Édition du 3 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

États-Unis

La montée du mouvement #BlackLivesMatter (I)

La résistance impressionnante qui s’est déroulée dans les rues de Ferguson s’est développée sur un plan national depuis août. Dans un document soumis à la discussion – et terminé avant que les deux agents de police de New York n’aient été tués [le 20 décembre 2014], produisant une réaction de droite – Keeanga-Yamahtta Taylor explique l’arrière-plan de cette vague et analyse le mouvement qui a pris de nouveaux contours au cours des derniers mois. Nous reproduisons des extraits de ce document. (SocialistWorker.org)

Un mouvement contre la brutalité policière a fait éruption et il secoue dans ses fondements la société des Etats-Unis.

Dans les semaines qui suivirent l’annonce que deux agents de police blancs ne seraient pas poursuivis pour le meurtre de deux Noirs désarmés à Ferguson (Missouri) et à Staten Island (New York), des protestations quotidiennes se sont déroulées. Depuis la fin du mois de novembre, des dizaines de milliers de personnes ont participé à des manifestations, des actions directes et à toutes sortes de protestations afin de s’opposer au racisme, à la brutalité et à l’injustice qui se trouvent au cœur des institutions légales d’Amérique.

Le mouvement a planté le dernier clou dans le cercueil de l’idée selon laquelle nous vivons dans une société post-raciale ainsi qu’à l’illusion qui voudrait que les Etats-Unis aient abandonné leur passé racial. Le mouvement Black Lives Matter a placé l’establishment politique sur la défensive, contraignant les plus hauts niveaux du gouvernement à y répondre par des promesses de changement.

Dans les semaines qui ont suivi l’échec du grand jury de Saint-Louis à poursuivre le flic tueur blanc Darren Wilson, des dirigeants du mouvement de Ferguson ont rencontré le président Barack Obama, le vice-président Joe Biden, le ministre de la Justice Eric Holder et la secrétaire à l’Education Arne Duncan. Après des semaines de silence, lorsque Mike Brown fut tué, Hillary Clinton, la candidate favorite pour les primaires démocrates, prononça la phrase « Black Lives Matter » lors d’une apparition publique.

Une poignée de membres noirs du Congrès interrompirent une session avec une protestation symbolique placée sous le slogan « hands up, don’t shoot » [haut les mains, ne tirez pas !]. Une semaine plus tard, plusieurs centaines d’assistants des membres du Congrès [assistants parlementaires], en majorité Noirs, quittèrent leur travail en signe de protestation.

Des athlètes professionnels ont revêtu des T-shirts portant le sigle « I Can’t Breathe » [je ne peux pas respirer ; soit les dernières paroles prononcées huit fois par Eric Garner, au sol, un policier l’asphyxiant, avant qu’il ne meure], frayant la route dans laquelle s’engouffreront des équipes sportives féminines et masculines de collèges et de lycées. Des milliers d’étudiant·e·s de collèges, de lycées et même des élèves de classes intermédiaires ont organisé et participé à des die-ins [action qui consiste à s’allonger sur le sol, simulant la mort, en général dans des lieux publics ou à forte fréquentation], à des sorties de classe, des marches et à d’autres formes de protestation publique. Des étudiant·e·s de 70 écoles médicales organisèrent des dies-ins sous le slogan « White Coats for Black Lives » [blouses blanches pour la vie des Noirs], en solidarité avec les protestations qui balayaient le pays. Des défenseurs publics et d’autres avocats ont organisé leurs propres actions, utilisant y compris la tactique désormais familière du die-in.

Les effets de cet activisme peuvent déjà être constatés dans un déplacement de la discussion du grand public sur des questions comme le racisme, les inégalités et le système judiciaire de ce pays. Selon un sondage réalisé par Gallop, à la suite des protestations de masse qui ont suivi, fin novembre, le verdict de Ferguson, le nombre d’Américains qui pensent que le racisme est le problème le plus important du pays a passé de 1% à 13% en moins d’un mois – le niveau le plus élevé depuis la rébellion de Los Angeles en 1992.

