Édition du 23 avril 2024

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VERT ne veut pas dire PILLAGE ! : Lettre ouverte de la société civile sahraouie à la COP22

Les exactions contre la biodiversité dans le Sahara occidental occupé, à savoir dans la région d’El-Ayoun et dans la zone de Dakhla ? ont été causées par les dégâts énormes résultant de la concentration des activités économiques dans le territoire sahraoui contesté. Cela a eu un immense impact sur l’environnement et a laissé des empreintes négatives sur la biodiversité et la carte géologique dans la partie du Sahara occidental occupée par le Maroc.

tiré de : 2016 - 46 * 12 novembre : Notes de lectures, textes et pétitions

Publié le 8 novembre 2016

De : la société civile sahraouie
Sahara occidental occupé
Date : 5 novembre 2016

Pour : COP22,

Marrakech, Maroc

Chers participants à la COP22,

La destruction des ressources naturelles a également conduit à un déséquilibre dans l’environnement et dans le climat, y compris les eaux souterraines. Les eaux usées et leur évacuation sont gérées d’une manière irrationnelle, ce qui les rend nuisibles pour la mer et les réservoirs d’eau souterrains.

La péninsule de Dakhla est également menacée de s’affaisser sous le niveau de la mer dans les années à venir, du fait du réchauffement climatique qui menace le climat et la terre dans le monde entier.

Des forages pétroliers sont également en cours sur le territoire, menés par des sociétés étrangères comme Kosmos Energy, avec la bénédiction du gouvernement marocain. Les forages pétroliers signifient plus de pollution pour l’eau, la terre et pour l’ozone. Cela se traduira par une contribution plus importante au réchauffement de la planète. Produire plus de pétrole signifie qu’il sera utilisé. Et cela va augmenter le dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, ce qui élèvera la température de l’atmosphère. En outre, les activités de forage pétrolier se traduiront par la mort de beaucoup d’oiseaux migrateurs qui se déplacent le long des côtes sahraouies. Sans oublier la pêche, vu que nos eaux sont très poissonneuses. Il a été prouvé que les activités pétrolières sont une menace directe pour les animaux sur la terre ferme et les poissons.

Dans la ville d’El-Ayoune, une centrale thermique est en cours de construction et entrera bientôt en fonction. Cette même centrale a été refusée dans le passé dans plusieurs villes marocaines qui en ont bloqué la construction et l’exploitation sur leur territoire. Ce type de centrale thermique fonctionne en utilisant du fioul lourd, considéré comme le pire type d’énergie car il provoque de grands dommages à l’environnement.

Des sources internes à la banque d’État allemande KFW, la Banque mondiale, la Banque européenne d’ investissement et l’Union européenne, ont toutes rapporté à l’agence Reuter que leurs institutions ne financeront pas de projets au Sahara occidental. De sources bancaires on a dit : « Soutenir ces investissements sera vu comme un soutien à la position du Maroc. Nous sommes neutres à l’égard du conflit. » Une autre source a dit « ne jamais soutenir un quelconque projet dans les territoires du Sahara Occidental, et ne pas le faire en dépit du fait que les plans d’énergie solaire marocains signifient beaucoup pour nous. »

La région, en général, n’est pas à l’abri de l’impact des changements climatiques prévus dans le monde entier, mais on peut dire que des phénomènes tels que la forte hausse des températures ces derniers temps dans les villes de Smara, El-Ayoune et Boujdour, en sont témoins, ainsi que les importantes inondations, suite à des fortes pluies, provoquées par le fleuve Saguiat El Hamra, en raison du phénomène du changement climatique mondial provoqué par le réchauffement. Les récentes inondations au Sahara occidental ont montré l’insuffisance des infrastructures et l’impréparation des autorités locales pour gérer de telles crises.

Le Maroc parie sur l’exploitation du vent pour produire de l’énergie propre au Maroc et au Sahara. Même si nous soutenons le recours à des telles initiatives respectueuses de l’environnement, nous désapprouvons la stratégie délibérée du Maroc, qui est de piller les ressources naturelles du Sahara occidental en violation flagrante de la loi internationale. Le Maroc a ainsi construit beaucoup de fermes éoliennes dans le territoire occupé du Sahara Occidental contre la volonté des Sahraouis et de leur représentant légitime et internationalement reconnu, le Front Polisario. En outre, les Sahraouis ne bénéficient pas de tels projets et investissements. Malheureusement, certaines entreprises étrangères se font complices du Maroc pour légitimer sa présence au Sahara occidental et renforcer son occupation illégale du Sahara Occidental. Parmi ces entreprises on trouve Siemens et Alstom. Par conséquent, nous demandons à ces compagnies de se désengager d’un tel projet et de tous les investissements actuels et futurs au Sahara occidental. Ces compagnies et ces projets seront plus que bienvenus une fois le conflit du Sahara occidental résolu une fois pour toutes.

Enfin, en tant que citoyens sahraouis concernés, nous ne voulons pas que la COP22 soit une autre complice du Maroc dans la prolongation de l’occupation du Sahara occidental et dans la légitimation de la présence marocaine illégale au Sahara occidental. Nous appelons également la COP22 à inclure la société civile sahraouie et le Front Polisario dans les futures conférences et initiatives. Nous exhortons tous les dirigeants et les institutions à reconsidérer toute recommandation ou résolution de manière à ne pas rendre la communauté internationale responsable de la continuation de la misère, du pillage et des souffrances des Sahraouis. Les Sahraouis demandent à tous les investisseurs étrangers et aux acteurs internationaux de cesser d’aider le Maroc à piller les ressources naturelles sahraouies.

VERT ne signifie pas PILLAGE !

Signé

Société civile sahraouie

El-Ayoune, Sahara Occidental occupé

Traduit par Fausto Giudice

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