Édition du 16 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

International

Regards sur l’actualité internationale

Nigéria, Birmanie, États-Unis...

Nigéria : une dure lutte se poursuit dans le sud du pays, dans le delta du fleuve Niger. La population de la région, les Ogonis, lutte contre les compagnies d’exploitation du pétrole, principalement Shell, depuis près de trente ans maintenant. Depuis le début du développement de cette industrie tout a été fait sans que les habitants du delta y soient mêlés de quelque façon que ce soit, comme dans beaucoup d’autres parties du monde.

Quelques emplois leur ont été attribués mais la vaste majorité vit dans la plus grande pauvreté. En plus les méthodes d’exploitation provoquent des dommages environnementaux jugés désastreux. L’essentiel des revenus a été capté par la compagnie, ses détenteurs d’actions et les dirigeants nigérians dont une série de dictateurs au cours des années. Cette situation dure encore aujourd’hui.

La population s’est donc révoltée et a mené des actions de protestation qui visaient autant le gouvernement nigérian que Shell. Au début des années quatre-vingt-dix, un écrivain ogoni, Ken Saro-Wiwa a pris la tête de la lutte et a réussi à attirer l’attention internationale sur la situation. Durant cette période il a aussi reçu le prix Nobel de littérature. À cette époque le Nigéria était sous dictature. Le gouvernement a engagé une répression féroce contre les militants et Saro-Wiwa a été arrêté avec beaucoup d’autres. En 1995, il a été exécuté par pendaison avec huit de ses compagnons après un procès douteux.
Actuellement, un nouveau procès s’ouvre à New York cette fois contre la compagnie Shell qui est accusée de complicité dans les crimes commis contre la population du delta, dont la torture, la violation des droits humains et dans l’exécution de Ken Saro-Wiwa. C’est la famille Wiwa qui assume la poursuite. Le procès devait s’ouvrir mercredi le 27 mai. Il est reporté mais le choix du jury devrait débuter cette semaine. (voir shellguilty.com)

BIRMANIE (MYANMAR) :

Dans ce pays dirigé par une dictature militaire depuis plus de vingt ans maintenant, la cheffe du parti d’opposition a de nouveau été arrêtée il y a dix jours.

Mme Aung-San-Suu Kyi, détentrice d’un prix Nobel de la paix, âgée de plus de soixante ans maintenant, a passé treize des dix-neuf dernières années entre la prison et l’assignation à résidence. Elle devait être libérée le vingt-six mai. Son parti a gagné les élections législatives haut la main en 1990. La junte n’a jamais reconnu ces résultats et l’a arrêtée. Ses conditions de détention sont très strictes : aucun contact avec l’extérieur ne lui est permis sauf avec les deux ou trois femmes qui s’occupent d’elle et de sa maison et son médecin. Elle n’a droit à aucun coup de téléphone, pas droit non plus à la télévision et encore moins à Internet. Or, à la mi-mai environ ne voilà-t-il pas qu’un homme arrive chez-elle, à la nage et lui dit qu’il veut la rencontrer. Sa maison est sur le bord d’un lac. L’homme en question s’avère être un Américain qui aurait agit de son propre chef. Au bout de deux jours, une fois avertie la junte a à nouveau incarcérée Mme Suu Kyi et lui intente un procès pour bris de condition de détention. Ce procès s’est ouvert au début de la semaine dernière. Il se passe à huis clos. Toutefois, Mme Suu Kyi s’y défend avec ardeur. Elle a retourné la situation en remettant les torts sur la junte qui, dit-elle, n’a pas réussi à assurer ses propres règles. Elle a aussi fait témoigner des gens de son entourage politique qui ont pris se défense.

Plusieurs experts sont convaincus que c’est la junte qui a organisé le stratagème pour avoir une raison de remettre Mme Suu Kyi en prison. De nouvelles élections vont se tenir l’année prochaine et les chances qu’elle les gagne sont élevées.

Ce procès n’est pas terminé mais il est en train de mettre la junte sur la défensive. Des supporters, membres du Parti du Peuple, sont massés devant la prison où il se tient et des reporters réussissent à obtenir des informations qui sont diffusées dans le monde entier. La junte est ainsi mise sous surveillance, alors qu’elle paie 400 personnes pour surveiller ce qui se passe autour de la prison. Il faut du courage à ces militants politiques pour poursuivre aussi visiblement la lutte après les terribles représailles infligées à ceux et celles qui se sont révolté contre la junte il y a tout juste dix-huit mois.

ÉTATS-UNIS :

1- Lutte dans les Appalaches : cette région comprend la Virginie occidentale et plusieurs autres états du centre est, allant au sud jusqu’à l’Alabama. Il s’agit du plus grand bassin houiller du pays. On y exploite le charbon depuis près de deux siècles. Or, depuis une bonne vingtaine d’années, les compagnies exploitantes y utilisent une méthode d’extraction qui leur font économiser beaucoup d’argent et augmenter leurs profits. Elles rasent le haut des montagnes et des collines pour arriver plus directement au minerai. Ainsi elles évitent les dépenses que représente la construction d’une mine sousterraine, épargnent les dépenses de main d’œuvre ; il faut dix fois moins de travailleurs de cette façon, et peuvent utiliser un équipement moins sophistiqué qu’autrement, donc moins cher.

