Édition du 23 avril 2024

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Arts culture et société

Le cas Susan Sarandon, ou les limites du militantisme à Hollywood

Contre la guerre en Irak, contre la peine de mort, contre l’incarcération de masse… et pour un cessez-le-feu à Gaza. L’actrice américaine a toujours milité pour de nombreuses causes, sans que cela ne nuise à sa carrière, relate “The New York Times”. Jusqu’à sa déclaration à une manifestation propalestinienne, qui lui a valu d’être renvoyée de l’agence United Talent Agency.

Tiré de Courrier international.

Pendant des décennies, la carrière de l’actrice Susan Sarandon est restée florissante, alors qu’elle a toujours montré “un intérêt robuste pour l’activisme” et défendu des causes “qui la plaçait bien à la gauche du petit monde de Hollywood”, souligne The New York Times.

La comédienne à la carrière bien fournie, devenue célèbre pour son rôle dans le road-movie Thelma & Louise, sorti en 1991, et qui a remporté l’Oscar de la meilleure actrice en 1996 pour le film contre la peine de mort La Dernière Marche, s’est de tout temps illustrée “en participant à des manifestations, en prononçant des discours engagés à Hollywood ou pour ses déclarations de soutien en faveur de tel ou tel candidat politique”.

Corde sensible

Mais tous ces engagements n’ont eu que “peu d’effet sur sa carrière”, jusqu’à la semaine dernière quand Susan Sarandon, aujourd’hui âgée de 77 ans, a été virée de United Talent Agency, l’une de plus grosses agences artistiques hollywoodienne, pour avoir déclaré, mégaphone en main, lors d’une manifestation propalestinienne organisée le 17 novembre à New York :

“Il y a beaucoup de gens qui ont peur, qui ont peur aujourd’hui parce qu’ils sont juifs, et qui découvrent ce que vivent tant de musulmans, si souvent victimes de violence, dans notre pays.”

Cette déclaration est venue toucher “une corde sensible, à un moment où Hollywood se retrouve divisé sur la guerre entre Israël et le Hamas”, note le quotidien. Certains, dans l’industrie hollywoodienne, s’alarment de la hausse de l’antisémitisme et du fait que le petit monde du cinéma n’ait pas suffisamment exprimé son soutien à Israël après les attaques du Hamas du 7 octobre.

Mais le débat s’est aussi déplacé sur la question de la liberté d’expression. Le clivage sur la guerre en cours à Gaza va en effet bon train dans le monde des arts et du cinéma américain, où “des professionnels du cinéma et des comédiens ont perdu leur emploi ou un rôle après avoir critiqué Israël pour avoir tué des milliers de civils à Gaza”, rappelle le journal.

Si ses prises de position passées “contre la guerre en Irak, contre la faim dans le monde, contre le trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, contre l’incarcération de masse aux États-Unis ou contre la peine de mort” n’ont pas eu de conséquences, le soutien affiché par Susan Sarandon à la candidate du Green Party, Jill Stein, lors de la présidentielle de 2016, et son refus de soutenir la candidate démocrate Hillary Clinton face à Donald Trump lui ont tout de même valu quelques inimitiés.

Au ban du box-office

Mais sa dernière déclaration pourrait bien empoisonner la fin de sa carrière et la mettre au ban du box-office, estime, dans les colonnes du New York Times, Steven J. Ross, professeur à l’université de Californie du Sud.

Pour l’universitaire, Susan Sarandon “comprend qu’il y a un risque. Mais elle croit clairement qu’il est de son devoir de s’exprimer en tant que citoyenne quand elle a la sensation que son pays se fourvoie et qu’une politique ne devrait pas être menée.”

L’actrice a d’ailleurs souligné par le passé que le militantisme était pour elle une obligation morale dérivant de son statut de célébrité, souligne le New York Times. En 2016, elle déclarait déjà à propos de son métier de comédienne qu’il était de nature à “donner au public la possibilité de repenser sa vie et de s’informer”.

Et l’actrice d’enfoncer le clou : “Même si je ne suis vraiment pas experte en rien, cela me donne l’opportunité de faire briller une petite lumière et d’avoir une petite voix au chapitre.”

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