Suzanne-G. Chartrand, didacticienne du français, et Marie-Christine Paret, linguiste
Aujourd’hui, nous choisissons d’attirer votre attention sur une de ses qualités laissée dans l’ombre. À titre de spécialistes de la langue, nous partageons avec vous notre admiration pour son incroyable maitrise de la communication orale en nous éloignant des clichés sur l’homme qui crie, sacre et engueule ses opposants.
Son grand ami Pierre Vadeboncoeur, homme calme et posé s’il en est, disait de lui : « Michel Chartrand a passé sa vie à dénoncer la comédie humaine. Il a toujours vécu en marge de la société officielle, en marge de la classe dominante et en état de contradiction avec elle. Il appartient à une filiation d’hommes, fort peu nombreux, ceux qui tentent toute leur vie de poursuivre une expérience de véracité1. »
Toute sa vie, il a échangé avec des jeunes, des ouvriers, des femmes au foyer, des détenus, des professionnels, des agriculteurs, des intellectuels et, toujours, il a su adapter son langage à ses interlocuteurs, ce qui est une habileté très rare. Et toujours aussi, son français était impeccable : une syntaxe parfaite, un vocabulaire très riche, des jeux de mots inventifs, de nombreuses figures de style et un sens exceptionnel de la prosodie qui captivait son auditoire. Peu d’hommes publics ont manifesté cette aisance à communiquer à différents auditoires leurs convictions et leurs combats pour tenter de les mobiliser. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter, par exemple, les deux émissions Souverains anonymes faites avec des détenus de la prison de Bordeaux à Montréal 2.
Mais il y a plus. Son discours n’avait rien du slogan ou de la langue de bois. Ses propos étaient toujours étayés par des faits attestés, tirés de statistiques, d’articles de loi, de rapports d’organismes internationaux ou nationaux, d’informations médiatiques incontestables. Il était doté d’une une mémoire phénoménale, et cela même à plus de 80 ans. Il pouvait parler du chômage, de la syndicalisation, du travail des femmes, de l’évitement fiscal, de lois, des maladies du travail, du financement inacceptable des compagnies avec les fonds publics, du démantèlement des services publics, des difficultés vécues par des jeunes et des vieux, mais toujours en s’appuyant sur des faits incontestables. C’était un homme informé, cultivé, mais, avant tout, un homme droit et, conséquemment, indigné !
Son discours était le contraire de ceux de la propagande, des fausses vérités, de la manipulation de l’auditoire ; ses qualités nous seraient fort utiles en ces temps de démagogie galopante. Car la santé de la démocratie est tributaire de la qualité de l’information dont disposent les citoyens et citoyennes afin de prendre des décisions éclairées.
Michel Chartrand aura été, comme l’a si magnifiquement écrit Claude Gauthier : « Debout, debout, jusqu’au bout, libre et fou. »
Notes
1.https://www.youtube.com/watch?v=LsGRt59S6ZU
2.https://www.google.com/search?q=michel+chartrand&sourceid=chrome&ie=UTF-8#fpstate=ive&vld=cid:1fa0a229,vid:JQ1WSNJl18I,st:0
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