Édition du 10 décembre 2024

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alimentation

Sécheresse aux États-Unis : famine mondiale

En 2012, les États-Unis ont connu leur pire sécheresse depuis 1988. Les conséquences sur l’agriculture et les produits alimentaires sont énormes pour les États-Unis. « Suite aux épisodes de canicule, l’USDA a classé au 30 août en zone sinistrée 1 820 comtés dans 38 états fédérés » (http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70897.htm)

Les conséquences sont d’abord économiques. Car l’agriculture joue un rôle plus important qu’on pourrait le croire dans un pays industrialisé comme les États-Unis.

« Les Etats-Unis ont une position dominante en matière de production agricole avec des exportations agricoles qui ont augmenté de 370% depuis 1988 pour atteindre 137 milliards de dollars en 2011 (source : USDA, ministère américain de l’agriculture). L’agriculture représente un emploi sur douze, et selon les données de l’USDA [1], le poids économique du secteur a augmenté de 247% depuis 1988 pour atteindre 98,1 milliards de dollars en 2011. Entre 1987 et 2009, les données de productivité montrent que les productions ont augmenté de 30% pour le soja, de 38% pour le maïs, de 46% pour la viande rouge et la volaille, et jusqu’à 57% pour le lait. » (http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70897.htm)

Les États-Unis sont toujours considérés comme le grenier du monde. C’est une agriculture productive et efficace. Et cette productivité a été augmentée par les OGM. Mais une baisse de production dans ce grenier et tout le régime des prix se trouve affecté d’abord aux États-Unis mais aussi partout dans le monde. Les conséquences de la sécheresse américaine ne seront donc pas seulement américaines mais mondiales. À preuve les chiffres suivants :
« Selon l’USDA, les prix alimentaires devraient aussi continuer de croître de 3 à 4% en 2013 : les produits laitiers de 3,5 à 4,5%, la volaille et les oeufs de 3 à 4%, et le porc de 2,5 à 3,5%.. »

Mais se remettre d’une telle sécheresse ne se fera pas en une année. Et rien ne garantit que les changements climatiques ne vont pas encore changer la donne. Parce que là est le bat qui blesse : les changements climatiques. Le centre des États-Unis est de plus en plus aux prises avec le manque d’eau. Il n’y a pas de pluie, les nappes phréatiques s’épuisent.
« Like the haboobs, water scarcity here is starting to seem like something other than a passing concern. It’s a troubling sign of a long-term trend, a problem exacerbated by drought but more complex than annual precipitation. After decades of overuse—tapping into aquifers and removing more water than nature could add back in, even during the abnormally wet 1980s and ’90s—the water-credit system in this part of the country seems to be running out. “We’ve used much more water in the last couple years than we normally would because of the drought,” explains Robert Hagevoort, a dairy specialist at New Mexico State University’s agricultural science center. Water tables have dropped quickly, he says, and as a result irrigated agriculture is under severe threat. » (http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article29352)
Oui un problème plus complexe et à plus long terme qui risque de miner l’agriculture américaine et par conséquent fragiliser la situation alimentaire mondiale.

Deux nouveaux joueurs

Deux nouveaux joueurs viennent perturbés la production de denrées alimentaires aux États-Unis : les biocarburants qui épuisent les récoltes de maïs et la fracturation pour le pétrole de schiste qui pollue les nappes phréatiques.

La production d’éthanol n’est pas une production marginale pour la récolte de maïs. Cela représente :

« En fait, depuis la mi-octobre, la production quotidienne d’éthanol est passée de 860 000 barils par jour à présentement 916 000 barils par jour selon le dernier rapport de l’EIA (Energy Information Administration), l’organisme américain qui s’occupe de compiler des informations sur l’offre et la demande énergétique aux États-Unis.
Officiellement, le taux de conversion pour la fabrication d’éthanol à partir du maïs est de 2,7 gallons par boisseau. Ceci veut dire qu’au rythme actuel, il se consomme quotidiennement près de 362 000 tonnes de maïs par jour pour produire de l’éthanol aux États-Unis, soit 132 millions de tonnes annuellement. Or, selon le dernier estimé du USDA, c’est plutôt 127 millions de tonnes de maïs qui devrait être utilisé pour faire de l’éthanol aux États-Unis cette année.

Est-ce donc dire qu’on peut s’attendre à voir les inventaires américains de maïs s’amincir encore alors qui sont déjà prévus très serrés pour 2012 ? » http://www.lebulletin.com/forums/topic.php?id=670
A tel point que la sécheresse de 2012 a obligé les producteurs de bétails de demander des quotas de production d’éthanol pour éviter que le prix du grains pour le bétail ne soit trop élevé.

Des recherches intensives se font présentement pour tenter de trouver des plantes résistantes à la sécheresse mais pas pour la consommation humaine mais pour la production d’éthanol. On voit où vont les priorités des capitalistes américains. Mais on peut surtout voir qu’eux prennent au sérieux les dangers qui s’en viennent avec les perturbations climatiques. Ils s’y préparent mais pour leur profit.

Quant à elle, la fracturation pour récupérer le pétrole utilise aussi beaucoup d’eau et pollue les nappes phréatiques. La production de ce type de pétrole a augmenté de façon exponentielle aux États-Unis. :
« Depuis 2007, la production américaine, il est vrai, est passée de 5 à 7,5 millions de barils par jour (dont deux millions de barils de pétrole de schiste). » (http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/70897.htm )
On peut donc imaginer les conséquences sur l’environnement.

Famine mondiale

« L’ONU a avertit que « les réserves mondiales de céréales sont si dangereusement basses que les phénomènes météorologiques les plus extrêmes des États-Unis ou d’autres pays exportateurs d’aliments pourraient déclencher une crise alimentaire majeure au cours de l’année prochaine » (The Observer, 13 octobre 2012 ; Express.be, 16 octobre 201)
Il faut donc prévoir que comme la situation risque de ne pas s’améliorer aux États-Unis, des révoltes de la faim vont faire leur apparition. Déjà des contrées autour de la Corne en Afrique sont ciblés comme endroits critiques.
Le grenier du monde est en train de s’épuiser.Cette réalité américaine devrait nous sonner un signal d’alarme. Il faut repenser l’agriculture non pas en terme de faire des profits mais en terme écologique. Il faut donc penser l’agriculture et la production alimentaire dans ses effets environnementaux pour préserver la planète et être capable de se nourrir et de nourrir nos enfants et petits-enfants.
Un enfant victime de famine de nos jours, c’est une meurtre disait Albert Achard.Allons nous allonger la liste des morts ?

Chloé Matte Gagné

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