Édition du 23 avril 2024

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La réalisation du projet d'Enbridge n'est pas dans l'intérêt du Québec (Nature Québec)

Québec, le 3 décembre 2013 — « La réalisation
du projet d’Enbridge n’est pas dans l’intérêt
du Québec et des Québécois, et doit être
rejetée », a déclaré Christian Simard, directeur
général de Nature Québec devant la commission
parlementaire chargée d’analyser ce projet. Selon
l’organisme, le projet ouvre la porte des marchés de l’Est
au pétrole des sables bitumineux, le pétrole le plus dommageable
en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de
pollution. Il nuira aux efforts du Québec d’établir une
économie indépendante du carbone orientée vers les
énergies renouvelables et l’électrification des
transports. Nature Québec invite les parlementaires à
s’élever au-dessus du chantage économique classique et des
intérêts à courte vue des actionnaires de Valero et de
Suncor qui verront baisser, temporairement, les coûts
d’approvisionnement à leur raffinerie.

L’organisme recommande notamment à Québec de
procéder à une évaluation complète et
indépendante des projets de pipelines sur son territoire et
d’aviser Ottawa que ces projets ne sauraient se réaliser sans son
autorisation.

Beaucoup de risques, peu de retombées…

L’inversion et l’augmentation du débit à
l’intérieur d’un pipeline vieux de 40 ans ne se feront pas
sans risques pour les milieux naturels du Québec. La ligne 9B
d’Enbridge, d’un diamètre de 76,2 cm, est identique
à la ligne 6B impliquée dans le déversement de Kalamazoo
en 2010. La ligne 9 traverse plusieurs milieux sensibles qui abritent des
espèces rares et protégées. Le pipeline rencontre
plusieurs milieux humides et aquatiques d’importance, dont la
rivière des Outaouais. La rivière Mascouche est située
à 450 mètres au nord du poste de Terrebonne, où
d’importants travaux sont prévus. Le traitement des sols
contaminés qui seront découverts et déplacés
pendant les travaux est loin de respecter les règles de l’art en
la matière.

Selon Charles-Antoine Drolet, biologiste et vice-président de Nature
Québec, « l’étude d’impacts
déposée par Enbridge à l’Office national de
l’énergie est largement incomplète et sous-estime
systématiquement les impacts de ces travaux et de la contamination de
même que les risques associés à des déversements
accidentels. »

Le Québec et l’Alberta n’ont pas les mêmes
intérêts

Nature Québec demande aux principaux partis politiques de
s’élever au-dessus des intérêts des raffineries et
de relativiser leur classique chantage à l’emploi. Une
étude du Conference Board du Canada en 2011 ne relève même
pas les difficultés d’approvisionnement comme facteur dans les
difficultés qu’a connues le secteur au Canada ces
dernières années. Le Québec doit plutôt se projeter
vers l’avenir et prendre le virage des économies
d’énergie et de la réduction de sa consommation de
pétrole, notamment par l’électrification des transports.
Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra espérer atteindre
l’objectif de réduction de 25 % de GES qu’il s’est
fixé d’ici 2020.

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Nature Québec est un organisme national à but non lucratif
(OBNL) qui regroupe plus de 5000 membres et sympathisants et 130 organismes
affiliés œuvrant à la conservation de la nature, au
maintien des écosystèmes essentiels à la vie et à
l’utilisation durable des ressources. Travaillant depuis 1981 au
maintien de la diversité des espèces et des
écosystèmes, Nature Québec souscrit aux objectifs de la
Stratégie mondiale de conservation de l’Union internationale
pour la conservation de la nature (UICN), dont il est membre.

Information

Christian Simard

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