Édition du 23 avril 2024

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Québec

La Coalition contre le travail précaire dénonce les politiques catastrophiques de Legault

Témoignages et revendications

La Coalition contre le travail précaire met le premier ministre Legault au défi d’entendre leurs revendications. Elle a tenu le samedi 12 décembre une conférence de presse en ligne à laquelle des travailleuses et travailleurs ont présenté leurs soucis à l’égard des politiques actuelles et revendications en matière de santé et sécurité et de régime migratoire.

Pour visionner la conférence, cliquez sur le lien suivant :
https://drive.google.com/drive/folders/1eXUEtOp22x0QSnhYmS1VUyo_vCbnBfrS?usp=sharing

Témoignages

Déneiger des camions des remorques est un travail très dangereux sans les équipements de sécurité appropriés. Mais affreusement c’est ce qu’exige l’employeur sans scrupules de conducteur de grands routiers comme Philippin Benito Supan. L’employeur a pris avantage du fait que Supan ne pouvait pas facilement changer d’emploi à cause de son permis de travail fermé. Il est rémunéré au salaire minimum pour un travail normalement payé autour de 22$ de l’heure pour les autres travailleurs. Si un travailleur refusait ce travail dangereux, l’employeur le punissait en lui enlevant des heures, le laissant dans une situation financière désastreuse.

“C’est extrêmement difficile d’avoir moins d’heures, étant payé au salaire minimum. Avec moins d’heures de travail, je n’aurais pas été capable de me nourrir ou de payer mon loyer” nous explique le camionneur que le Premier François Legault a qualifié d’un héros pour son travail essentiel pendant la pandémie.

En dépit des remerciements que Legault a donnés aux travailleuses et travailleurs essentiels comme Supan, son gouvernement n’a pas mis en place des mesures de protection adéquates en matière de santé et de sécurité. De plus, la récente réforme du système d’immigration a exclu les travailleuses et travailleurs occupant cet emploi de l’accès à la résidence permanente de par le Programme de l’expérience québécoise.

Cela fait écho aux expériences de Vergelie, une réfugiée d’origine haïtienne étant venue au Québec il y a trois ans et qui a fait face à la souffrance et à l’intimidation par son employeur et une agence de placement. En attendant le résultat d’admission, elle travaillait dans une usine de transformation de viande à Sherrington par l’entremise d’une agence de placement. Elle s’y est blessée, mais sa demande d’indemnité de santé et de sécurité a été refusée.

“Si vous ne reconnaissez pas mes droits, alors que j’ai été un victime de violence de mon employeur, et vous me déportez, tout ce que je connais n’est qu’une souffrance dans ce pays, trop de souffrance,” elle lance en face du refus de sa demande de CSST.

La coalition met Legault au défi de venir entendre leurs témoignages sur les conséquences désastreuses de ses politiques leur vie au lancement de la coalition via zoom à 18h. Si le premier ministre les considère comme de véritables héros, ils croient qu’il les écoutera.

Principales revendications de la Coalition contre le travail précaire

Revendications en matière de santé et de sécurité du travail

Un temps de détachement rémunéré suffisant doit être accordé aux représentants des travailleurs pour leur permettre d’exercer leurs fonctions de prévention dans tous les établissements et secteurs.

Le comité de santé et de sécurité doit conserver son droit d’adopter le programme de santé pour l’établissement et de choisir le médecin responsable des services de santé dans l’établissement.

En ce qui concerne les travailleurs engagés par l’intermédiaire d’une agence de placement, le fournisseur de travail et l’agence de placement (ou le sous-traitant) doivent assumer une responsabilité conjointe et solidaire pour la protection des droits des travailleurs dans les domaines de la prévention et de l’indemnisation.

Le CNESST doit identifier les travaux dangereux qui ne peuvent être délégués à des agences de placement ou à des sous-traitants.

En ce qui concerne les travailleurs domestiques, remplacer l’exigence proposée pour la reconnaissance en tant que travailleur (c’est-à-dire 420 heures dans une année pour le même employeur, ou 7 heures consécutives d’au moins 30 heures par semaine (aucun autre travailleur n’est soumis à une telle exigence), par : "[n’est pas considérée comme un travailleur] une personne qui n’effectue un travail domestique qu’occasionnellement ou sporadiquement, sans en faire sa profession, n’est pas un travailleur domestique".

Un soutien explicite doit être prévu pour les travailleurs des établissements non syndiqués, tant pour organiser l’élection de leurs représentants au comité de santé et de sécurité et de leur représentant pour la prévention, que pour assurer la continuité de leur fonctionnement.

L’extension des mesures de prévention à tous les secteurs, telle que proposée par le projet de loi, devrait être achevée d’ici la fin de 2021.

Pour toutes les entreprises de moins de 20 travailleurs (et pas seulement celles des secteurs à haut et moyen risques), la loi devrait prévoir des représentants régionaux itinérants (roaming) de la santé et de la sécurité, désignés par les syndicats du secteur économique concerné et financés par le CNESST. Ces représentants auraient la responsabilité d’inspecter les conditions de santé et de sécurité, de parler avec les employés, de demander les changements nécessaires et de soutenir la gestion systématique de la santé et de la sécurité dans les entreprises.

Le gouvernement doit allouer de nouvelles ressources financières suffisantes pour que les inspecteurs du CNEEST puissent superviser l’extension des mesures de prévention et, plus généralement, jouer un rôle plus actif dans la mise en œuvre de la législation par des visites plus fréquentes et un suivi combinant conseils et application.

Revendications en matière d’immigration

  • Élargir l’accès au Certificat de sélection du Québec (CSQ) par le biais du Programme d’expérience québécoise (PEQ), quelle que soit la qualification professionnelle des candidats (supprimer la clause excluant les travailleurs-euses non qualifiés-es)
  • Abaisser le niveau de compétence linguistique irréaliste requis pour le Programme des travailleurs qualifiés réguliers et le Programme d’expérience québécoise
  • Un statut pour tous : régulariser le statut d’immigration de toutes les personnes
  • Réformer la réglementation des agences privées (agences de placement, agences de recrutement, consultants en immigration, etc.)
  • Ouvrir l’accès à la santé publique (RAMQ) à toutes les personnes, y compris les personnes sans statut d’immigration et les étudiants-es internationaux-ales
  • Ouvrir l’accès aux prestations publiques, y compris les prestations d’urgence pendant la COVID-19 et les programmes d’aide sociale réguliers, à toutes les personnes sans égard à leur statut d’immigration
  • Protéger les étudiants-es internationaux-ales qui sont obligés-es de travailler dans de mauvaises conditions

Revendication du salaire minimum décent

Augmenter le salaire minimum à un taux décent : au moins 15 $
(La Coalition aura une discussion durant les prochains mois pour déterminer un nouveau taux du salaire minimum à revendiquer.)

À propos

La Coalition contre le travail précaire regroupe le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI), PINAY, l’Association des travailleuses et travailleurs migrants du Québec (ATTMQ), l’Association des travailleurs et travailleuses temporaires des agences de placement (ATTAP), Mexicain.es uni.es pour la régularisation (MUR), India Civil Watch-Montreal ainsi que le Centre communautaire des femmes Sud-Asiatiques.

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