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Éducation

Indice de défavorisation des écoles primaires - Réaction du Syndicat de Champlain

LONGUEUIL, QC, le 3 déc. 2018 - « La récente mise à jour de la liste des écoles primaires situées en milieux défavorisés confirme l’absurdité du mode d’attribution de cette subvention. Le calcul actuel ne tient pas compte des besoins réels des élèves qui proviennent de milieux défavorisés, alors que ce devait être l’objectif premier de ce financement additionnel », fait valoir Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain (CSQ), en réaction aux propos tenus en Chambre, vendredi dernier, par le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Jean-François Roberge, sur le sujet.

« Nous avons entendu les déclarations du ministre à l’effet qu’il entend changer les règles pour ne pas couper le financement des écoles, mais nous attendons des actions concrètes sur le terrain, parce qu’il y a de grandes inquiétudes dans les milieux. »

Suite au recensement du gouvernement fédéral en 2016, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur du Québec a publié, au début du mois de novembre, la mise à jour de la liste des écoles primaires situées en milieux défavorisés.

Dans l’ensemble, si certaines écoles bénéficieront, pour les prochaines années, d’une aide financière additionnelle en raison de la dégradation de la situation socio-économique de leur milieu, d’autres perdront le financement auquel elles avaient droit depuis 2006.

« Le problème vient du fait qu’il s’agit toujours de la même tarte qu’on redécoupe et qu’on attribue différemment, explique Éric Gingras. Si le rang décile de certaines écoles s’améliore, c’est principalement dû au fait que d’autres milieux se sont appauvris. Mais les élèves issus de familles considérées comme défavorisées sont toujours là, ils ne disparaissent pas avec la perte de la cote de défavorisation de leur école ! »

« On déshabille Pierre pour habiller Paul. Parce que dans les faits, pour la plupart des écoles qui voient leur rang passer, par exemple de 9 à 7, ou encore de 10 à 8, les besoins demeurent. Mais les services additionnels ne seront plus possibles parce que leur financement sera coupé, pour être donné à d’autres écoles. Dans la perspective globale d’améliorer la réussite éducative de tous les élèves, c’est complètement contreproductif ! »

Rappelons brièvement que le classement par rang décile des établissements d’enseignement primaire est basé sur l’indice de milieu socio-économique (IMSE), en fonction des données recueillies sur les familles avec enfants du Recensement canadien, dont les dernières données remontaient à 2006.

Les écoles classées aux rangs 9 et 10, considérées comme étant dans les milieux socio-économiques les plus défavorisés du Québec, bénéficient d’une aide financière supplémentaire. Ces sommes permettent de diminuer les ratios dans les classes et d’offrir plus de services d’appui et de soutien aux élèves.

Sur la Rive-Sud de Montréal, où il existe des poches de pauvreté dans plusieurs secteurs, en dépit de la gentrification de certaines villes, la mise à jour de la liste ministérielle aura des impacts importants.

C’est notamment le cas à Saint-Amable, où les écoles primaires perdront une somme globale estimée à près d’un million de dollars par année. Ces pertes seront normalement effectives dès l’an prochain, sans mesure transitoire.

« Il est vrai qu’il s’agit d’un secteur en plein développement, avec la construction de nouveaux quartiers et l’arrivée de nombreuses familles. Mais cette gentrification ne fait pas disparaître pour autant la pauvreté qui existe dans le milieu ni les besoins de ces élèves. Pourtant, le gouvernement agit comme si c’était le cas. », insiste Éric Gingras.

À la Commission scolaire de la Vallée-des-Tisserands, le jeu de chaises musicales affectera au total cinq écoles. À la Commission scolaire Marie-Victorin, trois écoles se retrouvent maintenant dans les deux derniers déciles.

« Et ce n’est pas une mauvaise chose pour eux, bien au contraire ! Ces écoles pourront offrir les services additionnels que réclame le personnel qui y travaille depuis longtemps. Par contre, pourquoi cela devrait se faire au détriment d’autres enfants, dont les besoins sont tout aussi importants ? Faut-il grossir la tarte ? Revoir le mode d’attribution de cette subvention ? Accorder minimalement des mesures transitoires de financement pour les milieux qui perdront les services ? Nous attendons avec hâte les actions du ministre. »

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