Des commissions, des recherches et d’autres enquêtes portant sur la machinerie du meurtre de Noirs par des agents de l’Etat sont réalisées. Obama – qui était réticent, si ce n’est ouvertement hostile à discuter la persistance des inégalités raciales, tout en accusant les communautés noires de mauvais comportements et d’ineptie morale – a modifié l’accent de ses commentaires publics. Dans un entretien après les vastes protestations du 13 décembre, le président et son épouse, Michelle Obama, ont décrit leurs propres expériences d’offenses racistes et le fait d’avoir été confondus avec du personnel d’entretien. Eric Holder, qui avait décrit plus tôt, de son poste, les États-Unis comme une « nation de lâches » lorsqu’il s’agissait de débattre des questions de race, a désormais conclu que « nous, en tant que nation, avons échoué » en termes de « relations raciales ».

Il s’agit là, bien sûr, de commentaires anodins qui réduisent l’injustice raciale à des désagréments, des préjugés et des malentendus tout en ignorant le caractère institutionnel et omniprésent du racisme américain auquel la grande majorité des Afro-Américains doivent faire face. Néanmoins, dans un pays où les inégalités raciales ont été rendues invisibles en détournant l’accent sur une « culture de pauvreté » et sur la « responsabilité individuelle » comme étant les explications principales des disparités entre les Noirs et les Blancs, le déplacement dans le discours à ce stade n’est pas insignifiant.

Quel est l’arrière-fond de ce mouvement ? Quels sont ses buts et comment souhaite-t-il les atteindre ? Il s’agit de questions importantes que cet article entend introduire.

Les racines de Ferguson

Avant que les États-Unis ne soient « post-racial », ils étaient « post-droits civiques ».
Les deux phrases devaient communiquer le message que l’absence de lois injustes sur le plan racial signifiait que les États-Unis étaient désormais une société « color-blind » [littéralement aveugle à la couleur, c’est-à-dire indifférente à la « race », non discriminatoire], fondée sur la méritocratie. Les constatations au cœur du Rapport de la Commission Kerner de 1968 – qui concluait que les inégalités structurelles étaient le produit des « institutions blanches » qui « approuvaient » la ségrégation raciale, les logements insalubres et la brutalité policière – ont été remplacées par 40 ans d’un discours qui rend les Afro-Américains responsables des conditions de leurs communautés.

Des événements politiques ont déstabilisé périodiquement le discours sur la « responsabilité personnelle » et mis au jour la profondeur les injustices raciales de l’Amérique. La Rébellion de Los Angeles en 1992, déclenchée par un autre cas où la police s’en est donnée à cœur joie même après qu’ils ont été filmés brutalisant un Noir, constitue l’exemple le plus frappant.

A partir de la fin des années 1990, il y eut un élan croissant contre le « profilage » racial des Noirs. Les effets mortels du profilage racial se transformèrent en un débat public en 1999 lorsqu’un immigré noir sans armes, Amadou Diallo, a été tué par la police de New York par 41 balles. La mort de Diallo attira une attention sans précédent sur la pratique du profilage racial et incita même le président d’alors, Bill Clinton, à nommer un groupe de travail fédéral afin d’enquêter sur celle-ci.

L’émergence d’un mouvement contre la mondialisation capitaliste et la campagne d’opposition de Ralph Nader [candidat du Parti écologiste, en coalition avec différents groupes de gauche ; candidature qui tentait de se frayer un chemin entre les deux grands partis qui monopolisent le paysage politique américain ; il remporta 2,7% des suffrages] en 2000 appuyèrent la montée de l’activisme antiraciste. L’effilochement de la peine de mort en Illinois [la peine de mort de plusieurs dizaines de condamnés fut commuée, en 2003, en prison à vie avant d’être abolie en 2011] et la décision du gouverneur George Ryan de déclarer, en 1999, un moratoire sur son utilisation, jetèrent un éclairage sur l’intersection entre race et classe dans le système de justice pénale. Au printemps 2001, une rébellion noire éclata à Cincinnati lorsque la police tua un adolescent noir sans armes qui fuyait devant les agents de police. Durant trois jours, les jeunes Noirs se battirent avec la police et détruisirent des biens valant plusieurs millions de dollars.

