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Services publics

Agence des transports : un royaume dans le royaume ?

QUÉBEC, le 4 déc. 2013 - « C’est avec beaucoup de réserves que nous accueillons l’annonce de la mise sur pied de l’Agence des Transports du Québec (MTQ) ». C’est ainsi que réagit le président du Syndicat des professionnelles et professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), monsieur Richard Perron, après avoir pris connaissance du projet de loi déposé ce matin par le ministre Sylvain Gaudreau.

M. Perron tient à exprimer trois mises en garde, dans cette première réaction, au nom des 25 000 membres qu’il représente.

Première mise en garde : il faut bien mesurer l’impact, sur l’offre de services et sur le personnel concerné, d’une telle transformation. « Je ne doute pas que le Ministre ait fait ses devoirs, mais nous allons étudier soigneusement le projet de loi pour nous en assurer et proposer des correctifs au besoin lors de la commission parlementaire », ajoute M. Perron.

Deuxième mise en garde : il faut se rappeler que les employés de la fonction publique sont sous l’égide d’une loi qui leur permet une indépendance dans leur travail, sans être sous l’influence des politiciens et de pressions indues. Or, le ministre choisit de soustraire l’Agence de la Loi de la fonction publique. Les ratés mis au jour par la Commission Charbonneau militent en faveur du maintien d’une telle indépendance.

Troisième mise en garde : le gouvernement ne devrait pas céder à la tentation de régler à la pièce les difficultés de recrutement d’une main-d’œuvre hautement qualifiée dans un marché de l’emploi très compétitif.

Dans le cas du MTQ, on ne parle pas de difficultés, mais de réel problème. Les cibles d’embauche ne sont pas atteintes parce que les salaires offerts sont insuffisants. La réalité, c’est que la fonction publique peine à recruter ses ressources professionnelles. En réglant le problème du MTQ, le gouvernement crée de l’iniquité envers ses autres employés.

Le côté négatif des agences

Partout dans le monde, les agences soulèvent questions, craintes et critiques. D’une part, elles sont difficiles à contrôler, à encadrer, à orienter, à évaluer... D’autre part, jalouses de leur autonomie, elles diffusent souvent l’information au compte-gouttes, ce qui nuit considérablement au processus d’élaboration des politiques dans les administrations centrales.

Or, un meilleur contrôle et une information la plus ouverte possible sont le nerf de la guerre contre la corruption et la collusion. « Ceux qui montent des stratagèmes pour s’enrichir au détriment du bien public ne souhaitent pas mieux que de voir l’État éclater en mille morceaux plus ou moins contrôlables », s’inquiète le président du SPGQ.

Sur une note plus positive, le SPGQ souligne la volonté gouvernementale de maintenir au sein du MTQ les fonctions permettant à Québec d’avoir une vision intégrée des transports et de définir les orientations qui en découlent. « Toutefois, le ministre devra nous convaincre, non seulement dans les principes, mais surtout dans le libellé même des articles du projet de loi, que l’Agence des Transports ne sera pas un royaume dans le royaume », conclut le président du SPGQ.

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