Édition du 12 mars 2024

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Europe

Plus que jamais, poursuivre le combat antiraciste et antifasciste en Grèce !

Chryssi Avgi (CA – Aube dorée) est désormais reconnue comme « organisation criminelle » suite au verdict de la cour pénale d’Athènes, mercredi 7 octobre.

Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 539 (15/10/2020)

Crédit Photo
Magda Fyssas, mère du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas tué par les nazis en 2013. Eurokinissi / Stelios Missinas

Par A. Sartzekis

Bien sûr, ce procès fera date, ne serait-ce que pour y avoir vu la lâcheté des fiers à bras de CA, se défaussant les uns sur les autres et faisant plaider maintenant les circonstances atténuantes. Face à eux, il faut souligner la fermeté de la présidente de la cour, la véritable unité d’action des avocatEs des victimes démontrant le projet politique criminel, sans oublier le rôle important de journalistes, comme Dimitris Psarras et son livre Aube dorée. Une première leçon est qu’il est possible, en accompagnant le procès d’une mobilisation puissante, d’obtenir une importante victoire judiciaire qui pourrait donner des idées dans d’autres pays d’Europe.
Une victoire historique à ne pas se laisser voler

Mais l’autre leçon immédiate est qu’il convient de donner toute sa portée à ce procès historique. Car la victoire est réellement historique : jamais les fascistes n’avaient vraiment été poursuivis en Grèce, puisqu’après-guerre, les pires assassins collabos des nazis avaient été recrutés pour lutter contre les communistes et qu’après la junte des colonels (1967-1974), seuls quelques dirigeants avaient été condamnés, mais le chef de la jeunesse fasciste a pu devenir tranquillement le chef de CA !

Par ailleurs, depuis quelques jours, on ne compte plus les déclarations des politiciens les plus pourris se vantant d’être les artisans de cette « victoire de la démocratie » et insistant comme le Premier ministre Mitsotakis sur la nécessaire vigilance contre « les extrêmes » ! Même si cette manœuvre ne prend pas, le mouvement antifasciste a tout intérêt à rappeler très largement que si CA a pu agir comme les SA d’Hitler, c’est bien parce qu’une partie de la droite est allée jusqu’à rêver de gouverner avec ce groupe, effrayée qu’elle était par la force du mouvement populaire contre les mémorandums et comptant sur CA pour l’attaquer frontalement. Si des armateurs ont financé CA, c’était entre autres pour qu’elle agresse les syndicalistes des ports et qu’elle implante des syndicats maison. Il ne faudra jamais oublier les déclarations complices de dirigeants de la droite, mais aussi de chefs du PASOK comme Loverdos, se félicitant de voir un mouvement « s’attaquer » enfin à des questions comme l’immigration… Et cela sans oublier la complicité de certains chefs religieux, de stars, sans oublier les médias, tel Stefanos Kasimatis, du très « sérieux » quotidien Kathimerini, osant écrire en 2012 que « tous ceux qui croient en la démocratie doivent un grand merci à Chryssi Avgi »…
Poursuivre la bataille

On pourrait faire un florilège de ces écœurantes complicités. Ce qui a alors changé la donne, c’est la peur du gouvernement Samaras d’une émeute populaire après le meurtre du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas en 2013, et la droite s’est résignée à faire ouvrir un procès qui aura duré presque six ans. Mais elle ne s’est jamais attaquée aux racines du mal. Au contraire, elle les cultive, certes en veillant à ne pas laisser se développer un trop fort groupe fasciste autonome. Et sa politique vise à incorporer des fascistes prétendus assagis (!), en montrant clairement que la bourgeoisie grecque – et européenne – hésitera moins que jamais à étouffer cyniquement les droits démocratiques, à cultiver le racisme, à intensifier une répression criminelle – mais qu’elle fait valoir comme légale – en couvrant les flics du ministre Chryssoïdis.

Et, de fait, le ver est dans le fruit : d’après un sondage du 8 octobre (journal Efimerida ton Syntakton), un CA sans violence mais avec les mêmes idées a le soutien de 20 % des sondéEs ! C’est dire l’urgence, et il est évident que le combat de fond, c’est bien de mettre fin au système qui nourrit le racisme et le fascisme, ce dont le mouvement antifasciste est bien conscient. Mais des revendications antifascistes immédiates sont indispensables, comme celles de la dissolution des corps de répression (nids de pro­nazis), la démission du ministre de la Police et de celui des Migrations, des campagnes contre certains « journalistes vedettes » racistes et semeurs de haine… Un signe encourageant : lors de la répression contre la manif antifasciste du 7 octobre, de nombreux habitantEs ont ouvert leurs portes aux jeunes poursuivis, et cette solidarité, on ne l’avait pas vue depuis longtemps…

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