L’élan du mouvement antiraciste se renversa de manière spectaculaire à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001. Le gouvernement des États-Unis se précipita pour transformer la tragédie en un appel en faveur de l’union nationale en préparation d’une nouvelle guerre contre l’Irak.

Les autorités justifièrent le profilage racial des musulmans et des Arabes dans leur frénésie raciste et leur course à la guerre. La tactique ne fut plus sujette à des enquêtes et à des poursuites judiciaires. En 1999, 59% des Américains déclaraient qu’ils étaient convaincus que la police était engagée dans des pratiques de profilage racial et, sur ce nombre, 81% pensaient que la pratique était erronée. Même George W. Bush déclara dans son adresse au Congrès, début 2001, que le profilage racial était « erroné, et nous allons y mettre un terme en Amérique ». 

Mais trois mois à peine après le 11 septembre 2001, le soutien accordé au profilage racial des Arabes dépassa 50%. Il était, en réalité, plus fort parmi les Afro-Américains que dans tout autre groupe. Non seulement le développement de la lutte contre le racisme fut enseveli sous une vague de chauvinisme et d’islamophobie mais le précédent point central de cette lutte, le profilage racial, était désormais défendu comme un instrument nécessaire dans la prétendue « guerre contre la terreur ».

Tout au long de la décennie, cependant, le nationalisme et la réduction au silence des protestations sur le front de problèmes nationaux s’érodèrent. L’événement le plus important fut l’ouragan Katrina en 2005 et le manque de réponse de la part du gouvernement fédéral lorsque La Nouvelle-Orléans et des centaines de Noirs se noyèrent [au moins 1833 personnes périrent de cet ouragan ; en octobre 2005, on retrouva 700 cadavres à La Nouvelle-Orléans]. Deux ans plus tard, des dizaines de milliers d’étudiants, la plupart Noirs, manifestèrent dans la petite ville de Jena, en Louisiane, contre l’attaque raciste dont des étudiant·e·s noirs du lycée étaient victimes.

L’activisme et les mobilisations en réponse à des événements qui se sont produit en Louisiane ne constituèrent pas le début d’un mouvement, mais ils dévoilèrent la persistance des inégalités raciales aux Etats-Unis. Les guerres et occupations de l’administration Bush restreignirent l’espace pour l’activisme ou même exprimèrent la poursuite des inégalités dans le pays, mais Katrina révéla au monde que les Etats-Unis étaient toujours le même vieil empire raciste et Jena aida à raviver une tradition de protestation qui avait résolument été réduite au silence depuis 2001.

La génération Obama

Les contradictions de la guerre et l’effondrement de l’économie conduisirent la présidence Bush à sombrer en 2008. Obama a été élu au mois de novembre de cette année en tant que premier président afro-américain de la nation en menant une campagne qui exploitait le dégoût suscité par Bush, la crise économique et la guerre sans fin. Mais, de manière rhétorique, il présenta sa campagne comme une poursuite du mouvement des droits civiques. Les slogans de sa campagne, « espoir » et « changement », suscitèrent les attentes de millions de personnes.

Les attentes des Afro-Américains étaient particulièrement élevées dans la mesure où les suffrages des Noirs en faveur d’Obama atteignaient des records. Bien qu’Obama reçut 95% des suffrages exprimés par les Noirs, en tant que président il fut un défenseur réticent des Afro-Américains. Le premier aperçu de la déception des attentes des Noirs arriva très rapidement.

Plusieurs semaines avant que le nouveau président ne soit même investi, un policier ferroviaire armé tua Oscar Grant, un Noir sans armes de 22 ans, sur le quai du Bay Area Rapid Transit à Oakland, en Californie. Le meurtre de Grant fut aussi filmé et se déroula devant plusieurs dizaines de témoins. La colère dans les quartiers noirs d’Oakland était palpable alors que des centaines puis des milliers descendirent dans les rues pour exiger que justice soit rendue. Il est probable que ce type de mobilisation se serait déroulé lors de n’importe quel événement, mais la brutalité du meurtre de Grant dans les jours qui précédèrent l’intronisation du premier président noir ajouta de l’huile sur le feu.

