Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Blogues

Le blogue de Pierre Beaudet

On a (toujours) raison de se révolter

Pendant que les politiciens et leurs amis des médias berlusconisés somnolent pour profiter de l’été, la bonne « vieille » lutte des classes continue. Comment en serait-il autrement ? Les dominants, encore plus depuis leur inoubliable gâchis de 2008, relancent leurs plans dits d’ « austérité » (valables pour le 99%) et leurs opérations d’enrichissement (pour le 1%). Ainsi, une immense arnaque est en train d’être imposée aux syndiqué-es qui ont négocié en toute bonne foi des régimes de retraite, essentiellement pour leur voler leur argent durement gagné.

En fin de compte, c’est toujours la même chose : il faut ramener par le bas les conditions des dominés. Si un travailleur a 50% de son salaire à sa retraite et qu’un autre a 25%, c’est une injustice qu’il faut corriger en ramenant tout le monde à 25%, comme le disent l’Institut économique de Montréal et le réseau Quebecor. J’entendais même un radio-canadien supposément ouvert dire l’autre jour, « c’est normal, il faut combattre le déficit ». Bien sûr que c’est « normal » de frapper les salarié-es, dans l’optique de Desmarais, PKP et leurs amis Couillard, Barrette et Bolduc. On ne va quand même pas demander au 1% de « sacrifier » leurs épargnes bien cachées dans les paradis fiscaux.

L’autre « normalité », c’est de matraquer le secteur public. Quelques 350 000 travailleurs travailleuses de la santé, de l’éducation et des services publics sont la cible. Eux aussi, selon les mêmes menteurs, sont des  privilégiés. Il est important, pour être juste, de les rabaisser à ceux et celles qui n’ont pas de salaire décent ni de conditions de travail un peu humaines. On ne peut être surpris que cela soit le discours dominant. Après tout, le 1% fait sa job, via ses relais et ses mercenaires.

Chose « anormale » cependant est l’espère d’atonie qui semble dominer les organisations syndicales en ce moment. Espérons que c’est l’effet « été » et qu’il y aura un réveil cet automne. On leur souhaite bonne chance et en fait, on se souhaite bonne chance, à nous tous et toutes. Il faut se souvenir que les grandes luttes du secteur public dans les années 1960-70 ont changé le rapport de forces pour tout le monde et tiré vers le « haut » les conditions de l’ensemble des travailleurs et travailleuses. Sans ces grandes luttes, on serait peut-être comme au Texas, avec 50 % des gens à un salaire ridicule, forcés de faire 2 jobs, sans assurance-maladie, et incapables d’envoyer les enfants à l’école. C’est le « paradis » auquel rêvent les complices habituels tels Mario Dumont, Éric Duhaime et les autres bouffons qui polluent les ondes.

En attendant, la lutte syndicale a été et reste au Québec au centre de la mobilisation sociale. Certes, les syndicats ne sont pas le seul acteur (on l’a vu lors de la grève étudiante et les manifestations des Carrés rouges), mais ils sont une force dont on ne peut se passer. Dans l’action syndicale, et ce sont les syndicalistes qui le disent, il y a une tension constante entre les impératifs de la négociation et de l’obtention d’une bonne convention d’une part, et la mobilisation sociale et disons le mot, politique, nécessaire pour que le rapport de forces évolue en faveur des travailleurs et des travailleuses. Ce n’est pas une contradiction facile à gérer, contrairement à une certaine pensée simpliste qui se présente parfois à gauche. Une fois cela dit , et c’est l’expérience des luttes syndicales qui le disent, il est parfois nécessaire de sortir du cadre contraignant de la convention collective et de faire converger les luttes. Dans cette convergence, un mot clé ressort : unité ! En allant au combat séparément, il est impossible que les syndicats gagnent beaucoup, que ce soit dans le secteur public ou ailleurs.

De ce thème et de bien d’autres, il sera question cette semaine au Forum social des peuples à travers de multiples ateliers, dont celui organisé par les Nouveaux Cahiers du socialisme et la revue Canadian Dimension, et qui s’appelle « Convergences syndicales et politiques ». Cela se passe vendredi avant-midi (vous pouvez le voir sur le programme des NCS : cahiersdusocialisme.org). Il y aura, imaginez-vous, un débat, c’est-à-dire une vraie discussion, et non un exposé canné d’avance exprimant un point de vue officiel. Les participant-es qui sont tous des militant-es des mouvements sont là pour réfléchir à voix haute, non pour se gratifier. Soulever les problèmes, les contradictions, les erreurs, ce ne sont pas des séances d’auto-flagellation pour des militant-es, mais des moments où on se regarde dans le miroir, quitte à voir ici et là les quelques petits points noirs incrustés dans la peau, pour pouvoir les enlever !

On a toujours raison de se révolter, encore plus quand on s’organise pour gagner.

Sur le même thème : Blogues

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...