C’était le scrutin clé des élections locales organisées dimanche en Russie. Et Vladimir Poutine a sérieusement chancelé à Moscou. Son parti Russie unie a perdu environ un tiers de ses sièges du Parlement de la capitale, selon des résultats provisoires donnés par les agences de presse russes.
De 38 sièges sur 45, il n’en aurait plus qu’une petite majorité : les candidats soutenus par les autorités ont ainsi perdu dans au moins 20 des 45 districts, après le dépouillement de la quasi-totalité des bulletins.
Le contexte à Moscou était particulièrement sensible, après un été marqué par de nombreuses manifestations organisées en raison du rejet de la candidature des principales figures de l’oppo-sition. Une mobilisation qui s’était soldée par près de 2.700 interpellations, même si seulement cinq manifestants ont été au final condamnés à de lourdes peines de prison. Principal opposant au régime, Alexeï Navalny avait appelé à « voter intelligent » en soutenant les mieux placés pour battre les candidats du Kremlin.
Le chef du parti à Moscou battu
En vue de ce scrutin, aucun des candidats favorables au Kremlin ne s’est en fait présenté à Moscou sous les couleurs de Russie unie, dont la popularité s’est effondrée ces dernières années.
Mais au final, selon l’agence de presse Interfax, neuf anciens députés du parti au pouvoir n’ont pas été réélus dans la capitale, dirigée par le pro-Poutine Sergueï Sobianine. Parmi eux : le chef de la branche moscovite de Russie unie, Andreï Metelsky, qui était élu depuis 2001. »Ce qui est important, ce n’est pas la quantité, c’est la qualité » des candidats, avait prévenu dimanche Vladimir Poutine au moment de son vote.
Les candidats communistes sont les grands gagnants de l’élection dans la capitale : ils rempor-teraient 13 sièges, contre cinq auparavant. Le parti libéral Iabloko aurait trois sièges, une candi-date indépendante qu’ils soutenaient l’ayant aussi emporté. Enfin, le parti Russie juste, considé-ré comme faisant partie de l’opposition « tolérée » par le Kremlin, fait son entrée au Parlement moscovite avec trois députés. Le taux de participation était de 21,77%, légèrement plus élevé que lors de la précédente élection locale en 2014.
A Saint-Pétersbourg, le gouverneur pro-Poutine victorieux
Les résultats définitifs pour les plus de 5.000 scrutins locaux devraient être connus dans la journée de lundi. Les Russes élisaient notamment 16 gouverneurs régionaux et les parlemen-taires locaux de 13 régions, dont la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014.
A Saint-Pétersbourg, où la campagne a été très vive, l’impopulaire gouverneur par intérim soutenu par le Kremlin, Alexandre Beglov, a été élu avec 64,57% de voix, selon la commission électorale. Son principal opposant, le candidat communiste et réalisateur réputé Vladimir Bortko, s’était retiré de la course quelques jours avant l’élection, affirmant que les « dés étaient pipés ». L’opposition a par ailleurs dénoncé des fraudes dans cette ville.
Ce scrutin va contribuer à façonner l’avenir politique de la Russie, avant les législatives de 2021 et à un moment où Vladimir Poutine entame sa troisième décennie au pouvoir, son dernier mandat devant s’achever en 2024.
9 septembre 2019 Arnaud Focraud
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