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Logement

Le FRAPRU placarde ses attentes en vue du prochain budget du Québec : la relance doit inclure un grand chantier de logements sociaux

MONTRÉAL, le 24 janv. 2021 - Alors que le gouvernement du Québec poursuit ses consultations pré-budgétaires, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a lancé ce matin une nouvelle opération de visibilité pour attirer l’attention du ministre des Finances sur les besoins urgents des ménages locataires à faible et modeste revenus. Des panneaux réclamant des investissements de Québec dans le logement social ont ainsi été installés aux alentours du parc Émilie-Gamelin, lieu de refuge de plusieurs personnes en situation d’itinérance dans l’arrondissement Ville-Marie. D’autres apparaîtront à Montréal et dans différentes villes du Québec, d’ici la fin des consultations pré-budgétaires.

Récemment, la ministre de l’Habitation, Andrée Laforest, a affirmé à plusieurs reprises que l’habitation est une priorité de son gouvernement. Le regroupement pour le droit au logement espère donc un signal clair d’Éric Girard en ce sens. « Alors que ses effets s’ajoutent à la pénurie de logements, à la hausse importante du coût des loyers et la spéculation, la pandémie affecte durement les ménages locataires à faible et à modeste revenus. Dans ce contexte, le gouvernement Legault n’a d’autre choix que de présenter un plan ambitieux pour sortir de la crise du logement, lequel doit inclure un grand chantier de logements sociaux », avertit Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU.

L’organisme souligne qu’avant même la pandémie, 195 000 ménages locataires consacraient plus de 50% de leurs revenus pour se loger, au détriment de leurs autres besoins essentiels et 38 000 étaient en attente pour un logement public subventionné. « Ce sont autant de gens qui désespèrent d’attendre des mois, voire des années pour enfin accéder à un logement digne ; cela illustre l’insuffisance du filet social en matière de logement », insiste la porte-parole, mentionnant au passage que dans les circonstances actuelles des personnes en situation de précarité basculent dans l’itinérance. « De nombreuses voix se sont d’ailleurs élevées ces derniers mois pour demander des solutions permanentes pour les personnes en situation d’itinérance ou à risque de le devenir. Il est évident que des investissements récurrents dans le logement social avec soutien communautaire sont la meilleure réponse afin de la prévenir », ajoute Véronique Laflamme.

Malgré les besoins criants, le pourcentage de logements sociaux sur l’ensemble du parc de logement locatif stagne depuis plusieurs années. « C’est déconcertant sachant que non seulement le logement social - en étant hors marché, donc à l’abri de la spéculation immobilière - assure des loyers rencontrant la capacité de payer des locataires, mais ce sont des investissements publics durables dans le temps, pour les générations actuelles et futures. Ils répondent aux besoins d’une variété de populations en assurant aux familles, aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap, aux femmes victimes de violence conjugale, aux Autochtones vivant en milieu urbain ou encore aux ménages vivant dans une habitation insalubre d’accéder à un logement décent et sécuritaire, tout en répondant à leur capacité de payer », énumère sa porte-parole, rappelant qu’en ratifiant le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels de l’ONU, le Québec s’est engagé à respecter, à protéger et à mettre en œuvre le droit à un logement convenable. « Le gouvernement a le devoir d’éviter qu’encore plus de personnes soient mal-logées, exclues de leurs milieux de vie, ou se retrouvent à la rue. Malheureusement, depuis des années, on fait trop peu en ce sens et les conséquences s’avèrent dévastatrices, depuis le déclenchement de la pandémie. Il faut y remédier », dénonce la porte-parole du regroupement.

Le FRAPRU revendique que le prochain budget Girard prévoit une programmation pluri annuelle sur les cinq prochaines années, afin de financer 50 000 logements sociaux. Sans financement de nouvelles unités, plusieurs municipalités, dont Montréal et Québec, devront faire attendre des projets pourtant indispensables pour répondre aux besoins les plus urgents. D’ailleurs, selon les données compilées par l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ), de tels projets, totalisants au moins 10 000 logements, sont actuellement déjà en attente de financement au Québec.

Par ailleurs, bien que l’annonce de 115 millions $ pour AccèsLogis, faite vendredi dernier par les gouvernements fédéral et québécois, dans le cadre de l’Initiative pour la création rapide de logement, permettra de financer une partie des 12 500 logements sociaux budgétés par Québec depuis 10 ans qui ne sont pas encore construits ; la somme reste insuffisante, ce d’autant plus qu’une partie de celle-ci a servi à remplacer des investissements que Québec avait déjà consenti. C’est pourquoi le regroupement s’attend à trouver dans le budget de mars 2021 tout le financement nécessaire pour compléter la réalisation des 12 500 logements promis. « Ce serait inacceptable dans le cas contraire », martèle Véronique Laflamme invoquant l’engagement de la Coalition avenir Québec de livrer ces logements à l’intérieur de son premier mandat.

Selon l’organisme pour le droit au logement, l’équilibre budgétaire n’est pas une excuse valable pour refuser de tels investissements. « C’est une question de choix politiques », affirme sa porte-parole ; « le Québec a les moyens de faire plus pour lutter contre la pauvreté et améliorer les conditions de logement des québécoises et des québécois. En baissant les taxes scolaires des propriétaires, on a choisi de se priver de 1,2 milliard $ par année. Avec cet argent, on aurait pu financer facilement 10 000 nouveaux logements sociaux. On peut faire contribuer davantage les plus riches, les banques et les grandes entreprises aux finances publics, en adoptant une fiscalité plus progressive. Si le logement est réellement une priorité, l’administration Legault doit y mettre les fonds nécessaires », conclut Véronique Laflamme.

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