Édition du 26 mars 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Frais de scolarité

Contre la hausse

Ce dossier que représente la hausse de 1625 $ des frais de scolarité me touche tout particulièrement, et pas seulement parce que mon porte-feuille est le principal visé dans cette histoire, mais parce que j’ai une pensée pour les générations futures qui essaieront d’entrer aux études supérieures pour apprendre un métier qui les passionne, mais qui seront contraints d’abandonner soit par manque de fonds et/ou par épuisement (franchement, il y a une limite à faire des heures supplémentaires pour tenter de joindre les deux bouts).

L’éducation est un droit et je n’arrive pas à concevoir le fait que ce droit devienne un privilège, favorisant ainsi une élite financière. Selon moi, ce ne devrait pas être notre solde bancaire qui détermine ce que nous voulons faire ou être. J’étudie à la faculté d’éducation ; je serai donc une future enseignante et je me destine à passer ma vie dans les écoles secondaires, à voir les jeunes grandir et devoir faire des choix pour leur avenir. Je m’indigne devant le fait d’imaginer les conseillers d’orientation dire aux jeunes : « tu aurais les notes pour entrer dans tel ou tel programme, mais ça coûte bien trop cher, je ne pense pas que tes parents puissent en faire assez pour te permettre d’étudier ». Les parents qui ont à cœur d’aider leurs enfants font partie eux aussi des contribuables qui sont touchés par la HFS (enfin, ceux qui le veulent, car la contribution parentale n’est pas une chance que tout le monde connaît).

Le gouvernement essaie de faire croire à qui veut bien l’entendre que la hausse ne sera pas « si pire que ça », qu’elle est une « solution » et que les montants octroyés par l’aide financière aux études seront ajustés en conséquence… Êtes-vous surpris si je vous dis : « pantoute » ? L’aide financière aux études a bien beau annoncer une augmentation de 118 millions de dollars pour le programme de prêts et bourses suite à la hausse des frais, mais il est important de savoir que de ce 118 M, 98 % proviendrait directement de notre poche ! Non-sens, vous vous dites ? Bienvenue dans le club !

Quand on sait que du 1625 $ de hausse annoncé, 10 % seront utilisés pour l’amélioration de l’administration et de la gestion, 20 % pour la qualité de la recherche et 15 % pour le positionnement concurrentiel des établissements universitaires (en français, c’est un synonyme de publicité), je crois que nous sommes en droit de nous demander si la hausse améliorera la qualité de l’enseignement donné…

Aller à l’école, c’est vivre en mini-société. Par les situations que l’on vit, par les dilemmes qu’on rencontre, on devient adulte, on est formés pour devenir des citoyens responsables. Étudier, c’est en quelque sorte une façon de se préparer à son avenir. Mais comment voulez-vous entrevoir la société de demain si on empêche sa matière première, la jeunesse, dans toute sa diversité, d’y contribuer ?

Je termine sur deux phrases que j’ai pu lire sur le site de notre chère université : « C’est bien connu, les problèmes financiers constituent un frein majeur à la poursuite d’études universitaires. Ils sont l’une des causes les plus souvent mentionnées de l’abandon des études. » Je ne sais pas pour vous, mais dans mon livre à moi, une hausse de frais de scolarité deviendra pour plusieurs d’entre nous un « problème financier ».

C’est bien la première fois que je vois les termes « solution » et « problème » pour décrire une même situation...

L’auteure est étudiante en adaptation scolaire et sociale à l’Université de Sherbrooke

Valérie Morin

Le Collectif, Université de Sherbrooke

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