A la différence d’autres cas antérieurs et de ceux qui suivront, le meurtrier de Grant fut finalement inculpé, jugé et condamné, finissant brièvement en prison pour homicide. En dépit de la sentence abrégée, le combat pour que l’on rendit justice à Oscar Grant conduisit une nouvelle couche de Noirs dans la lutte, contribuant au développement de nouveaux réseaux organisationnels qui se répandirent au-delà d’Oakland et démontrant que les protestations pouvaient amener un flic devant les tribunaux pour avoir tué un Noir. Il s’agira là d’importantes leçons et cela forgea des liens pour aller de l’avant.

A partir de 2011, la victoire électorale d’Obama perdit de son lustre auprès des Afro-Américains. L’Amérique noire se trouvait au milieu d’une économie en chute libre, faisant l’expérience d’un chômage à deux chiffres, d’une pauvreté en croissance et des effets dévastateurs de l’effondrement du marché immobilier – et, dans cet effondrement, une certaine couche sociale noire enrichie a été emportée. Le succès de la campagne présidentielle d’Obama fut accueilli avec exubérance, mais la réalité était significativement décevante. Obama et ses sous-fifres – le révérend Al Sharpton en tête parmi eux – insistèrent sur le fait que le président n’avait pas besoin d’un « agenda noir » [ou programme] et que tous les Afro-Américains bénéficieraient d’un programme politique centré sur une reprise [économique] pour tous.

Ce refus d’élaborer des politiques qui s’attaqueraient aux inégalités structurelles ainsi qu’au racisme responsables des effets disproportionnés de la crise dans les quartiers noirs a été remplacé par une attaque idéologique contre les communautés noires, conduite par le président lui-même. Le président Obama réprimanda les Afro-Américains pour à peu près tout, de nourrir leurs enfants au petit-déjeuner avec du poulet frit froid jusqu’à faire trop d’enfants hors mariage. En d’autres termes, avec aucune politique ne s’attaquant au racisme, rendre les communautés noires responsables des conséquences de la pire crise économique depuis la Grande Dépression devait suffire. Bien qu’Obama restât une personnalité populaire parmi les Afro-américains, le fait d’avoir un président Noir avait des limites amères.

Le caractère épisodiquement et périodiquement explosif de la politique en Amérique tient, d’une part, au fait que les travailleurs des Etats-Unis disposent de peu de débouchés formels afin de diriger leurs griefs contre le système ou pour trouver un soulagement temporaire de ses effets les plus durs. Au lieu de cela, deux partis politiques, chacun attaché aux intérêts capitalistes, contrôlent la politique aux États-Unis, restreignant l’espace pour réaliser des réformes politiques dans les quelques endroits où il existe. Pour les Afro-Américains, cette dynamique est exacerbée par le consentement répandu que les Noirs sont eux-mêmes responsables de leurs propres conditions, qui est le résultat d’un mauvais comportement et de mauvais choix. L’absence de réaction des élites politiques noires laissa encore moins de canaux disponibles à l’expression du mécontentement.

C’est dans ce contexte qu’en 2011 le actions pour sauver la vie de Troz Davis – un prisonnier des couloirs de la mort de Géorgie – coïncidèrent avec l’émergence des campements d’Occupy Wall Street à New York. A la fin d’une année 2011 durant laquelle le printemps arabe avait électrifié le monde, le développement de protestations soutenues semblait signaler le réveil du « printemps américain ».

Avant Occupy, l’espace disponible pour exprimer des préoccupations politiques, de la colère ou simplement la déception face aux inégalités économiques et à l’incompétence d’un gouvernement s’était réduit encore plus avec la victoire de la droite lors des élections de mi-mandat en 2010. Mais les manifestations Troy Davis et Occupy ébranlèrent le statu quo, réaffirmant la légitimité des protestations de rue ainsi que des politiques allant à la racine des choses. En outre, leur proximité mit en lumière le chevauchement et, en fait, l’imbroglio entre les inégalités raciales et économiques.
Occupy se battit afin de coaguler une audience noire. Quels que soient ses défauts, le mouvement désirait atteindre cet objectif. Plus largement, Occupy plaça sur le devant de la scène les contradictions du chemin de la reprise économique emprunté par les États-Unis en soulignant les sauvetages sans condition des entreprises privées par l’état alors que des millions de personnes ordinaires se débattaient sous le poids du chômage, des saisies et des expulsions de logement. Le mouvement Occupy affirma dans la conscience populaire la réalité des inégalités aux États-Unis.

