Selon la présidente nationale du STTP Jan Simpson, la décision de la ministre constitue une nouvelle atteinte aux droits de négociation collective du syndicat. Elle vient s’ajouter aux autres que le STTP a subi en l’espace de quelques mois. En décembre dernier, Steven MacKinnon, alors ministre du Travail, a utilisé l’article 107 du Code canadien du travail pour mettre la grève légale sur « pause », et l’article 108 pour créer une Commission d’enquête sur les relations de travail. Chaque fois qu’il est intervenu, le gouvernement l’a fait en faveur de la direction de Postes Canada : suspension de notre grève légale ; création d’une Commission d’enquête dotée d’un mandat qui favorise les positions patronales ; et maintenant, imposition d’un vote malgré la forte opposition du Syndicat.
Le président du Conseil régional FTQ Montréal-Métropolitain Marc-Édouard Joubert, lui-même membre du STTP réagissait en ces termes : « Voici les effets de la normalisation du discours antisyndical. Le droit de représentation est donc maintenant soumis aux décisions de la ministre du travail. Celle-ci force le vote sur l’offre finale de PC. L’habitude de l’ingérence gouvernementale est une dangereuse dérive qui vient plomber ni plus ni moins les règles de saine négociation et le rapport de force souhaité. C’est absolument abject ! Jour noir de l’histoire ouvrière. Lorsque l’offre finale ne peut plus être remise en question, à quoi sert donc le concept de négociation libre ? »
Éliminer la position de ministre du travail pour mieux préparer l’offensive antisyndicale
De surcroit, le titre de ministre du Travail a disparu en mars lorsque M. Carney a formé son premier cabinet. Il a créé une nouvelle fonction de ministre de l’Emploi et de la Famille, ainsi que ministre responsable de l’Agence fédérale de développement économique pour le Nord de l’Ontario et nommé Patty Hajdu à ce poste.
Son cabinet est ainsi le premier depuis 1909 à ne pas compter de ministre dédié au travail. La situation ne s’est pas améliorée après les élections, Carney n’ayant officiellement attribué au travail qu’un portefeuille de « secrétaire d’État », qui n’est pas un poste ministériel. Aucun premier ministre n’a accordé moins de place officielle aux travailleurs au cours des 120 dernières années. (1)
Stéphanie Chouinard Professeure de science politique au Collège militaire royal et à l’Université Queen’s, à Kingston en Ontario et panéliste à Radio-Canada expliquait que la position de Carney d’éliminer la position de ministre du Travail indiquait une réorientation vers « l’économie » au détriment des travailleurs. C’est le moins qu’on puisse dire.
Faire un exemple avec l’offensive actuelle contre le STTP, un des syndicats le plus combatif au Canada
Dans le contexte des tentatives de négociation avec notre voisin du sud, qui s’avéraient jusqu’à maintenant très ardues, cette offensive antisyndicale envoie un message clair. Le gouvernement canadien sera côte à côte avec Trump dans son offensive anti ouvrière.
L’Alliance de la Fonction Publique du Canada (AFPC)abonde dans ce sens et affirme dans un communiqué récent : « Donald Trump a lancé une des offensives antisyndicales les plus agressives de l’histoire des États-Unis. D’un coup de stylo, il a balayé le droit à la négociation collective d’un million de fonctionnaires fédéraux. Cette attaque sans précédent, qui retire à ces personnes leurs protections syndicales, s’inscrit dans un effort plus vaste visant à réduire au silence les syndicats ayant « déclaré la guerre » aux programmes du président, selon une fiche d’information de la Maison-Blanche.
Bien plus qu’un coup de hache dans la fonction publique américaine, c’est un avertissement pour la population canadienne.
Quand les gouvernements s’en prennent aux syndicats, les travailleuses et travailleurs perdent leurs droits, les salaires stagnent et les services publics écopent. La propagande de la droite a convaincu des millions de personnes aux États-Unis de voter contre leurs propres intérêts. On ne peut pas laisser ce scénario se produire ici. Les actions de Trump établissent un dangereux précédent et ouvrent la voie à l’adoption de lois semblables au Canada. » (2)
Des revendications syndicales pour un meilleur service à moindre coût
Dans une entrevue accordée à Presse-toi à gauche en décembre dernier, Renaud Viel, président de la section locale de Montréal du STTP (3) expliquait que les propositions syndicales apportaient des solutions financières et critiquait les dépenses inutiles de Postes Canada. Celui-ci fournit maintenant des véhicules à tous les facteurs et factrices, ce qui est complètement inutile, couteux et anti environnemental. Le syndicat s’oppose au contraire à cette nouvelle pratique et avance en plus des solutions alternatives. Il propose que toutes les compagnies privées de livraison de colis livrent régionalement dans des entrepôts de Poste Canada, comme par exemple à la succursale de Repentigny, et ce sont les facteurs qui livreraient le dernier kilomètre à la résidence appropriée. Cela aurait pour conséquence qu’il y aurait beaucoup moins d’autos et de camions de livraison sur la route et beaucoup moins d’embouteillage et de pollution.
Vers une mobilisation générale
Le STTP est en ce moment le premier sur la ligne de front. Dans le contexte actuel nous ne pouvons pas le laisser seul contre l’offensive du gouvernement Carney. Si le STTP perd la bataille, ce sera le signal d’offensive contre tout le mouvement syndical mais aussi tout le mouvement populaire. Tout le mouvement ouvrier, populaire, féministe et environnemental est concerné et doit se mobiliser sinon nous y passerons tour à tour.
Organisons des mouvements de soutien et des manifestations d’appui afin de créer une mobilisation unitaire au Canada et au Québec, on ne peut laisser passer cette offensive !
André Frappier
(1) https://canadiandimension.com/articles/view/mark-carney-is-already-betraying-voters-who-made-him-pm
(2) https://syndicatafpc.ca/ne-laissons-pas-visees-antisyndicales-trump
(3) https://www.pressegauche.org/Entretien-avec-Renaud-Viel-president-de-la-section-locale-de-Montreal-du
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