Hebdo L’Anticapitaliste - 585 (07/10/2021)
Par Dan La Botz
Cette cinquième marche annuelle des femmes depuis 2017 a eu lieu en réaction à l’adoption récente par l’État du Texas d’une loi interdisant pratiquement tous les avortements. Ces marches se sont déroulées à la veille de l’examen par la Cour suprême des États-Unis d’arrêts, examen qui pourrait l’amener à annuler son arrêt de 1973 Roe v. Wade, qui, en 1973, a accordé aux femmes le droit à l’avortement. Certaines participantes voyaient la marche comme un moyen de relancer un mouvement militant de masse des femmes.
« Si les hommes tombaient enceintes, l’avortement serait légal partout »
De nombreuses femmes sentent leurs droits et leur avenir menacés. Comme Alexis McGill Johnson, président de Planned Parenthood (Planning familial), l’a expliqué à une foule. à Washington, D.C. : « Cette année seulement, nous avons vu près de 600 restrictions dans 47 États. Donc, peu importe où vous vivez, où que vous soyez, ce combat est à votre porte. »
Parrainé par plus de 200 organisations « libérales » (c’est-à-dire plus ou moins à gauche) et de défense des droits des femmes telles que Planned Parenthood, la National Organization for Women (l’organisation nationale pour les femmes) et l’American Civil Liberties Union (l’Union pour les droits civiques), mais mobilisant également des dizaines de petits groupes locaux, dans des villes grandes et petites, les femmes de tous âges et leurs alliés ont scandé : « Mon corps, mon choix ». Les manifestantEs ont affiché des pancartes qui, avec humour et sarcasme, exprimaient leur frustration. Un panneau disait : « Si les hommes tombaient enceintes, l’avortement serait légal partout ». Un autre déclarait : « Vasectomies obligatoires. Allez les gars, sauvons des vies ». Et un troisième : « Celui qui n’a pas de vagin devrait juste STFU [fermer sa gueule] ».
Convergences contre les discriminations
Des politiciens ou des candidats aux élections de 2022 ont pris la parole lors des rassemblements dans tout le pays pour parler de la nécessité d’élire plus de démocrates progressistes au Congrès pour défendre le droit à l’avortement. La gouverneure de New York, Kathy Hochul, s’exprimant à Albany, la capitale de l’État, a déclaré à la foule : « En tant que première femme gouverneure de l’État de New York, je protégerai ces droits ». Elle a ajouté : « Ensemble, nous enverrons un message à travers ce pays : vous venez à New York, nous protégerons votre droit à l’avortement tous les jours de la semaine. » Rana Abdelhamid, fille d’immigrantEs musulmans égyptiens et candidate progressiste au Congrès de l’État de New York, a déclaré au rassemblement qu’elle soutenait le droit à l’avortement, en particulier pour les immigrantes.
À New York, où ma femme et moi avons défilé, le rassemblement a commencé avec des manifestantEs scandant « Black Lives Matter ». Rose Baseil Massa, organisatrice de March for Abortion Justice (la Marche pour la justice dans l’avortement), a déclaré à la foule : « Nous savons que les personnes noires, les populations hispaniques et latinos et les populations autochtones sont toutes touchées de manière disproportionnée par les interdictions d’avortement. Il est donc très important que nous soyons ici solidaires. » La notion de solidarité avec les personnes de couleur était un thème central, bien que la manifestation de New York, ville où les Blancs sont une minorité, était majoritairement blanche, avec peu de femmes noires présentes.
« Il y a une guerre en cours »
Les femmes représentaient 70 % des participants à New York, certaines d’entre elles étant des vétérans du mouvement des femmes des années 1960 et 1970, mais surtout des femmes plus jeunes, certaines nouvelles dans le mouvement. Les participantEs politiques de la marche à New York étaient progressistes, avec une forte présence d’organisations démocrates, telles que « Indivisible » et plusieurs clubs démocrates indépendants. Il y avait quelques organisations de gauche présentes, maoïstes et trotskistes, mais elles représentaient une faible minorité tandis que les Socialistes démocratiques (DSA), la plus grande organisation de gauche, n’avaient aucune présence visible dans la manifestation de New York.
À Ashville, en Caroline du Nord, Tessa Paul, coprésidente locale de la DSA, a déclaré lors d’un rassemblement : « Nous sommes réunis ici aujourd’hui parce qu’il y a une guerre en cours. C’est une guerre contre les droits reproductifs des femmes, contre les personnes trans, contre les Noirs, contre les personnes autochtones, queer, handicapées, déplacées et maltraitées. » Il y a une guerre, mais ces manifestations montrent que les femmes ont commencé à riposter.
Traduction Henri Wilno
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