Devant l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire à Ottawa et la montée du clan Legault qui promet de s’engager dans la même voie, les auteurs indiquent que « la pire des attitudes des acteurs partisans ne serait-elle pas de rester sur leur quant-à-soi et de se présenter coûte que coûte en rangs dispersés devant l’électorat ? (…) il s’agit de s’interroger sur la possibilité d’avoir des lieux où ces acteurs peuvent se réunir et aborder des sujets comme le mode de scrutin à modifier, les meilleures façons de résister à la montée de la droite, le statut du Québec dans la nouvelle dynamique canadienne, etc. » Ils proposent également que, sur cette base, les progressistes s’entendent sur une plateforme électorale minimale multipartite.
Nulle part ils ne font mention ouvertement de ces acteurs politiques mais on comprend qu’il s’agit d’un appel aux militants et militantes de Québec solidaire à mettre de côté leurs différends afin de travailler à une plateforme minimale avec le PQ. De la même façon, cela laisse supposer que le PQ fait partie des progressistes. Cela apporte beaucoup de confusion et n’aide en rien à dissiper l’écran de fumée avec lequel le PQ s’est toujours entouré.
Pourtant, à l’occasion de son congrès de mars 2010, qui n’est pourtant pas si loin, le PQ sous la direction de Pauline Marois, décidait de mettre à la porte le SPQ Libre en même temps qu’il prenait position pour l’enrichissement individuel. « Un gouvernement péquiste favorisera l’enrichissement des individus et prendra ses distances de l’Etat providence, » rapportait Denis Lessard de La Presse.
En effet, concernant la lutte du secteur public, le SPQ Libre disait lui-même ne pas apprécier que Pauline Marois parle de dégraissage, en clôture du caucus péquiste qui se tenait à Orford en janvier 2010. Les dirigeants du SPQ Libre, Marc Laviolette et Pierre Dubuc, trouvaient tout aussi inacceptable qu’elle décrive comme « un peu élevée » la demande des employés de l’État d’une hausse salariale de 11,25 % sur 3 ans. Rappelons que le décret imposé aux syndiqués avait pratiquement gelé leurs salaires durant une période de 7 ans.
Selon Paul Cliche, « En expulsant le club politique Syndicalistes pour un Québec libre (SPQ Libre), l’exécutif du Parti québécois a démontré une fois de plus qu’il n’y pas de place au sein d’une formation à l’idéologie néo-libérale pour tout groupe progressiste qui a la moindre épine dorsale. Cet incident s’est produit au moment même où des militants du PQ participaient, en fin de semaine, à un colloque où les dirigeants, en mal d’attirer des votes adéquistes lors des prochaines générales, leur proposaient que l’enrichissement personnel supplante l’enrichissement collectif. »
Cette position, qui constitue un reniement de l’orientation que le PQ professait depuis sa fondation, fait disparaître les quelques différences idéologiques qui subsistaient encore avec le Parti libéral. Au moins, les libéraux ne sont pas hypocrites. Ils assument leur orientation néo-libérale et ne prétendent pas, comme la chef Pauline Marois vient à nouveau de le faire, que le parti demeure progressiste. A-t-on déjà vu un parti progressiste expulser son seul noyau articulé de militants progressistes qui en plus était fortement minoritaire au sein de la formation ? »
Aujourd’hui Pierre Dubuc de l’Aut’Journal nous propose des États généraux sous la gouverne du PQ, lui-même incapable de tolérer un courant critique dans ses rangs.
À chaque échéance électorale se pose l’urgence de battre la droite, à chaque fois on est tentés par les raccourcis. Devant le spectre de la montée de l’ADQ, on nous demandait de rallier les troupes derrière le PQ, aujourd’hui pour contrer Charest, si ce n’est Legault il faudrait que la gauche demeure discrète sur son programme, alors que c’est historiquement l’absence d’un tel programme qui permet à la droite de se renforcer. Si on écarte la gauche comme alternative sous prétexte de ne pas diviser les votes, l’urgence ne sera que plus criante à l’avenir.
La redéfinition du paysage politique nous donne l’occasion de présenter un projet social qui rejoint les aspirations et les besoins de la population, de mettre de l’avant nos perspectives et de proposer nos solutions. Il faut la saisir, maintenant. Pour vaincre la droite, il faut construire une alternative progressiste, il faut soutenir Québec Solidaire.