Même avec une participation limitée de Noirs, l’accent porté aux inégalités économiques aida à maintenir ouverte la brèche permettant un débat sur les conditions de vie dans les communautés noires. L’emphase sur la culture noire comme une explication de la crise que rencontrait Black America ne faisait pas grand sens dans un contexte plus large marqué par des vastes inégalités économiques. Cela ne signifia pas que les explications blâmant les victimes pour leur condition s’évanouirent mais, désormais, d’autres explications se frayaient un espace.

De plus, la brutale répression des campements Occupy durant l’hiver et au printemps 2012 élargit les paramètres de la prise de conscience au sujet de la répression et de la brutalité policières. Pour les personnes qui participèrent à la lutte, la police était désormais vue non seulement comme une force de répression des Afro-Américains mais aussi comme un défenseur du statu quo. Ils agissaient au nom du 1%, aux ordres d’agents locaux, de l’Etat et fédéraux qui coordonnèrent les attaques visant à détruire le mouvement Occupy.

Au printemps 2012, des milliers de personnes descendront à nouveau dans les rues afin de protester contre le meurtre d’un adolescent noir sans armes, Trayvon Martin [voir les articles sur ce site]. Les campements Occupy ont pu être détruits, mais les marches et les mobilisations pour Trayvon montrèrent que la confiance oppositionnelle face aux autorités était toujours vivante. Des semaines après que les articles de presse décrivirent le meurtre de Trayvon Martin dans un « quartier résidentiel protégé » (gated community) en Floride, l’histoire se répandit comme un feu de brousse et les protestations firent éruption à travers le pays, exigeant que l’assassin de Martin, Georges Zimmerman, soit arrêté.

Des milliers de personnes se mobilisèrent à travers le pays – les plus larges manifestations se déroulant en Floride et à New York – où des groupes s’organisaient déjà contre la politique raciste stop-and-frisk [il s’agit de fouilles « au hasard » – en fait largement de Noirs et de Latinos – prétendument pour combattre la diffusion de drogues] de la police de New York. Ces manifestations plus petites firent leur entrée dans la culture populaire lorsque des athlètes noirs firent également entendre leurs protestations devant l’échec de l’arrestation de Zimmerman.

L’activisme entourant le cas maintint l’affaire en vie dans les médias dominants. Mais pas seulement. La même chose s’était produite dans le cas de Troy Davis. Les deux cas provoquèrent de longs mois de débat public sur la crise permanente du pays sur les questions des inégalités et des injustices raciales. En parallèle à la publication de l’ouvrage très populaire de Michelle Alexander, The New Jim Crow, l’activisme et les débats publics entourant ces deux affaires firent qu’il devint impossible de continuer à écarter ce type de cas en les considérant comme des « incidents isolés ».

A la fin, l’arrestation de Zimmerman légitima l’importance des protestations, des marches et des manifestations à la suite de l’écrasement des campements Occupy. Zimmerman sera ensuite acquitté du meurtre de Trayvon Martin, renforçant l’impression partagée par des millions de personnes ce que Black America savait déjà : l’impossibilité pour un jeune Noir d’obtenir justice dans un tribunal américain. L’acquittement de Zimmerman donna également naissance au slogan de défi : Black Lives Matter. (Publié le 13 janvier 2015 sur le site SocialistWorker.org. Traduction A l’Encontre) – A suivre

Keeanga-Yamahtta Taylor

Auteur pour le site SocialistWorker.org. Professeure assistante du Center for African American Studies de l’Université de Princeton et auteure de From #BlackLivesMatter to Black Liberation.

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