Édition du 23 avril 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

La lutte paie

En 2012, en réponse à l’annonce d’une hausse des frais de scolarité du gouvernement Charest, le mouvement étudiant se révolte. Les étudiants organisent des blocages, des occupations de bureaux et des grèves illégales. Au cours du printemps, les étudiants ont organisé des manifestations illégales à chaque jour et à chaque soir.

Les confrontations avec les forces de l’ordre étaient régulières. La dernière munition du gouvernement Charest a été une loi spéciale, qui a été promptement et massivement défiée et, finalement, n’a jamais été appliquée. Le printemps érable se conclura avec les élections de septembre 2012 qui ont marqué le départ de Jean Charest de la vie politique.

Après la trahison du gouvernement du PQ de Pauline Marois qui a finalement augmenté les frais de scolarité, plusieurs personnes ont dit que cette lutte avait été inutile. Toute cette mobilisation pour si peu de résultats concrets. Tous ces espoirs pour tant de déceptions. Il n’est pas surprenant, dans les circonstances, que le PQ ait été battu à l’élection suivante un an et demi plus tard.

Depuis l’élection du gouvernement libéral de Philippe Couillard, l’austérité semble être le seul et unique objectif, et ce, dans tous les domaines. Sa hache frappe tout le monde. D’abord les retraites des employés municipaux, dont les pompiers et les policiers (taper sur les étudiants qui luttent contre le PLQ n’empêche visiblement pas d’être une victime des politiques de ce parti). Ensuite, les coupures ont frappé les jeunes parents, avec la hausse des frais de garde et les risques d’amendes dans les garderies. Les budgets de tous les services publics et groupes communautaires ont subi la médecine à la tronçonneuse de Philippe Couillard : les commissions scolaires, le système de santé, les municipalités, les CPE, l’aide au démarrage d’entreprises, les CRÉ, les CJE, les universités et les cégeps. Même les médecins et les couples infertiles subissent le couperet. Le gouvernement a déjà annoncé que les prochaines cibles de sa hache seront les travailleurs du secteur public dont les conventions collectives arriveront à échéance en avril prochain.

La hache du gouvernement libéral a cependant épargné le groupe qui l’a fait tomber en 2012, les étudiants. Le gouvernement Couillard n’a pas touché les frais de scolarité ou le programme des prêts et bourses. Pour un gouvernement qui promène son bulldozer dans tous les services publics, cette gêne peut sembler étrange. D’autant plus que le PLQ accusait les étudiants, il y a seulement deux ans, de ne pas « payer leur juste part ». En même temps, il est compréhensible que le PLQ ne veuille pas réveiller le mouvement étudiant, qui lui a fait perdre le pouvoir récemment.

Nous sommes devant un gouvernement qui ne se soucie pas de la constitutionnalité des projets de loi qu’il s’apprête à adopter. Un gouvernement qui n’a aucun respect pour la société civile et pour les gens de la classe moyenne du Québec.

Malheureusement, la confrontation est le seul langage que le gouvernement Couillard connait. Il est maintenant important que la société civile parle à ce gouvernement de façon à ce qu’il comprenne. Dans les circonstances, les syndicats, les groupes communautaires, les parents et le monde municipal n’ont d’autres choix que de constater que négocier, signer des pétitions et parlementer n’est pas toujours suffisant. Parfois, il faut se révolter. Il faut occuper des bureaux, organiser des blocages, faire la grève même si le gouvernement nous l’interdit, manifester sans transmettre son itinéraire, confronter le pouvoir, défier des lois spéciales et faire tout ça jusqu’à ce que le gouvernement finisse par nous respecter.

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