Édition du 10 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Europe

J’accuse nos hommes politiques de « voir venir » mais de détourner la tête !

un exemple belge

Nos semblables sont quelque peu différents oui et alors ? Nous sommes 7 milliards : tous différents mais là n’est pas le problème ! La radicalisation n’est pas une fatalité, on ne naît pas radical on le devient.

Le code génétique ne renferme pas en lui , le germe de l’obscurantisme, celui-ci est le produit de la culture de l’homme ; ce qu’il intériorise petit à petit et qu’il finit par adopter comme faisant partie de lui.

Toutes les personnes et les cultures connaissent ou ont connu une forme de radicalisation à un moment ou l’autre dans leur vie -voir au cours de leur histoire- ceci n’est pas propre à une race (si toutefois les races existent…)
L’Histoire (encore elle) nous apprend comment ce phénomène se construit pour devenir idéologie et conscience sectaire collective.

Le terreau est bien connu et surtout ne dites pas que vous ne le savez pas. L’obscurantisme et le fascisme se construisent sur le même terreau : celui de la misère sociale, la misère culturelle, la misère politique et la misère économique.
Ne tournez pas la tête de l’autre côté pour occulter cette réalité, ne dites pas que cette misère n’influence pas nos pensées. L’histoire tant passée que récente doit nous servir de témoin, de guide et de conscience.

L’obscurantisme et le fascisme sont une plaie béante entrouverte qui resurgit et pullule à chaque fois que tous les ingrédients de la misère sont réunis ; c’est un fait.
Rien ne sert de tourner autour du pot et de donner des explications qui n’en sont pas et de vouloir expliquer cette radicalisation par la génétique ou autre abstraction coupée des réalités objectives. C’est- à -dire ne pas vouloir l’expliquer uniquement à partir du vécu concret des personnes.

Le vécu concret dans nos quartiers et particulièrement avec les jeunes avec lesquels je travaille n’est pas brillant et n’offre pas beaucoup de perspectives qu’on se le dise.
Les enfants et les jeunes de Molembeek sont le miroir d’une société cloisonnée qui hiérarchise, trie, relègue et discrimine à tour de bras. Cette façon de procéder est le ferment du fléau sectaire qui couve dans notre pays.

En chiffre cela se traduit de la façon suivante : décrochage scolaire et chômage (jusqu’à 60 % chez les jeunes dans les quartiers Est) Discrimination et ségrégation massive à l’école, à l’embauche et au logement « familles nombreuses »qui sans revenus du travail sont entassées dans des logements minuscules dont un quart ne possède pas encore le confort minimal.

Molenbeek-Saint-Jean est l’une des communes qui compte parmi les plus pauvres du territoire (une personne sur 3 est au chômage) Une importante partie de la population dépend d’allocations sociales ou d’un revenu de remplacement et le taux de natalité est parmi le plus élevé de la Région Bruxelloise. Sans oublier le nombre croissant de mères seules (avec souvent plusieurs enfants) vivant dans la plus grande précarité. Bref, il ne peut pas y avoir de paradis social dans un véritable désert économique.

Faudrait-il faire comme si tout ceci n’existait pas et n’aurais aucune influence sur les consciences ?

Ce darwinisme social à tous les niveaux est une guerre larvée contre les populations et les jeunes en particulier dont la grande majorité se résigne et accepte son sort tandis qu’une petite partie ne l’accepte pas et se radicalise.

La seule façon efficace de se battre contre la misère culturelle, politique, sociale et économique (en somme contre l’ignorance et le radicalisme) ce n’est pas de lui opposer une autre forme de radicalisme mais plutôt de donner aux gens des réelles perspectives d’avenir.

Se battre contre l’ignorance par la répression ne réglera pas le problème de l’ignorance. La seule façon humaine de gagner ce combat, c’est d’opposer à cette ignorance plus de culture, plus d’éducation plus de pédagogie et plus de formation. C’est gagner l’unique guerre qui en vaille humainement la peine : la guerre des idées.

Ces endroits existent et sont fréquentés par tous ces jeunes : les écoles, les centres culturels, les bibliothèques et les salles de sport.

L’école ainsi que tous les espaces dédiés aux différentes cultures et disciplines sportives, sont des lieux où se construit une pensée démocratique, humaine, scientifique, analytique… indispensable à mettre en œuvre au quotidien.
Il faudrait juste un coup de pouce pour y garantir l’accessibilité à tous et le droit à la réussite pour tous.

Oui, les endroits et les moyens existent s’il y a une volonté politique pour le faire.
Les différentes expressions culturelles, sportives, théâtrales, musicales, plastiques, sont une véritable mine d’or pour capter l’intérêt de notre jeunesse.
Il faut leur redonner de l’espoir, les valoriser, les soutenir et les aider à retrouver le chemin des perspectives d’avenir.

L’influence de ces expressions culturelles est immense, nous sommes souvent les dernières personnes de confiance et leur dernier wagon mais nos moyens sont rudimentaires et nos propres contrats (pour ceux qui en ont...) sont précaires. La norme est souvent la débrouille ou le volontariat.

Le travail qui nous attend est immense à la mesure des problèmes de ces quartiers paupérisés.
Je vous en conjure : donnez- nous les moyens d’agir, nous sommes souvent l’ultime rempart de ces jeunes avant la chute libre.

Carlos Perez

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