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Sous-traitance des activités gouvernementales - « Véritable fléau endémique », selon le SPGQ

QUÉBEC, le 13 oct. 2021 - Le Syndicat de professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ) qualifie la sous-traitance des activités gouvernementales de véritable fléau endémique. Le syndicat en veut pour preuve la valeur des contrats de service qui, pour l’année 2019-2020, s’élevait à près de 3 milliards $, une somme colossale dont la majeure partie vient enrichir les firmes privées.

« Bien que le Secrétariat du Conseil du trésor reconnaisse l’importance de revoir les façons de faire afin d’attirer les meilleurs talents et d’assurer le maintien et le développement de l’expertise gouvernementale, rien ne semble y faire. La volonté politique de s’affranchir de la sous-traitance abusive n’est clairement pas là, comme le démontrent le ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements Benoit Charrette qui veut sous-traiter des inspections environnementales et le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge qui encourage les écoles à recourir au privé si elles sont incapables d’aider les enfants vulnérables. À cela s’ajoute le délestage des traducteurs de l’État au profit de la sous-traitance dans un contexte où le gouvernement entend multiplier les traductions de différents jugements avec son projet de loi visant à faire du français la langue officielle et commune du Québec. Bref, la parole ne suit pas le geste », exprime Line Lamarre, présidente du SPGQ.

Le SPGQ est estomaqué par les coûts d’une sous-traitance que l’on peut qualifier d’abusive, car si ces travaux étaient confiés à du personnel professionnel à l’interne - dont la rémunération coûte de 30 % à 50 % moins cher que le recours à du personnel professionnel de firmes privées - le gouvernement pourrait potentiellement économiser entre 570 et 950 millions $ par an.

« Depuis quelques années émerge un mouvement de retour des services à l’interne dans plusieurs municipalités au Canada et dans le monde. Le Center for civic governance du Columbia Institute s’est intéressé aux gouvernements municipaux qui mettent fin à la sous-traitance et à la privatisation. Le constat est que ce sont les coûts qui les conduisent à rapatrier des services à l’interne, car les économies promises par le privé n’étaient pas au rendez-vous. Le contrôle de la qualité, la flexibilité, l’efficacité, les problèmes avec les entrepreneurs privés, la capacité du personnel, le moral des employés et l’aide aux citoyens vulnérables font également partie des motifs ayant amené plusieurs municipalités à changer de cap. Qu’attend le gouvernement du Québec pour emboîter le pas et cesser de s’en remettre aveuglement à la sous-traitance ? » s’interroge Mme Lamarre.

Le SPGQ estime que le gouvernement québécois ne peut tout réaliser lui-même. Toutefois, les sommes qu’il a payées en 2019-2020 pour des contrats de service externes sont nettement plus élevées que le 1,9 milliard $ qu’il a dédié à la masse salariale de son personnel professionnel. Le gouvernement semble ainsi privilégier la sous-traitance à l’expertise interne.

« Pour réaliser l’ampleur des dégâts induits par la sous-traitance, le gouvernement peut observer un immense gâchis dans le secteur de la santé. De mauvaises conditions de travail et une sous-rémunération du personnel ont forcé le recours à des agences privées. Pour éviter de revivre une telle catastrophe en éducation, en environnement ou au cœur d’autres missions fondamentales de l’État, le gouvernement doit rehausser son attractivité et recouvrer son expertise au plus tôt », conclut la présidente du SPGQ.

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