En effet, le paiement à l’acte ne favorise aucunement la prévention et met en place des conditions favorables au surdiagnostic qui coûte très cher au gouvernement du Québec. Cela n’est pas abordé par le projet de loi. « Un nouveau mode de rémunération permettrait d’allouer plus facilement les ressources aux endroits où elles sont davantage requises tout en s’assurant de la pertinence des soins », estime Jean Lacharité, vice-président de la CSN.
Il serait également opportun d’agir sur le rôle plus grand que pourrait prendre l’équipe soignante, dont les infirmières, et les autres professionnel-les de la santé, de façon à dégager les médecins qui seraient alors en mesure de prendre plus de patients, et à vraiment faciliter l’accès à la première ligne. « Comment peut-on réduire l’accès aux services à la seule disponibilité des médecins ? Une réelle première ligne passe d’abord et avant tout par de la prévention et des services sociaux de qualité, ce qui est totalement absent de ce projet de loi », explique le vice-président.
« Le projet de loi 20 laisse par ailleurs dans l’ombre la place que pourraient prendre les supercliniques promises par le Parti libéral. Le gouvernement ne nous a toujours pas indiqué si ces cliniques seraient privées ou publiques. Dans ce projet de loi, on craint que le gouvernement veuille favoriser le développement de cliniques médicales privées », affirme Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN).
« Il est curieux de voir que le projet de loi 20 maintient un rôle pour les agences régionales dans la répartition des médecins, alors que le gouvernement prévoit leur abolition avec le projet de loi 10 », souligne par ailleurs Michel Tremblay, président de la Fédération des professionnèles. Si ce rôle était confié plus tard aux futurs centres intégrés de santé et de services sociaux (CISSS), il faudrait alors du personnel supplémentaire affecté à ces nouvelles tâches. Cela démontre la nécessité des services actuellement offerts dans les agences régionales. »
Manque de transparence
Malgré deux projets de loi, plusieurs aspects de la réforme globale du système de santé du ministre Barrette demeurent encore nébuleux. « Dommage que le ministre maintienne par ce projet de loi une vision si étroite de l’accès aux services de santé et de services sociaux. Cela est d’autant plus déplorable que le 9 décembre prochain, les composantes du réseau seront réunies pour une deuxième fois pour mettre de l’avant des solutions porteuses pour assurer l’avenir du réseau et un meilleur accès aux services », affirme Jean Lacharité.
La CSN estime que pour comprendre l’ensemble de l’œuvre et sa portée, le ministre Gaétan Barrette devrait mettre l’ensemble de ses intentions sur la table en vue d’une consultation globale et générale.