qu’on ne peut pas parler de démocratie s’il n’y a pas de liberté et de droits pour les femmes. Cette question ne peut pas être dissociée du combat global que mène le peuple algérien. On ne peut pas se battre pour une Algérie démocratique, une Algérie libre, si les femmes ne sont pas libérées », tranche la jeune étudiante. »

À la fin, l’auteur décrit les slogans féministes sur les pancartes qui donnent aux femmes toutes leur fierté et leur force.

Et en Amérique du Sud

Brésil : rien n’est plus normal

Cet article sur le Brésil pose le meurtre d’une militante féministe Mariella au coeur de la corruption au Brésil. « la raison pour laquelle elle a été assassinée, démontre l’incapacité croissante et de plus en plus dangereuse des institutions à protéger la démocratie dans le pays »

La recherche des coupables décrit les liens du gouvernement et de la famille Bolsonaro avec des policiers corrompus. Il faut savoir « si Bolsonaro et son clan sont impliqués ou non avec des criminels. Si oui ou non Bolsonaro et son clan sont impliqués avec les milices. S’il y a eu ou non un système d’emplois fictifs au sein du cabinet de Flavio Bolsonaro. »

L’article aborde, à la fin, la question de la répression policière « Nous savons depuis longtemps qu’il existe une puissance parallèle au Brésil. Un pouvoir criminel qui, à différentes époques, a eu et a des ramifications au sein de la structure de l’État. Les milices cariocas, héritières des escadrons de la mort formés par la police, sont le meilleur exemple abouti de cette dystopie devenue réalité. Mais également de leur évolution encore plus perverse, car ils ont été confondus ces dernières décennies avec l’État lui-même, dans la mesure où ils sont des agents de l’État utilisant la structure de l’État pour contrôler les communautés, pour tirer profit de cette domination et pour exécuter ceux qui s’opposent à leur pouvoir. Ils ont commencé à agir en prétextant de protéger les favelas et les périphéries du trafic de drogue. Et ils sont devenus encore pires que le commerce de la drogue. Dans bien des cas, ils sont les complices des trafiquants de drogue, dans la plupart des cas, plus puissants qu’eux. »

Et en Asie

L’Inde aux prises avec ses vieux démons

La communauté musulmane en Inde est en effervescence, les mobilisations sont les plus importantes depuis des décennies et s’explique par les manoeuvres du gouvernement de droite contre la minorité musulmane. « « Exit » les valeurs d’égalité et de diversité, héritage des luttes pour l’indépendance et fondement de la Constitution indienne. Le rouleau compresseur de haine du pouvoir de Modi menace aujourd’hui d’assimiler la nation et l’identité indienne à la seule majorité hindoue. »

En voulant hindouaniser la société, le gouvernement marginalise les personnes musulmanes « Les musulmans ont plus que jamais été relégués à un statut de citoyen de seconde zone. Leur exclusion s’est normalisée et a pénétré l’appareil de l’État. Un processus d’effacement s’est déployé inexorablement au sein des institutions de la République. Si leur sous-représentation était déjà marquée dans des organes étatiques comme la police, l’armée, la justice, la fonction publique ; avec l’essor du « majoritarisme » hindou, le phénomène a aussi touché les assemblées élues. Marginalisés, absents, les musulmans sont dès lors devenus les oubliés des politiques publiques et des proies faciles des officiants du système répressif de l’État . »

La dernière loi promulguée par le gouvernement remet en question des éléments de la constitution et ébranle les valeurs d’égalité et d’équilibre entre les religions.

Les manifestations sont importantes et perpétuent la lutte pour l’indépendance de l’Inde il y a cent ans. Elles s ouvrent au-delà de la communauté musulmane et cela dérange le gouvernement. « Plus embarrassant pour le gouvernement, les responsables des régions gouvernées par l’opposition ont rejoint le mouvement en refusant d’appliquer la loi et de se plier à l’exercice du recensement de la population »

L’auteur conclut avec un souhait que « cette vague de protestation « met un frein à l’effrayante descente de l’Inde dans une République de la haine et de la peur »

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