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Amérique du Nord

La droite et l’extrême droite étatsuniennes n’ont pas dit leur dernier mot

Le 6 janvier, jour anniversaire de l’insurrection et de la tentative de coup d’État au Capitole, le président Joseph Biden s’est exprimé avec force contre le « gros mensonge » de l’ancien président Donald Trump et les lois électorales anti-démocratiques visant à limiter l’exercice du droit de vote adoptées par le Parti républicain dans différents États.

Paru sur le site de Gauche Anticapitaliste
14 janvier 2022

Par Dan La Botz

C’était le discours présidentiel le plus fort depuis son entrée en fonction. Nous savons maintenant que Trump et une partie du Parti républicain avaient un plan pour que leurs sénateurs votent pour invalider les résultats des élections dans plusieurs États et pour que le vice-président Mike Pence refuse les grands électeurs de ces États, ce qui aurait renvoyé l’élection présidentielle à la Chambre des représentants. Dans le même temps, le président Trump aurait déclaré l’état d’urgence national pour empêcher la tenue de l’élection. Pendant ce temps, des groupes d’extrême droite ont organisé l’assaut violent contre le Capitole. Si ces complots ont échoué pour diverses raisons, ils représentaient une tentative assez sérieuse.

Trump est toujours là

Mais la montée de la politique et de l’autoritarisme de droite et des groupes armés se préparant à des actions violentes est un problème encore plus grave que ne le suggère le discours de Biden, et ni les Démocrates traditionnels ni les progressistes ni la gauche ne semblent avoir de stratégie pour arrêter la montée de la droite. Ces dernières années ont donné naissance à un mouvement d’extrême droite complexe, aux multiples facettes, actif à tous les niveaux des administrations des États, dans les médias d’information, sur les réseaux sociaux et dans la rue. De grosses sommes d’argent soutiennent désormais les politiciens et les organisations de droite, qui trouvent des soutiens parmi le patronat des entreprises moyennes, les professions libérales ainsi que dans une partie de la classe ouvrière.

Trump contrôle l’essentiel du Parti républicain et seule une poignée de Républicains ose s’opposer à lui. Les Républicains ont maintenant plusieurs « mini-Trump » et le parti est rempli d’idéologues d’extrême droite. Le parti est en pleine expansion et sa base, des dizaines de millions d’électeurs, soutiennent Trump. Deux tiers d’entre eux croient que Biden a gagné l’élection par la fraude, et la plupart refusent d’accepter les résultats. Le parti de Trump contrôle la Cour suprême des États-Unis, la moitié du Sénat, une forte minorité à la Chambre des représentants ; dans près de la moitié des États, il y a un gouverneur républicain ainsi que des majorités républicaines dans les deux chambres. Cela permet aux Républicains de contrôler le redécoupage des circonscriptions électorales à la suite du recensement décennal et d’adopter des lois électorales visant à limiter le vote. Les Républicains ont adopté des dizaines de lois rendant le vote plus difficile, des lois qui affectent surtout les électeurs noirs, les jeunes et les électeurs à faible revenu, dont la majorité vote démocrate. Huit États ont maintenant des lois qui donnent au corps législatif de l’État le pouvoir d’annuler l’élection.

La réponse du Parti démocrate à ces développements est une loi fédérale sur la liberté de vote, mais il semble peu probable que le Congrès l’adopte.

L’extrême droite à l’offensive

Au niveau local, des groupes d’extrême droite, dont les Proud Boys, les Oath Keepers, les Three Percenters et les milices paramilitaires, organisent des protestations lors des réunions des commissions scolaires et des conseils municipaux. Avec les partisans de Q-Anon, les chrétiens évangéliques blancs et les anti-vax, ils combattent la vaccination ou le port du masque, et avec les nationalistes blancs, ils s’opposent à la « théorie critique de la race », ce qui vise à bannir tout enseignement sur l’histoire et la nature du racisme en Amérique. Certains membres de ces groupes sont également candidats à des fonctions locales ou au Congrès. Les droitiers s’organisent également pour interdire des livres dans les bibliothèques scolaires et publiques, certains ont proposé l’interdiction de centaines de livres, principalement des livres traitant de la race, du genre et de la sexualité, dont beaucoup d’auteurs latinos, noirs, gays ou trans.

Le mouvement ouvrier étatsunien n’a aucune stratégie pour faire face à l’extrême droite, si ce n’est de voter démocrate. Les Socialistes démocratiques d’Amérique (DSA), le plus grand groupe socialiste du pays, s’efforcent de résister à la droite en élisant des Démocrates plus progressistes, mais ces membres du Congrès et ces législateurs d’État ne représentent qu’une infime minorité.

La gauche anarchiste préconise certes de construire le mouvement antifasciste pour combattre l’extrême droite dans les rues, mais à ce stade, peu d’ÉtatsunienEs de gauche soutiendraient une orientation qui mène inévitablement à des affrontements violents. En fait, la gauche doit s’impliquer dans les campagnes de défense du droit de vote ainsi que dans les mouvements sociaux et les luttes des travailleurs, en contestant l’idéologie et la démagogie de la droite et en offrant une alternative démocratique et socialiste.

Traduction Henri Wilno pour l’Anticapitaliste.
Photo de Jakayla Toney sur Unsplash

Dan La Botz

L’auteur est un professeur d’université américain et un militant de l’organisation socialiste Solidarity.

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