C’est une vraie catastrophe pour toute la population du bassin et également pour l’environnement. Il n’y a pour ainsi dire plus d’emplois disponibles et la population s’appauvrit constamment. Les nappes phréatiques sont contaminées et de plus en plus de gens ne peuvent plus boire l’eau du robinet. Cette méthode d’extraction produit aussi une quantité très importante de déchets. Ils sont tout simplement déposés sur le sol, et sous l’effet des intempéries les cours d’eau sont contaminés. La santé des habitants est compromise. Sans compter la destruction des paysages.

Les environnementalistes, les travailleurs du charbon et les habitants luttent depuis plusieurs années pour que le gouvernement fédéral américain interdise ces pratiques. Sous l’administration Bush ils n’ont récolté qu’une fin de non recevoir. Après son élection, M. Obama s’est engagé à interdire ces formes d’extraction. Tout le monde a poussé un soupir de soulagement. Mais la semaine dernière l’agence pour l’environnement (EPA), de qui relève ce genre de réglementation, a maintenu les permis. Je souligne que cette industrie prétend avoir un programme pour produire du charbon propre….Ce n’est pas le seul endroit ou cette méthode d’extraction minière est utilisée aux Etats-Unis ; on compterait environ sept cents montagnes et collines qui auraient été ainsi décapitées et rasées sur tout le territoire.

2- AUTOMOBILE : le gouvernement américain devient propriétaire à 60% de GM. Mais ce n’est pas une nationalisation…..Ce sont les gouvernements canadien, ontarien, le syndicat des travailleurs de Gm via sa caisse d’assurance maladie et Magna International (compagnie de pièces ontarienne) qui combleront les 40% restant. Les détenteurs d’oblogations de GM ont refusé d’accepter le montant que la compagnie leur proposait au point de départ et l’on ainsi acculée à la faillite. Ils ont tenu leur bout et ont finalement accepté une meilleure offre : ils détiendront environ 15% du capital de la nouvelle compagnie qui sera formée dans le processus de restructuration. Ils essuient des pertes, mais pas de l’ordre de ce qu’auraît le premier arrangement.
Le syndicat des employés de Chrysler devient maintenant, lui aussi un des propriétaires de la compagnie.
Curieuse situation : des syndicats qui deviennent patrons ! Serions-nous dans la co-gestion sans le dire.....?

AMNISTIE INTERNATIONALE

vient de publier son rapport annuel. Elle y déplore une augmentation importante des attaques contre les droits humains. Dans une entrevue à Radio-Canada cette semaine, la représentante pour le Canada francophone insistait pour dire qu’il ne fallait pas compter sur les membres du G20 pour intervenir dans cette situation ; « ils sont les premiers à ne pas respecter ces droits » ajoutait-elle. Le rapport montre aussi que la crise alimentaire est loin d’être terminée même si on en parle beaucoup moins. Les populations les plus pauvres sont les plus vulnérables à la famine si elles n’y sont pas déjà.
(Voir leur site).

SRI-LANKA :

le London Times a rapporté cette semaine que l’ONU aurait caché l’ampleur des assassinats perpétrés par l’armée Sri-Lankaise à la fin de la guerre contre les Tigres Tamouls et après l’arrêt des hostilités. Le journal estime que la mort de plus de 20,000 civils aurait été passée sous silence. L’ONU aurait voulu ainsi, protéger ses capacités d’action dans le pays et auprès des réfugiés de l’intérieur toujours détenus par l’armée dans des camps qualifiés de camps de concentration par des ONG et autres organisations. (Voir l’article publié la semaine dernière sur notre site).

ISRAËL :

dans la foulée de la détérioration de l’atmosphère et des conditions de vie des Palestiniens citoyens (avec des restrictions de droits) d’Israël, un projet de loi a été déposé ces derniers jours à la Knessett exigeant un serment d’allégeance à l’État hébreux de leur part.
Comme il est quasi impossible que cette population se soumette à une telle demande, on peut prévoir une augmentation des tensions dans le pays ; une fois de plus.

Mots-clés : International
Alexandra Cyr

Retraitée. Ex-intervenante sociale principalement en milieu hospitalier et psychiatrie. Ex-militante syndicale, (CSN). Ex militante M.L. Actuellement : membre de Q.S., des Amis du Monde diplomatique (groupe de Montréal), animatrice avec Lire et faire lire, participante à l’établissement d’une coop. d’habitation inter-générationnelle dans Rosemont-Petite-Patrie à Montréal. Membre de la Banque d’échange communautaire de services (BECS) à Montréal.

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